Elyx, le petit bonhomme papier qui s’incruste dans Paris avec humour

Elyx, le petit bonhomme papier qui s’incruste dans Paris avec humour

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

De la génèse d’Elyx entre simplicité, évidence et poésie

S’il présente pour la première fois Elyx sur les réseaux sociaux en 2011, le personnage existe aussi bien dans sa tête que sur le papier depuis longtemps. Malgré une orientation multimédia, Yacine n’a jamais laissé de côté son attirance pour le dessin.
Le nom donné à son personnage est d’ailleurs ancré dans cette volonté de revenir aux sources. Car pour comprendre le sens d’Elyx, il faut revenir 20 ans en arrière, lorsque Yacine est sélectionné au cours de ses études pour façonner la mascotte du magazine XL, un mensuel français destiné aux ados et publié de 1994 à 2000. Il le surnomme “IXEL”.

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Le nom est un clin d’œil à cette carrière de dessinateur. Le “Y”, c’est par rapport à mon prénom, ce qui donne aussi le YX des chromosomes, Elyx se voulant dès le départ un personnage universel qui se trouve en chacun de nous.

Je suis arrivé à Elyx en épurant au maximum une forme que j’ai créée à partir d’une contrainte forte : le maximum d’expressions et de mouvements à partir du minimum de traits, le tout pour un dessin que je devais pouvoir exécuter en quelques secondes et qui incarne dans son trait même la spontanéité de l’idée.

“J’appelle ça du digital street-art”

Son calepin sous le bras et un feutre dans la poche, Yacine se laisse guider par l’improvisation. “Rien n’est jamais préparé, c’est la ville qui donne son tempo, l’inspiration“. Pour lui, le terme de “sérendipité” prend alors tout son sens puisque “cette pratique implique d’avoir les yeux constamment ouverts sur le présent”, explique-t-il.

Après 15 ans d’art numérique, j’utilise souvent cette métaphore : les impressionnistes se sont libérés de leur atelier grâce à l’invention du tube de peinture qui leur a permis d’aller peindre “sur le motif”. En 2014, je suis un artiste qui s’est libéré de l’ordinateur pour faire de la création numérique “sur le motif”. Parfois, j’appelle ça aussi du Digital Street Art.

“Le sourire est en soi un message”

Un brin enfantin, Elyx pose ainsi un regard nouveau, innocent sur l’espace qui l’entoure. Il débarque alors dans l’hémicycle du Sénat, soulève la tour Eiffel, se la coule douce à Paris plage, grimpe l’obélisque de la place de la Concorde, fait pêter le champagne devant la Pyramide du Louvre, pose à côté de Pharrell Williams et se retrouve même à New York.
“À travers ses yeux, on se surprend à adopter ce regard et… on sourit. Le sourire est en soi un message” analyse Yacine. C’est d’ailleurs ce que les internautes apprécient particulièrement.

Un terme qui revient très souvent dans les commentaires que je reçois, c’est le fait qu’Elyx donne le sourire et c’est exactement le but. Déjà c’est ce que ça me fait et le fait de le partager est une grande source de satisfaction, c’est déjà se mettre dans un certain rapport avec le monde, s’ouvrir et se permettre de voir les choses différemment. Du décalage naît la poésie. Je pense que c’est plus que jamais une valeur d’avenir.

Elyx, “l’exutoire low-tech” de Yacine

Yacine considère ainsi Elyx “comme un ambassadeur de notre capacité à imaginer“. Mais pas seulement : il se positionne également sur des sujets d’actualité à travers son personnage 2.0.

Quand je l’ai créé, Elyx était une sorte de soupape créative, un moyen de m’exprimer sur les thèmes qui me sont chers sans toute la complexité technologique de mes projets d’alors, un exutoire low-tech qui me faisait avant tout du bien à moi.

En vérité pour avoir un véritable message politique aujourd’hui, il s’agit de ne pas opposer des groupes supposés les uns contre les autres. C’est le sens de mon « WE ARE ONE » qui représente une carte d’Israël et la Palestine constituée par une multitude d’Elyx. Je vois l’humanité non pas comme une espèce mais comme un organisme en soi, de la même manière que notre corps est composé des milliards de cellules.

Il utilise alors la métaphore de ces nuées d’oiseaux et de poissons, qui suivent harmoniquement la même trajectoire comme s’ils étaient guidé par un seul. Or, rappelle-t-il, “il y a un ordre dans le chaos” et ce n’est pas un oiseau ou un poisson qui décide pour tout le monde, mais l’ensemble qui respecte un certain nombre de règles. “Je pense que nous fonctionnons fondamentalement de la même façon et qu’il est plus intéressant d’étudier ce qui nous rassemble plutôt que ce qui nous divise. C’est ça le message d’Elyx et la direction que je veux lui donner“, résume-t-il.

Elyx party : la dimension participative du projet

La direction que veux donner son créateur, c’est aussi celle du partage et de l’échange grâce au projet “Elyx Party”. Yak invite ainsi le public à mettre en scène Elyx dans diverses positions et situations puis à immortaliser l’instant en prenant une photo, comme il a l’habitude de faire.
Cette dimension participative, il l’a d’abord expérimentée il y a deux ans avec des étudiants en design colombiens, pour ensuite réitérer l’expérience en partenariat avec la mairie du 3ème à l’occasion de la semaine du développement durable puis pour la maison Hermès lors du Meuble de Milan.
Elyx se retrouvera même en octobre à Tokyo !

C’est la façon qu’a Elyx d’interagir avec le monde, à la fois à travers les photos mais ensuite il se retrouve invité, dans des musées, des premières, des lancements, en quelques mois il est devenu une petite personnalité du web et l’aventure ne fait que commencer.