Il existerait un lien entre pilule et dépression

Il existerait un lien entre pilule et dépression

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Par Lydia Morrish

Publié le

La publication d’une étude danoise montrant un lien entre les différents moyens de contraception hormonale et les cas de dépression relance le débat autour des études médicales portant sur les femmes.

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L’arrivée de la pilule contraceptive dans les années 1960 représente l’une des avancées les plus importantes de la médecine du XXe siècle. Aujourd’hui, des millions de femmes prennent la pilule dans le monde. Mais malgré cela, peu de travaux scientifiques ont été menés sur son effet sur la santé mentale des femmes.

Une nouvelle étude de l’université de Copenhague, publiée le 28 septembre, révèle ce que beaucoup de femmes pressentaient déjà : il existe un lien entre prise de la pilule contraceptive et certains symptômes de la dépression.

L’étude danoise montre que les femmes qui prennent la pilule ont 23 % plus de chance d’être soignées pour des épisodes dépressifs et de se retrouver sous antidépresseurs. De même, les femmes qui prennent la pilule progestative (qui ne contient pas d’œstrogène) ont 34 % plus de chances que leur docteur leur prescrive des antidépresseurs que les femmes qui ne prennent pas la pilule.

Selon cette étude se fondant sur les dossiers médicaux de plus d’un million de femmes, les risques de de dépression sont également accrus chez les utilisatrices d’implants ou de moyens de contraception intra-utérins comme le stérilet.

Monopole de la parole masculine

S’il était temps qu’une telle étude soit réalisée, les auteurs admettent eux-mêmes que l’impact de la contraception sur la santé mentale n’a pas encore été assez analysé pour pouvoir en tirer de grandes conclusions.

Cela n’est sûrement pas étranger à la priorité donnée au corps masculin dans les questions de santé. La santé des femmes passe souvent au second plan, comme le prouve le manque d’études dans ce champ. Ainsi, les effets combinés de l’alcool et du viagra féminin (récemment approuvé pour la commercialisation aux États-Unis), n’ont été testés que sur… des hommes.

Dans le Guardian, la gynécologue  a réagi aux conclusions de l’étude. La majorité des professionnels insistent sur le fait que ces résultats ne devraient pas dissuader les femmes de prendre la pilule. Mais cette gynéco a un autre avis :

“On nous dit de ne pas avoir peur, de ne pas s’en faire et de continuer à prendre nos pilules hormonales. Mais ceux qui nous disent ça sont des hommes qui ne prendront jamais la pilule (en partie parce que l’étude à grande échelle faite par l’OMS sur la faisabilité de la pilule masculine révèle que cela aurait un impact négatif sur leur bien-être émotionnel).

Ce monopole de la parole masculine dans le débat sur les effets secondaires de la pilule est typique. Généralement, lorsque l’étude ne porte que sur la pilule, on nous informe que de nombreuses méthodes existent et qu’il suffit de changer. Mais cette étude montre que les alternatives sont encore pire. Un expert a même essayé de disqualifier les liens entre pilule et dépression chez les adolescentes, en prétendant que la dépression était certainement le fait d’un ‘chagrin d’amour typique des ados‘.”

Tant que les médecins ne cesseront de négliger les problèmes de santé typiquement féminins, aucune étude ne pourra nous donner des résultats crédibles sur le lien entre dépression et pilule.

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