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Bientôt un viagra en vente pour les femmes ?

Bientôt un viagra en vente pour les femmes ?

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Une pétition pour une égalité hommes-femmes

Pensez-vous que les femmes méritent un traitement égal en matière de sexe?” commence par questionner la pétition lancée il y a huit mois par le groupe activiste Even the score, s’adressant directement à la Food and Drug Administration (FDA), l’organisme fédéral chargé d’autoriser la commercialisation des médicaments sur le territoire américain.

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Soutenue par le laboratoire Sprout Pharmaceuticals et 17 associations de santé et féministes dont la National Council of Women’s Organizations, la pétition, qui a déjà récolté plus de 60 000 voix, demande à ce que le Flibanserin soit enfin commercialisé, après avoir été retoquée deux fois par la FDA en 2010 et 2013. “Les femmes ont attendu trop longtemps“, s’insurgent les auteurs de la pétition en ligne qui accuse la FDA d’avoir une attitude sexiste en refusant d’autoriser la petite pilule rose alors que le Viagra existe depuis longtemps.

A titre de comparaison, ils assurent que les hommes aux Etats-Unis ont à disposition 26 solutions différentes approuvées par la FDA pour palier à leurs dysfonctionnements sexuels, alors qu’il n’en existe aucune pour les femmes.

Une inégalité que les signataires comptent bien modifier en commercialisation le premier traitement pour les dysfonctionnements sexuels les plus fréquents chez la femme à partir de 40 ans : le trouble du désir sexuel hypo-actif (DSH), soit la déficience ou l’absence de fantasmes sexuels et de désir d’activité sexuelle. Une requête plutôt logique, mais pas si facile que cela à mettre en place. Et pour cause : les raisons du dysfonctionnement sont différentes entre les hommes et les femmes.

La complexité d’un Viagra féminin

Il n’y a qu’à voir tous les mystères qui entourent l’orgasme féminin pour se rendre compte à quel point la sexualité des femmes apparait beaucoup plus complexe que celle des hommes. Alors que le Viagra entraîne simplement un flux sanguin qui permet l’érection, sa version féminine agit directement sur le cerveau afin d’influencer le désir.
Le désir est un produit de l’interaction complexe entre les hormones , la chimie du cerveau et de la culture – beaucoup plus difficile à gérer en avalant une pillule“, nous confirme le New York Times. Pour autant, les chercheurs ont réussi à trouver une formule qui, sans être optimale, semble porter ses fruits. “C’est comme si quelqu’un avait enfin allumé la lumière, tout d’un coup le désir pour le sexe était revenu”, raconte une femme de 52 ans sur laquelle le médicament a été testé.
Alors pourquoi autant de réticence de la part de la FDA ? Une des excuses fournies par les détracteurs consiste à rappeler les effets secondaires, tels que des nausées, vertiges et somnolences, que peuvent entraîner la prise fréquente de Flibanserin. Un argument que les défenseurs du Viagra féminin considèrent comme hypocrite puisque sa version masculine peut également provoquer des troubles de la vision, des vertiges, mais aussi une hypertension ou un accident vasculaire cérébral, entre autres.
Dans les colonnes du New York Times, repris par Slate en 2013, une autre hypothèse est avancée concernant la non commercialisation du Lybrido, une autre pilule qui faciliterait la libido chez les femmes :

Plusieurs consultants dans le domaine m’ont confié que les laboratoires pharmaceutiques s’inquiétaient de leurs résultats, qui seraient trop bons. Et surtout, que la Food and Drug Administration risquait de le rejeter, craignant que les femmes débordent de libido et deviennent des infidèles frénétiques, bouleversant l’ordre de la société.

“Bouleverser l’ordre de la société” ? Rappelons quand même que ce médicament est a priori destiné à des femmes qui ont des troubles du désir sexuel hypo-actif, peu de chance que celles-ci deviennent des nymphomanes qui sautent sur le premier venu. De plus, toutes les femmes n’éprouveront pas le besoin de booster leur libido, certaines parce que la leur est déjà assez élevée et d’autres parce qu’elles accepteront une baisse du désir inévitable avec l’âge.