Les dernières paroles de condamnés à mort

Les dernières paroles de condamnés à mort

photo de profil

Par Anaïs Chatellier

Publié le

Aujourd’hui, j’ai réalisé que je ne pouvais pas dire tout ce dont j’ai besoin d’exprimer, parce qu’il y a tellement à dire. Tout d’abord, je vous aime. Mes enfants, mes amis, et tous mes frères qui ont partagé cette expérience avec moi et qui continueront sans moi, gardez la tête haute. Je vous aime tous. Deuxièmement, je vais bien. Je suis en paix et je suis prêt pour demain […]. On sera bientôt réunis.

À voir aussi sur Konbini

Entre religion, pardon et demande de justice, nous avons sélectionné d’autres témoignages en provenance des couloirs de la mort.

Invoquer un Dieu

Charlie Brooks, Jr. a été exécuté le 7 décembre 1982. La raison : avoir tué avec un complice un mécanicien dans un motel au milieu des années 70 :

À ce moment précis, je n’ai absolument pas peur de ce qui va arriver à ce corps. Ma crainte est seulement pour Allah, Dieu, qui aura à ce moment-là le pouvoir de déterminer si je dois vivre ou mourir… En tant que fervent musulman […], je crois que cette vie matérielle n’est qu’une préparation à la vraie vie qui est à venir.

Herman Clark, exécuté le 12 juin 1994 :

Jésus-Christ est le Seigneur des Seigneurs et le Roi des Rois. Je vous aime tous, ceux que je peux voir et ceux que je ne peux pas voir. Avec l’amour de Dieu, mon amour pour vous est en sécurité et je vous aime purement et sans réserve au nom du Dieu-tout-puissant.

Je suis désolé pour tout ce que j’ai fait. J’ai blessé des personnes. Pendant des années, j’ai pensé que je ne méritais aucunement le pardon. Le Seigneur Jésus-Christ m’a pardonné, j’ai accepté Son pardon. J’ai tout accepté. Que tout cela se termine et se fasse. Je prends l’entière responsabilité. Je suis désolé, pardonnez-moi.

Ignacio Cuevas, exécuté le 23 mai 1991 :

Je m’en vais vers un lieu merveilleux. O.K, bourreau, tu peux y aller.

Demander pardon

Emerson Rudd a 31 ans quand il est exécuté le 15 novembre 2001 pour avoir assassiné le gérant d’un restaurant de Dallas lors d’un braquage.

Bon, je suppose que je vais parler à la famille Morgan. Madame Morgan, il y a 13 ou 14 ans, je n’avais aucune compassion. Je suis désolé d’avoir tiré sur votre fils lors de ce braquage. Les politiciens disent que ceci va vous aider à faire votre deuil mais ma mort ne ramènera pas votre fils, ne vous aidera pas à faire votre deuil.

J’aimerais pouvoir faire plus, mais c’est impossible. J’espère que vous trouverez la paix. Ursula, Manon, Irene, je vous aime. Restez sereines, ils doivent faire ça. J’ai encore chaud à cause du gaz au poivre. Je vous aime. Je suis prêt à partir. Appelez ma maman et dites-lui que cette procédure-là est terminée. Dites aux frères de garder la tête haute, et les yeux vers le ciel.

Mikel James Derrick, exécuté  le 18 juillet 1990 :

Je demande juste à tous ceux que j’ai blessés ou auxquels j’ai fait quelque chose de mal de me pardonner.

William Prince Davis, exécuté le 4 septembre 1999 :

Je suis tellement reconnaissant d’avoir vécu longtemps. J’espère que j’aurais aidé quelqu’un. J’espère qu’en donnant mon corps à la science, en quelque sorte, je pourrai aider quelqu’un.

James Porter a d’abord connu une peine de cinq ans de prison pour un braquage. Libéré sur parole, il a ensuite été condamnné pour avoir pris la vie d’un homme :

Oui, je l’ai fait. J’aimerais m’excuser auprès de la famille de la victime. Je suis désolé pour la peine que je vous ai causée. Je sais qu’il s’agissait d’une grande perte. À ma famille, je vous aime et on se verra au Paradis. O.K.

Cinquante ans de prison, c’est la peine que purgeait Jerry Martin pour tentative de meurtre. En 2007, il a tenté de s’évader. Mais il n’a fait qu’empirer les choses, en tuant une gardienne. Il se repent :

Je veux dire à la famille Canfield que je suis désolé. Désolé pour votre perte. Je voudrais pouvoir retirer ce que j’ai fait, mais je ne le peux pas. J’espère que ceci vous aidera dans votre deuil. Je n’ai pas assassiné votre proche, c’était un accident. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. J’en accepte l’entière responsabilité. À ma famille, nous avons déjà parlé et vous savez que je suis en paix. Dieu est le juge ultime, il sait ce qui s’est passé. Nous avons déjà parlé. Je vous aime tous. Gardien, je suis prêt.

