Bien manger, méditer et faire du skate : la vie rêvée de Kenny Anderson
Bien manger, méditer et faire du skate : la vie rêvée de Kenny Anderson

Bien manger, méditer et faire du skate : la vie rêvée de Kenny Anderson

Par Konbini avec Converse

Publié le

À l’occasion de la sortie de la collection Converse x Chocolate, nous nous sommes entretenus avec Kenny Anderson. Légende du skate et promoteur d’un mode de vie sain, Kenny est à l’origine de cette collaboration.

Il s’en passe des choses place de la République ! Devenue l’épicentre de la scène skate parisienne, la République − surnommée “Répu” par les Parisiens − était en fête début septembre. Nos amis de Converse l’ont en effet investie pour présenter leur dernière collaboration avec la marque Chocolate et le skateur Kenny Anderson chez Dayoff, le skateshop référent du quartier.

Trois paires inédites et limitées qui ont permis aux riders de Converse de s’emparer de la place. Parmi eux, Kenny Anderson, un skateur aux antipodes du thrasher. Oubliez la maxime sex, drugs and rock’n’roll”. Kenny Anderson, à 41 ans, a trouvé la voie du samouraï. Bien manger, méditer et respirer… Serait-ce le secret pour bien skater ?

Konbini | Quelle a été ton implication dans cette collaboration Converse x Chocolate ?

Kenny Anderson | J’ai eu l’idée de la collaboration. Il était question à la base était de faire une One Star et une Chuck. Un peu inspiré par le drapeau japonais, je voulais faire une Chuck toute blanche, avec le rond de Converse en rouge. Ça faisait aussi écho à la couleur signature de Chocolate, le rouge. Enfin, j’ai suivi les lignes de couture que l’on trouve sur la Chuck des 70’s pour en faire une petite pièce de caoutchouc, pratique pour les skateurs, qui abîment très vite leurs paires.

Tu as 41 ans, et tu skates toujours à 100 %… Quel est ton secret ?

Je prends soin de moi mentalement et physiquement. J’ai commencé le skate à 10 ans. Quand tu vieillis, tu es censé perdre de ton énergie, c’est naturel. Mais j’ai l’impression que nous, skateurs, vieillissons encore plus vite que les années du calendrier. Choisir le skate, c’est se résigner à vieillir plus vite.

Dorénavant, prendre soin de moi est ma priorité. Je me renseigne, j’apprends et je mets à exécution les choses simples dont mon corps à besoin. Quand je me blesse, je guéris plus vite maintenant qu’à 30 ans. J’avais une cheville blessée depuis très longtemps et, il y a cinq ans, j’ai décidé de régler ce problème. Tous les médecins du sport m’ont dit que j’avais besoin de chirurgie reconstructrice. Ma cheville était sur le point de lâcher pour de bon. C’était soit ça, soit j’arrêtais le skate. Évidemment, ce n’était pas une option.

J’ai commencé à me renseigner sur le corps humain et sa réparation. Dans mes recherches, j’ai trouvé un médecin naturel. On a fait des examens, et il m’a dit qu’il avait vu bien pire et que je pouvais guérir par voie naturelle. C’est à ce moment-là que j’ai adopté un nouveau mode de vie.

Quand j’ai enfin pu me remettre au skate, j’étais tellement en adéquation avec mes nouveaux rituels que j’ai continué. Et plus je donnais de l’importance à tout ça, mieux je me sentais sur ma board. Je ne me suis jamais senti aussi bien que maintenant.

Quand as-tu commencé la méditation justement ?

Je me suis mis à méditer quand je soignais ma cheville. Car tous les skateurs du monde peuvent en témoigner : quand tu es blessé et que tu ne peux pas skater, tu deviens dépressif. Je méditais pour éviter de me perdre dans une spirale descendante. Quand tu ne te sens pas bien, respirer et méditer peut te redonner le contrôle de ton esprit.

Tu as l’air d’être une personne posée et réfléchie. C’est un peu à l’opposé de l’image du skateur thrasher, non ?

Oui, d’autant plus que j’ai commencé en 1986, avec une équipe de skateurs à Las Vegas qui semblait tout droit sortie d’un film sur le punk. Maintenant, mon état d’esprit est différent, c’est clair.

Tu viens de Las Vegas, la ville du vice. Est-ce que cela a influencé la manière dont tu vis aujourd’hui ?

Cette ville a clairement sa responsabilité sur ce que je suis devenu aujourd’hui. Quand j’avais 10 ans, j’étais le plus jeune de notre crew de skateurs très punk, on traînait toujours à Vegas. Quand j’y repense, je me dis que les kids avec lesquels je traînais étaient vraiment punk, dans tous les sens du terme. Ils n’en avaient clairement rien à foutre de rien, et déjà, à l’époque, je me surprenais à ne pas suivre leurs conneries.

