Ce soir, France 2 diffuse un docu exceptionnel sur les attentats de janvier

Ce soir, France 2 diffuse un docu exceptionnel sur les attentats de janvier

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Par Thibault Prévost

Publié le

Jeudi soir, France 2 diffusera Au cœur des attaques, un documentaire produit avec HBO et la BBC sur les attentats de janvier, réalisé par le Britannique Dan Reed.

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Avant d’être Paris, nous avons été Charlie. Il y a un an, deux attaques consécutives ont lieu dans la capitale, l’une visant, le 7 janvier, les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, l’autre se déroulant le 9 janvier dans une épicerie cacher de la porte de Vincennes. Ce même jour, les frères Kouachi, auteurs de l’attaque contre Charlie, terminent leur cavale dans une imprimerie de Dammartin-en Goële (Seine-et-Marne) sous les balles du GIGN tandis qu’Amedy Coulibaly est abattu par le Raid lors de l’assaut de l’Hyper Cacher. En tout, les terroristes ont laissé 17 victimes dans leur sillage.

À l’occasion de la commémoration de cet épisode sanglant, France 2 diffuse, jeudi 7 janvier, un documentaire exceptionnel coproduit avec HBO et la BBC, intitulé Au cœur des attaques. Réalisé par le vétéran Dan Reed, réalisateur britannique déjà auteur de documentaires sur les attaques terroristes de Moscou en 1999, de Mumbai en 2009 (récompensé de cinq BAFTA) et de Nairobi en 2014 , ce film dresse une frise chronologique à la précision clinique, un décompte funèbre arc-bouté sur des témoignages inédits de rescapés.

Le diable est dans les détails

Le travail de Dan Reed frappe par sa sobriété. On ne trouve pas ici d’habillage sonore grandiloquent, de montage effréné ou de punchlines dévastatrices, mais un déroulé des événements dicté par l’impérieuse nécessité du réel. Le diable est tapi dans les détails, caché dans ces longues minutes de flottements, ces petites phrases qui pénètrent dans le cerveau pour ne plus s’en déloger.

Comme lorsque l’un des témoins, réfugié sur un toit dans la rue Nicolas-Appert, décrit la pulsation macabre des balles dans la rédaction de Charlie Hebdo, lente et régulière, qui distingue la tuerie aveugle de l’assassinat de sang-froid. Ou lorsque l’un des policiers, en faction devant l’Hyper Cacher, révèle à ses collègues le contenu de sa conversation avec le preneur d’otages, Amedy Coulibaly, et annonce d’un souffle glaçant qu’il n’y aura pas de reddition.

Produit avec l’agence Premières Lignes, dont le siège se trouve à quelques mètres des anciens locaux de Charlie Hebdo, Au cœur des attaques permet de revoir ces images irréelles sous un autre angle, à une autre température, le regard débarrassé de l’incrédulité initiale. Pour Dan Reed, contacté par Konbini, la précision du récit est une profession de foi :

“Tout est fondé sur une enquête très poussée, qui permet de découvrir de nouvelles choses dans le timing des événements, des choses qu’on ne voyait pas. Par exemple, les gens ne se doutent pas qu’entre le départ des frères Kouachi et l’arrivée des secours, il s’est écoulé quinze minutes ! Il y a énormément de moments de flottement.”

Autre composante essentielle de son récit, la parole des témoins, disparate, brute, encore humide. Et cathartique, parfois :

“J’ai interviewé des centaines de survivants d’attaques. Quand une personne commence à raconter, c’est une fois, pas deux. Ce sont tous des fragments d’une histoire, qui ont tous vu quelque chose de différents, et moi je les rassemble. Parfois, c’est un grand soulagement pour eux. Ils ont parlé aux psychologues, à leur famille, mais leur expérience est isolante, et personne ne les comprend. C’est aussi ça qui est précieux, le point de vue très étroit de la personne.”

“Le GIGN utilise mes films pour former ses opérateurs”

Le documentaire est émaillé de séquences inédites, notamment celles filmées par la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) à Dammartin-en- Goële et à l’Hyper Cacher, qui nous font pénétrer dans l’implacable mécanique des unités d’élite, aux protocoles et au jargon inconnus du grand public. Pourtant, selon le réalisateur, l’accès à ces images, comme à celles détenues par la justice, est encore trop difficile :

“J’ai eu la chance d’avoir accès à ces images facilement car le GIGN me connaît et utilise même mes films pour former ses opérateurs. D’un autre côté, il y a beaucoup d’autres images très difficiles d’accès, surtout en France, car elles sont mises sous scellés. Ça se comprend, car elles sont très sensibles, mais il serait sain que certaines d’entre elles soient montrées, de manière responsable. Cela aiderait les gens à faire des choix en démocratie.”

“On a la chance de voir, d’éprouver les choses, mais il y a un souci d’isoler le public du choc du réel. Pour ma part, je pense qu’il faut qu’il soit un peu choqué. Pas pour faire de la peine, mais pour réveiller. On est trop protégés”, souligne le documentariste.

Avec un budget de 250 000 euros – quatre fois le budget d’un documentaire “classique” –, Au cœur des attaques se donne les moyens de ses ambitions et nous offre une plongée en apnée de 52 minutes, durant lesquelles la distance avec les événements de janvier 2015 se réduit considérablement. Au risque de nous coller les yeux contre l’écran, de faire refluer des émotions qu’on préférait enfouies. La stratégie du choc. Un an plus tard, la piqûre de rappel est essentielle.

Ci-dessous un extrait du documentaire à découvrir sur Vimeo.

TOURTIER from AMOS PICTURES on Vimeo.