Proclamer son innocence

Leonel Torres Herrera, exécuté le 12 mai 1993 :

Je suis innocent, innocent, innocent. Ne vous méprenez pas à ce sujet, je ne dois rien à la société. Continuez la lutte pour les droits de l’Homme en aidant les innocents, surtout Mr Graham. Je suis un homme innocent, et quelque chose d’injuste va avoir lieu ce soir. Que Dieu vous bénisse tous. Je suis prêt.

Oui. La seule déclaration que je veux faire c’est que je suis un homme innocent, accusé d’un crime que je n’ai pas commis. Pendant douze ans, j’ai été persécuté pour quelque que je n’avais pas fait. Je suis poussière de Dieu et je retournerai poussière.

Frank Basil McFarland, exécuté le 19 avril 1998 :

Je ne dois aucune excuse pour un crime que je n’ai pas commis. Ceux qui ont menti et fabriqué les preuves contre moi auront à répondre de leurs actes. Au fond de moi je sais ce que j’ai fait et je réclame l’esprit de mes ancêtres et des mes proches et je leur jure que je rentre à la maison.

 Dénoncer la peine capitale et le racisme

Ce genre de témoignage, particulièrement marquant, souligne le racisme comme les problèmes du système judiciaire du Texas.
Brian Roberson, exécuté le 9 août 2000, accusé d’avoir tué deux personnes par arme blanche en 1986 :

À tous les blancs racistes aux États-Unis qui détestent les Noirs et à tous les Noirs qui se détestent entre eux : les tristement célèbres mots de mon légendaire frère, Matt Turner : “Y’all kiss my black ass”. C’est parti.

Henry Earl Dunn, Jr. exécuté le 6 février 2003 :

Au Texas, la peine capitale est en panne. Quand un avocat est obligé de vous représenter et qu’il n’est pas qualifié pour vous représenter devant la loi du Texas, le système ne fonctionne pas. Quand un avocat peut renvoyer votre appel en manquant une date limite ou en échouant à classer des documents, le système ne fonctionne pas […]. Je vous en prie, continuez à vous battre contre la peine de mort, son unique but est de se venger et elle n’a aucun effet dissuasif. Il est temps d’obtenir un moratoire pour le Texas.

Exécuté le 31 juillet 2013 à l’âge de 55 ans, Douglas Feldman accuse deux personnes et en vient même à les condamner à mort. Doulgas Feldman est accusé d’avoir tué deux personnes en 1998.

Je déclare à présent Robert Steven Everett et Nicholas Velasquez coupables de crimes commis contre moi, Douglas Alan Feldman. Je les juge tous deux directement ou indirectement coupables. Je les condamne à présent tous deux à mort, sentence que j’ai exécutée en août 1998. Depuis cette date, l’Etat du Texas m’a gardé incarcéré illégalement et par la force quinze ans durant. Je proteste vigoureusement contre mon exécution imminente et demande ma libération immédiate.

Henry Porter, exécuté le 9 juillet 1985 pour avoir tué le 29 novembre 1975 Henry P. Mailloux, un policier.

Ce que je veux que les gens comprennent, c’est qu’ils me traitent de tueur de sang-froid alors que j’ai tué un homme qui m’a tiré dessus en premier. L’unique chose qui me permet de comprendre cette affirmation, c’est que je suis Mexicain et pas un officier de police.

Je le mérite. Dites à tout le monde au revoir de ma part.

Kenneth A. Brock, exécuté le 19 juin 1986 :

Je n’ai pas de dernier mot. Je suis prêt.

Dale Devon Scheanette, exécuté le 10 février 2009 :

La seule chose que j’ai à dire est qu’aucune affaire passée devant les tribunaux n’est exempte de toute erreur. Voilà mes mots. Aucune affaire n’est exempte de toute erreur. Vous pouvez y aller gardien.

Carl Kelly, exécuté le 20 août 1993 :

Je suis un guerrier africain, né pour respirer et né pour mourir.

Jackson James, exécuté le 7 février 2007 :

Vous savez, il était une fois où les diamants n’avaient pas de valeur. Je ne l’ai jamais su avant d’être ici.

Douglas Roberts, exécuté le 20 avril 2005 :

Avant de partir, je voudrais vous le dire à tous. Quand je mourrai, enterrez-moi bien profond, laissez deux enceintes à mes pieds, mettez des écouteurs sur mes oreilles et mettez-moi du rock ‘n’ roll. On se retrouvera au paradis un de ces jours.