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En Écosse, des employés d’Amazon en sont réduits à dormir sous des tentes pour pouvoir travailler

En Écosse, des employés d’Amazon en sont réduits à dormir sous des tentes pour pouvoir travailler

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Un entrepôt Amazon en Espagne (source : Wikipedia commons /© Álvaro Ibáñez)

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Par Théo Mercadier

Publié le

Avoir un job et vivre comme un SDF, c’est ce que propose Amazon, entreprise dont les salaires forcent certains de ses employés écossais à dormir dans des tentes à proximité de leur lieu de travail.

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En cette période de fêtes, vous avez probablement eu le réflexe de commander vos cadeaux sur Amazon, séduit par la livraison express, le paiement sécurisé et… les conditions de travail déplorables ? L’entreprise américaine est accusée (entre autres) d’exploiter ses employés du centre de Dumferline, dans la région de Fife, en Écosse, à tel point que certains d’entre eux sont obligés de dormir dans des tentes à côté du bâtiment pour assurer leurs 60 heures de travail hebdomadaire.

En cause, les salaires cassés (entre 3 et 5,7 euros/heure après les charges) qui ne permettent pas aux employés d’utiliser la navette de l’entreprise pour rentrer chez eux, rebutés par son prix prohibitif de 7,35 livres sterling par jour (8,7 euros). Un des salariés interrogés par le journal écossais The Courier confie habiter à plus d’une centaine de kilomètres du site et ne pas pouvoir couvrir cette distance deux fois par jour, les billets de train étant trop chers.

“Amazon devrait avoir honte que ses salaires forcent ses employés à camper dehors”

L’affaire n’a pas tardé à soulever l’opinion britannique et à susciter les réactions de personnalités politiques. Willie Rennie, leader des libéraux-démocrates (Lib-dem) écossais, a vivement critiqué l’entreprise américaine : “Amazon devrait avoir honte que ses salaires forcent ses employés à camper dehors au beau milieu de l’hiver pour joindre les deux bouts. Il est temps que la direction fasse une longue et profonde introspection pour changer ses pratiques.” Mais rien dans la succession de scandales de ce genre ne laisse penser qu’Amazon soit prêt à une telle remise en question.

Au contraire, les porte-parole de la boîte sont même enthousiastes sur les conditions de travail imposées à leurs employés. “Pendant le Black Friday [jour où le plus grand nombre de commandes est enregistré, ndlr], nous avons organisé des tombolas gratuites. Il faut que les employés s’amusent”, s’est ainsi réjoui Paul Ashraf, manager général des opérations pour Amazon au Royaume-Uni. Un discours paternaliste digne du XIXe siècle et à mille lieues des réalités du quotidien des entrepôts.

Pas de jour de repos pendant 3 mois

Ce n’est pas la première fois que l’entreprise de Jeff Bezos est accusée d’exploiter ses employés, et plus particulièrement ses livreurs. Certains d’entre eux roulent 11 heures par jour, sans jours de repos (même le dimanche) pendant des mois. Les rythmes imposés sont extrêmes au point qu’ils doivent faire leurs besoins dans des bouteilles ou des sacs. Pas le temps de s’arrêter pour livrer les 200 colis quotidiens, le tout pour un salaire de misère.

Toujours interviewé par The Courier, Paul Ashraf dévoile peu à peu le cœur du problème : “Nous nous concentrons exclusivement sur les obsessions de clients.” C’est donc bien la furie de la livraison express qui rend la vie impossible à des milliers d’ouvriers ou livreurs. Mais pas seulement : pour les cadres aussi, travailler chez Amazon est un enfer : “J’ai pratiquement vu tous mes collègues pleurer à leur bureau“, confie l’un d’eux au New York Times. Une culture du chiffre et du gigantisme qui pousse l’entreprise à adopter des stratégies managériales des plus extrêmes. Il est même arrivé que des employés se fassent virer en cas de cancer ou de fausse couche. “Il faut que les employés s’amusent“. On en est très loin.