“Je suis Olympia” : une artiste arrêtée après s’être dénudée au musée d’Orsay

“Je suis Olympia” : une artiste arrêtée après s’être dénudée au musée d’Orsay

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Par Ariane Nicolas

Publié le

La performeuse luxembourgeoise Deborah De Robertis a été placée en garde à vue pour exhibition sexuelle. Son avocat dénonce une “pudibonderie judiciaire inquiétante”

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La nudité autorisée en peinture, pas en chair et en os. Une artiste luxembourgeoise a été interpellée et placée en garde à vue, samedi 16 janvier, après s’être dévêtue et allongée devant l’Olympia d’Édouard Manet, au musée d’Orsay. Deborah De Robertis a réalisé sa performance lors des derniers jours de l’exposition “Splendeurs et misères. Images de la prostitution 1850-1910”. L’artiste a été relâchée dimanche soir et doit être présentée à un procureur dans la journée de lundi.

La jeune femme a adopté la pose de l’Olympia, pour mettre en regard sa propre nudité, jugée choquante, et celle du tableau, acceptée socialement : “Elle portait une caméra portative pour pouvoir filmer la réaction du public. Il s’agit d’une performance artistique”, selon son avocat, cité par l’AFP.

L’artiste adresse une lettre à la direction du musée

Le musée d’Orsay a porté plainte pour exhibition sexuelle. Un porte-parole de l’institution précise le déroulé des événements : “Il y avait beaucoup de monde devant le tableau. Les agents ont bien réagi, ils ont fermé la salle, lui ont demandé de se rhabiller. Comme elle a refusé, la police a été appelée et l’a emmenée.”

Ce n’est pas la première fois que Deborah De Robertis “s’attaque” au musée d’Orsay. Il y a deux ans, elle s’était déjà dénudée devant L’Origine du monde, de Gustave Courbet (1866), exposant son sexe comme le modèle sur la toile. Dimanche, son avocat a mis en cause la plainte du musée, jugeant que “cette mesure de contrainte est l’expression d’une pudibonderie judiciaire inquiétante”.

L’artiste a adressé une lettre à Guy Cogeval, président du musée d’Orsay, dans laquelle elle explique son geste. La lettre intégrale est publiée par Exponaute :

“Mon geste n’est pas de me mettre nue mais il consiste à renverser le point de vue du modèle nu (…) Olympia c’est toutes les putains exposées sur les cimaises de cette exposition. Je suis Olympia.

En portant plainte pour exhibition sexuelle, vous avez nié publiquement le point de vue des modèles nus que vous exposez aujourd’hui en objets, en interdisant de filmer, vous empêchez ce point de vue d’exister.”

La situation est d’autant plus ironique que le musée d’Orsay a un faible pour les expos NSFW, sur le nu masculin, le marquis de Sade et actuellement, la prostitution, donc. Mais l’hypocrisie ne va-t-elle pas de pair avec la pudibonderie ?

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