La France en tête des demandes pour le “droit à l’oubli” de Google

La France en tête des demandes pour le “droit à l’oubli” de Google

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Par Thibault Prévost

Publié le

Un an et demi après avoir été obligé par l’Union européenne à supprimer ses liens lorsque les utilisateurs le souhaitent, Google publie ses chiffres. Et la France est en tête.

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Google se la joue bon élève. Un an et demi après avoir perdu le bras de fer épique qui l’opposait à la Cour de justice de l’Union européenne et avoir lancé en conséquence son “formulaire du droit à l’oubli”, qui permet à tout citoyen européen de faire supprimer l’association entre son nom et certaines pages recensées, l’entreprise américaine publie son premier rapport sur le sujet. Et ne se prive pas de fayoter un peu, alors que le fisc européen est toujours déterminé à la faire passer à la caisse.

Surprise, la France est en tête du classement : depuis le 29 mai 2014, Google a été sollicité 73 700 fois pour 247 040 URL (le nombre évolue en permanence), et en a effectivement supprimé 101 552, soit 48%. Comparé aux autres pays européens, le chiffre est énorme. Excepté l’Allemagne, qui approche les 60 000 demandes, avec un taux de suppression relativement similaire, nos voisins ne semblent pas autant s’intéresser que nous à l’e-réputation : à peine 33 000 demandes en Espagne et 29 000 en Italie, pour un taux de suppression flirtant avec les 30%.

Dans son rapport, Google se la joue également pédagogue en fournissant différents exemples de demandes reçues et le verdict émis au cas par cas. On apprend qu’en France, un prêtre condamné pour possession de pédopornographie demandait la suppression d’articles liés à son bannissement de l’Eglise. Google a refusé. De manière générale, Google acceptera les demandes de suppression des victimes de délits ou de crime, mais refusera celles des coupables, sauf dans le cas d’une prescription.

Facebook, site le plus affecté par les suppressions

A l’heure de la mise en place de ce dispositif, la crainte évoquée par les défenseurs des libertés était, rappelle Télérama, que Google s’octroie le droit de supprimer des liens vers des articles de presse. Reporters sans frontières dénonçait même à l’époque “l’engrenage infernal du droit à l’oubli”, après que plusieurs liens vers des articles du Guardian et de la BBC aient mystérieusement disparu.

Afin de rassurer son monde, la firme de Mountain View joue la transparence et dévoile également le classement des sites les plus affectés par le droit à l’oubli. Surprise : aucun site d’information ne figure dans le top 10. Facebook, Google+ et Twitter, en revanche, y figurent en bonne place, le réseau social au pouce bleu prenant même la tête du classement avec 10 277 liens supprimés.

Néanmoins, comme le précise Google, ces sites ne totalisent que 10% des URL supprimées, ce qui signifie que les demandes concernent un grand nombre de sites différents. Pour une fois, on peut se réjouir de l’initiative du géant de la technologie, qui semble suivre les règles définies par la Cour de justice de l’UE et respecter le droit des citoyens à disparaître d’Internet.