Autolib’, 119 millions d’euros de pertes… remboursés par les contribuables ?

Autolib’, 119 millions d’euros de pertes… remboursés par les contribuables ?

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Par Thibault Prévost

Publié le

En quatre ans, Autolib’ aura fait perdre au groupe Bolloré 180 millions d’euros. Qu’on se rassure, les impôts en rembourseront les deux tiers.

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La révolution promise par Bolloré et Bertrand Delanoë se sera finalement transformée en un gigantesque fiasco financier. Lancé en 2011, le service parisien de location de voitures électriques de courte durée, qui devait changer radicalement la mobilité urbaine, n’a jamais réussi à s’imposer. Résultat : selon une étude du cabinet de conseil 6t, parue le 16 décembre, Autolib’ n’est toujours pas rentable après six ans d’activité, malgré l’augmentation constante du nombre d’abonnés à l’année (ils sont aujourd’hui 131 000). Pire : le 22 novembre dernier, selon le Canard enchaîné, la société Autolib’ aurait présenté un bilan prévisionnel de 179 millions d’euros de perte d’ici 2023, date de la fin de son contrat avec Autolib’ Métropole, le syndicat qui regroupe les 97 villes partenaires du projet.

À la recherche de solutions

Comme le raconte Le Canard enchaîné, repris par Les Inrocks, c’est là que ça commence à se corser. Car le contrat prévoit la prise en charge des pertes par Bolloré… à hauteur de 60 millions d’euros. Les 119 millions restants seront pour les mairies, qui devront se répartir l’addition en fonction du nombre de véhicules installés dans leurs villes. Les Franciliens, avec plus de 4 000 voitures en circulation, seront les plus concernés. Paniqués, une dizaine d’élus locaux du bureau syndical s’est alors réunie en urgence pour tenter de trouver des solutions. Prolongation du contrat en priant pour que Bolloré trouve comment gagner de l’argent, augmentation du tarif (alors que la demi-heure est déjà passée de 6 à 7 euros début décembre), et même transformation des véhicules en publicités mobiles géantes pour “400 000 euros par an”… tout a été envisagé, y compris la suppression pure et simple du parc. Pour le moment, aucune solution ne semble avoir été retenue.

Pendant ce temps-là, Autolib’ continue de fanfaronner sur les salons de l’innovation sous les yeux énamourés des observateurs de l’industrie tout en exportant son concept à l’étranger, en Europe comme aux États-Unis. On les comprend : après tout, un système qui permet de garder les bénéfices s’il fonctionne et de se faire rembourser la majorité des pertes par le contribuable s’il n’est pas rentable n’est-il pas le meilleur des investissements ?