Le ministère de la Culture veut en finir avec le clavier Azerty

Le ministère de la Culture veut en finir avec le clavier Azerty

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Par Thibault Prévost

Publié le

Après un rapport soulignant le manque de compatibilité du clavier Azerty avec la langue française, le gouvernement souhaite créer un modèle sur mesure.

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La Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) n’en peut plus, et elle vient de le faire savoir. Dans un rapport publié le 15 janvier dernier, l’organisme rattaché au ministère de la Culture et de la Communication est formel :“il est presque impossible d’écrire en français correctement avec un clavier [Azerty] commercialisé en France”.

Les puristes de la langue de Molière (dont nous nous piquons de faire partie) savent depuis longtemps que le modèle de clavier le plus vendu dans l’Hexagone est, paradoxalement, assez mal foutu lorsqu’il s’agit de faire cohabiter sur quelques touches les infinies coquetteries de notre bel idiome.

E dans l’O, A dans l’E, C cédille et accents majuscules, guillemets à chevrons : les caprices typographiques propres au français ne sauraient s’accorder avec la standardisation des normes chères aux constructeurs. Mais enfin, répondrez-vous, au royaume de Babel, chaque langue doit connaître le même genre de problème, inutile donc de monter sur ses grands chevaux.

C’est juste. Mais là où le tilde espagnol et l’eszett allemand ont leur place sur des claviers dédiés qui font honneur à Cervantes et Goethe (tenez, comment écrire correctement Goethe avec un clavier Azerty ? Impossible, on vous dit !) , là où le Canada, la Belgique et la Suisse ont chacun leur norme nationale, le clavier de Molière n’existe toujours pas.

Nouvelle norme vs clavier préexistant

Que les SS de l’orthographe se réjouissent : le rapport de la délégation annonce également, “sous l’impulsion du ministère de la Culture et de la Communication”, le développement d‘une nouvelle norme (non contraignante pour les constructeurs) par l’Association française de normalisation (Afnor), qui rendra son projet l’été prochain.

Avec l’objectif de faciliter non seulement le français commun (et ses fulgurances orthographiques), “mais aussi les différentes langues présentes sur notre territoire, que ce soit les langues régionales ou des langues étrangères”. La cohabitation s’annonce serrée. Et si, au lieu de dessiner un nouveau clavier sur mesure, on se contentait d’utiliser un modèle préexistant, par exemple?

Comme le rappelle Slate, il existe en effet déjà un modèle de clavier adapté à notre richesse typographique. Son nom: le bépo. Son principe? Une disposition des touches spécifiques à chaque langue, selon la méthode inventée par August Dvorak pour les Américains, qui prévoit de placer les lettres les plus utilisées sur les touches les plus accessibles afin de “diviser par deux” les déplacements des doigts sur le clavier.

En théorie, c’est génial. En pratique, cependant, l’adaptation est un calvaire : imaginez-vous utiliser un vélo avec un guidon inversé après une vie entière passée sur une bicyclette traditionnelle. Néanmoins, lorsque l’on sait que les normes Azerty et Qwerty ont été conçues au XIXe siècle, à l’époque des machines à écrire, afin d’éviter le blocage de certaines touches par croisement des tiges, on se dit qu’un petit bond vers le XXIe siècle ne serait pas du luxe. Quitte à s’imposer une petite séance d’apprentissage.