Au Brésil, les commentaires racistes s’affichent sur les panneaux publicitaires

Au Brésil, les commentaires racistes s’affichent sur les panneaux publicitaires

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Une ONG brésilienne a décidé de placarder dans les rues les tweets injurieux de certains internautes. L’idée : dénoncer le cyber-racisme. 

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“Je suis rentré à la maison en puant le noir”;“Tes cheveux ressemblent à un tas de vis rouillés”; “Va te faire foutre sale noire, je ne sais pas toi mais moi je me lave”

C’est le genre de tweets injurieux qui ont émergé sur les réseaux sociaux le 3 juillet dernier – pourtant journée nationale contre la discrimination raciale au Brésil – lorsque Maria Julia Coutinho est devenue la première femme noire à présenter la météo sur l’une des principales chaînes de télévision brésilienne. 

Depuis quelques jours, on peut retrouver dans quatre villes du Brésil les mêmes tweets porteurs de messages haineux en format 6 mètres sur 3 sur des panneaux publicitaires. En choisissant comme slogan “Racisme virtuel, conséquences réelles” pour sa campagne, l’ONG brésilienne Criola, qui lutte pour les droits des femmes, compte bien dénoncer le cyber-racisme, trop peu sanctionné.

“Réfléchissez avant de poster”

Ces personnes pensent qu’elles peuvent s’asseoir tranquillement chez elles et faire ce qu’elles veulent sur Internet. Nous n’allons pas laisser passer cela. Ils ne peuvent pas se cacher de nous, nous les trouverons“, a assuré Jurema Werneck, fondatrice de Criola à la BBC Trending. En utilisant le système de géolocalisation fourni par les réseaux sociaux, l’association tente d’afficher les propos racistes près du domicile de leurs auteurs, tout en prenant le soin de flouter leurs noms et visages.

Nous n’avons pas l’intention de dévoiler leur identité. Ce que nous voulons, c’est provoquer un débat pour les amener à réfléchir aux conséquences de leurs commentaires avant de les poster”, précise Jurema Werneck qui regrette que le racisme persiste dans son pays où les noirs et les métis représentent un peu plus de la moitié de la population brésilienne.

Si la campagne n’a pas fait l’unanimité, elle aura au moins rappelé à ceux qui se pensent bien tranquilles derrière leur écran qu’ils ne sont pas à l’abri de représailles. Si en France, il est possible de signaler par exemple des contenus illicites depuis 2006, la loi concernant la cyber-criminalité et le cyber-racisme est encore floue.

En attendant qu’une solution efficace ne soit proposer pour lutter contre ces problèmes, la campagne permet ainsi de prévenir : un jour ou l’autre ce genre de posts pourraient avoir des conséquences bien réelles pour ses auteurs. Et l’exemple récent de Maître Eolas rappelle qu’il est tout à fait possible d’être condamné pour un tweet.