Je me rappelle encore m’être dit à moi-même : ‘Je ne veux surtout pas devenir comme ça.’ Je n’ai jamais bu d’alcool avant mes 29 ans, et je sais que le fait d’avoir traîné avec des tarés pendant ma jeunesse m’a influencé sur ce point. Toutes les choses stupides qui sont arrivées, les bagarres, les accidents… Je ne voulais pas de tout ça.

Il semblerait que de plus en plus de skateurs choisissent de respecter leur corps, de vivre de manière plus healthy. As-tu une idée de la raison ?

Je ne sais pas s’il y en a de plus en plus, mais je pense que l’on est surtout plus informé sur la vie des gens avec les réseaux sociaux. Du coup, on a tendance à le remarquer davantage. Mais oui, pour vivre du skateboard, il faut déjà avoir un côté un peu hardcore, et les gens hardcore ont souvent tendance à être dans les extrêmes. Du coup, s’ils décident de se calmer, ils vont tout arrêter d’un coup et choisir une autre manière de vivre.

Quand t’es punk, tu peux dire “fuck this, fuck that”, mais à un moment, tu ne peux pas dire “fuck off” à toi-même. Personnellement, il y a plein de choses auxquelles j’ai envie de dire “fuck”, mais je préfère être pour quelque chose plutôt que contre. Je préfère dire : “Fuck yeah !”

Quand j’entends un skateur dire “Mec ! Je me sentais tellement bien l’autre jour, c’était génial !”, je lui réponds : “Imagine ! Tu as les capacités de te sentir comme ça, au top, tous les jours.” On grandit en se disant que c’est normal d’être fatigué, de se ramasser, de se sentir mal parfois… Mais en fait, ce n’est pas normal. La vérité, c’est que tu n’es jamais censé te sentir comme ça. Mais tuer notre corps et notre esprit est devenu chose commune. Ça nous éloigne de la vérité.

Quand es-tu devenu vegan ?

J’étais déjà veggie depuis six ou sept ans, puis je suis devenu vegan il y a environ trois ans. J’étais déjà sensible à la cause environnementale avant le régime vegan. J’ai converti, il y a longtemps, ma voiture pour qu’elle roule à l’huile végétale. J’essaye d’informer un peu les gens sur ce que j’ai appris au fil des années. C’est comme une nouvelle drogue qui me fait me sentir hyper bien, que j’ai envie de partager. Sauf que cette drogue, c’est être connecté à moi-même et prendre soin de mon corps. Même quand tu fais face à une situation que tu ne peux pas contrôler et qui te rend triste ou déprimé, tu as le pouvoir de contrôler la réaction de ton esprit pour y faire face.

Tu n’as jamais ressenti un besoin de manger de la viande ?

La tentation ? Oh non… Je suis trop renseigné pour en avoir envie. Parfois, je veux partager ces informations avec mes proches et certains ne veulent surtout pas en entendre parler. Je ne comprends pas comment on peut délibérément se priver de la vérité. Les choses sont telles qu’elles sont et les gens doivent le savoir. À la limite, si tu sais comment l’industrie agroalimentaire fonctionne mais que tu décides de manger de la viande, au moins c’est un choix conscient. Il ne faut pas rester dans l’ignorance, ça a trop d’effets secondaires. Être conscient, au contraire, te fait prendre de meilleures décisions.

Donc non, il n’y a absolument aucune chance pour que je remange de la viande. Aujourd’hui, ça me dégoûte sur tous les plans : la santé, ma morale et mon éthique, la cruauté envers les animaux, l’impact environnemental… Je pourrais te parler longtemps de tout ce que cela provoque, mais comme je t’ai dit, je préfère être pour quelque chose plutôt que contre. Du coup, je suis pour une planète propre pour mes enfants et les enfants qu’ils auront, pour la bonne santé de mon corps. C’est aussi simple que ça.

À quoi ressemble la journée normale de Kenny Anderson ?

C’est assez spontané car j’ai des enfants. Mais j’ai ma petite routine : me réveiller, boire de l’eau, traîner un peu dans mon jardin, récolter mes fruits et en faire un jus tous les matins. Ensuite, je m’organise pour ma journée. Le soir, je médite. Méditer me fait prendre du recul sur la journée que j’ai passée, en plus de me préparer au sommeil.

As-tu un conseil à donner à un jeune qui veut s’impliquer pour sa planète, ou décider de prendre sa santé en main ?

Reste simple. Apprends les essentiels de la vie, ce dont tu as réellement besoin. Ton univers, c’est ta propre perception, sache que tu as le pouvoir de la contrôler, mais aussi de contrôler tes réactions et les agissements de ton corps. Sois conscient que tu as le pouvoir de prendre le contrôle.

La Converse One Star x Chocolate est disponible ici et au skateshop Day Off, à Paris.

Photos par Alex Pires. Suivez-le sur Instagram.

Propos recueillis par Thomas De Ambrogi.