Comment les Britanniques luttent contre la montée du racisme après le Brexit

Comment les Britanniques luttent contre la montée du racisme après le Brexit

Image :

Demonstrators take part in a protest aimed at showing London’s solidarity with the European Union following the recent EU referendum, inTrafalgar Square, central London, Britain June 28, 2016. REUTERS/Dylan Martinez TPX IMAGES OF THE DAY

photo de profil

Par Toby Roddham

Publié le

Au Royaume-Uni, les incidents racistes ont augmenté après le Brexit. Mais beaucoup de Britanniques n’acceptent pas l’intolérance ambiante et affichent leur soutien aux immigrés.

À voir aussi sur Konbini

Depuis le référendum sur l’Union européenne, le 23 juin, les incidents racistes ont augmenté de 57 % au Royaume-Uni.

Un cocktail Molotov a été jeté dans une boucherie halal, des personnes ont été sommées de “rentrer chez elles” dans la rue et dans les transports en commun devant des centaines de personnes. Le débat toxique sur l’immigration pendant la campagne semble avoir donné l’impression aux racistes et aux personnes malveillantes que leurs opinions étaient devenues légitimes. Ils ont tort.

Chargement du twitt...

Traduction : “L’immigré de Schrodinger : curieusement, ils volent tous les boulots et vivent grâce aux aides sociales, en même temps.”

Mais aussi peu réjouissant que cela puisse paraître, la plupart des Britanniques n’ont pas envie de supporter cette intolérance. Partout dans le pays, des gens commencent à dire non aux insultes racistes de plus en plus fréquentes dans l’espace public, à répondre aux propos des xénophobes, à les traiter d’idiots ou d’ignorants.

L’association Hope Not Hate (“L’espoir et non la haine”) lutte activement contre le racisme, et ce même avant le référendum. Elle vient de lancer une nouvelle campagne pour aider les personnes victimes de crimes haineux à la suite du référendum.

Chargement du twitt...

Traduction : “Je me demande ce qui a mené à l’augmentation des crimes haineux au Royaume-Uni…”

Sur son site, le groupe explique :

“Après une campagne teintée de racisme et de réthorique anti-immigrants, il a été officiellement annoncé que le Royaume-Uni quittait l’Union européenne. C’est un moment sismique pour le pays et pour l’Europe.”

Ce groupe accuse la campagne toxique d’avoir fait resurgir le racisme et ajoute que la division héritée de ce référendum ne peut pas perdurer.

“Rentrez chez vous”

L’Association culturelle et sociale polonaise de Londres a été vandalisée avec un graffiti “rentrez chez vous”, seulement trois jours après le résultat du référendum. Des gens sont donc venus apporter des cadeaux pour afficher leur soutien à la communauté polonaise, pas seulement à Londres, mais partout dans le pays.

Chargement du twitt...

Traduction : “Des fleurs et des mots de bienvenue pour les Polonais du Royaume-Uni venant de la communauté locale.”

À la suite de cet élan de solidarité, le centre a expliqué à The Independent dans un communiqué : “Des gens venant de tout le Royaume-Uni nous ont envoyé des emails pour s’excuser au nom de la personne qui a fait ça, et c’est ce à quoi on s’attendait de la part du public britannique et non à autre chose.”

Des Britanniques accrochent également des épingles à nourrice sur leur vêtement en signe de solidarité envers les personnes victimes de racisme. La campagne a été lancée par une utilisatrice de Twitter, Alison. Son idée consiste à porter une épingle pour indiquer aux personnes autour que vous n’êtes pas dangereux et que les personnes victimes de racisme peuvent se tourner vers vous. 

Chargement du twitt...

Traduction : “Je suis dépassée par la réponse à la campagne de l’épingle à nourrice. Au début, je mettais un cœur à chaque tweet qui le mentionnait mais maintenant je ne peux plus suivre !”

Chargement du twitt...

Traduction : “Je porte une épingle à nourrice pour montrer ma solidarité aux citoyens européens et aux immigrés ici au Royaume-Uni.”

Certaines personnes critiquent cette campagne et disent qu’ils n’ont pas besoin de porter une épingle à nourrice pour prouver qu’ils ne sont pas racistes, mais franchement, où est le mal ?

Couvrir de honte les racistes

D’autres personnes ont également ressorti le hashtag #illridewithyou  (“je voyagerai avec toi”) utilisé en nombre à la suite de la prise d’otage de Sydney, en 2014.

Lors de ce drame, un homme armé seul avait pris plusieurs personnes en otage dans un café Lindt. L’homme avait déclaré allégeance à l’organisation État Islamique. Ce hashtag avait pour but de soutenir les musulmans d’Australie, confrontés à une réaction violente de la part de certains Australiens et médias.

Chargement du twitt...

Traduction : “S’il vous plaît, est-ce qu’on peut recommencer #illridewithyou ? Le résultat du Brexit favorise le racisme ordinaire partout dans le pays.”

Un autre moyen d’afficher sa solidarité et combattre le racisme, c’est de le dénoncer. De plus en plus d’internautes couvrent de honte les racistes sur les réseaux sociaux, en filmant les incidents et en les partageant en ligne.

De toute évidence, ces incidents doivent aussi être reportés à la police, mais il n’y a pas de mal à embarrasser les personnes intolérantes, non ?

Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois