Dans l’Angleterre rurale, des chapelles vont être transformées en relais 4G

Dans l’Angleterre rurale, des chapelles vont être transformées en relais 4G

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“Priez pour moi, pauvres streamers” Crédit: Youtube

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Par Thibault Prévost

Publié le

Contre le manque de connectivité en zone rurale, le gouvernement britannique a conclu un accord avec l’Église pour équiper les clochers d’antennes-relais.

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L’État et l’Église avançant main dans la main vers l’autel du sacro-saint Internet : il faut bien l’avouer, l’image a quelque chose de saugrenu, si bien qu’on ne sait plus trop à quelle époque on se trouve. Le feat a beau être aussi improbable qu’obsolète sur notre continent en phase terminale de laïcisation, le gouvernement britannique s’en fout : pour lutter contre l’absence de connectivité dans les campagnes, les pouvoirs publics viennent de conclure un partenariat avec les National Church Institutions (NCIs) de l’Église d’Angleterre pour “améliorer le haut débit et les connectivités wi-fi et mobile pour les communautés locales.” Plus simplement, en transformant les clochers des chapelles en routeurs géants.

S’il a de quoi faire sourire, le partenariat n’a pourtant rien d’absurde, bien au contraire : 66 % des églises anglicanes et 65 % des paroisses se trouvent en zones rurales, explique le gouvernement anglais dans un communiqué, ce qui les rend idéalement placées “pour répondre aux problèmes de connectivité et de couverture réseau”.

Selon les termes du partenariat, le gouvernement aura donc pour tâche d’installer, dans les paroisses qui l’accepteront, des antennes wi-fi sur les flèches des clochers ainsi que des câbles à fibre optique, des paraboles satellites et des émetteurs 4G sur le toit et à l’intérieur des chapelles, fermes et autres bâtiments détenus par l’Église. Actuellement, précise le communiqué, près de 120 paroisses jouent déjà les routeurs dans la campagne anglaise, et l’Église anglicane possède plus de 16 000 bâtiments à travers le pays.

Au nom du père, du fils, et du saint wi-fi

Du côté des autorités religieuses, l’accord tombe également comme une bénédiction : outre des garanties très claires sur la discrétion des installations, qui “ne doivent pas avoir d’impact sur le caractère et la signification historique ou architecturale des églises”, l’Église d’Angleterre pourrait y trouver son compte à plusieurs niveaux. D’une part, les termes de l’accord prévoient que les pouvoirs publics forment les paroissiens qui le souhaitent à la connectivité numérique, tandis que les NCIs profiteront de ce nouveau statut de point d’accès aux télécommunications pour faire la promotion de leurs activités ecclésiastiques.

Enfin, bien que l’accord ne précise pour le moment aucune sorte de rétribution financière, on peut imaginer que les paroisses concernées y tirent une source de revenus pour l’entretien des bâtiments. Bref, une petite manne pour les diocèses, et une manière pour le gouvernement d’accélérer le déploiement d’une couverture réseau à haut débit dans les zones les plus isolées, qui représentent souvent un véritable casse-tête technique.

De toute manière, les pouvoirs publics n’ont plus le choix : en décembre dernier, le gouvernement annonçait qu’en 2020, l’accès à un débit Internet de 10 Mo/s serait considéré comme un droit légal pour toute entreprise ou particulier, rappelle The Verge. Selon le dernier rapport d’Ofcom, l’autorité de surveillance des télécoms britanniques, un million de bâtiments n’avait pas encore accès au haut débit fin 2017. En se rapprochant non seulement des églises mais également en refusant les alternatives de fournisseurs privés comme BT, les autorités britanniques affirment au moins leur volonté de respecter les délais fixés en déployant leurs propres solutions. Amen.