En deux ans, plus de 10 000 enfants migrants ont été portés disparus en Europe

En deux ans, plus de 10 000 enfants migrants ont été portés disparus en Europe

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Par Rachid Majdoub

Publié le

Les chiffres avancés par Europol sont atterrants : selon l’agence policière, plus de 10 000 enfants migrants ont disparu en Europe sur les 24 derniers mois. Un grand nombre pourrait être tombé entre les mains d’une organisation criminelle paneuropéenne associée à la traite de mineurs, sur fond de commerce du sexe ou d’esclavage.

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Les chiffres avancés par Europol sont atterrants : selon l’office intergouvernemental de police criminelle, plus de 10 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe sur les 18 à 24 derniers mois. Un constat qui fait encore plus froid dans le dos lorsque leur sort est évoqué : l’agence policière craint que de nombreux mineurs ne soient exploités par le crime organisé à des fins sexuelles ou d’esclavage, selon l’AFP qui, ce dimanche 30 janvier 2016, a confirmé auprès du service de presse d’Europol ces informations annoncées le même jour par l’hebdomadaire britannique The Observer.

Après leur enregistrement officiel auprès des autorités lors de leur arrivée en Europe, ces enfants ont littéralement disparu, selon Brian Donald, responsable d’Europol contacté par The Observer. “Il n’est pas déraisonnable d’estimer que nous parlons ici en tout de plus de 10 000 enfants”, confie-t-il, ajoutant que près de 5 000 d’entre eux ont disparu en Italie et 1 000 en Suède.

Selon Save the Children, environ 270 000 mineurs sont entrés en Europe en 2015, dont 26 000 non accompagnés ; l’ONG, qui défend les droits de l’enfant à travers le monde, ajoute avoir enregistré, après référencement, des cas d’abus sexuels, de violences et d’extorsions sur des enfants réfugiés.

Une infrastructure criminelle sophistiquée

Cependant, “tous ne seront pas exploités à des fins criminelles, il y en a qui auront rejoint des membres de leur famille. C’est juste que nous ne savons pas où ils sont, ce qu’ils font et avec qui”, ajoute le chef d’équipe d’Europol.

Le sort de ces enfants pourrait être bien plus grave. Europol redoute que bon nombre ne soient exploités par une organisation criminelle paneuropéenne associée à la traite de mineurs et qui ciblerait prioritairement les réfugiés en situation irrégulière. Une infrastructure criminelle sophistiquée qui se serait développée sur les 18 derniers mois, sur fond d’esclavage ou d’activités liées au commerce du sexe. Certains passeurs se livreraient également au trafic d’êtres humains.

Et ces criminels ne sévissent pas très loin de nos frontières. Il suffit de se tourner vers l’Allemagne et la Hongrie pour y trouver un grand nombre d’entre eux, interpellés par les autorités locales alors qu’ils exploitaient des migrants. Selon Brian Donald, “en Allemagne et en Hongrie, la grande majorité des pensionnaires de certaines prisons y ont été placés en raison d’activités criminelles liées à la crise migratoire“.

La “route des Balkans”

Alternative à un passage par le sud de la Méditerranée dangereux et qui a coûté la vie à près de 800 personnes l’an passé, la “route des Balkans” est devenue un itinéraire privilégié pour traverser l’Europe d’est en ouest par la voie terrestre, comme vous pouvez le voir sur la carte.

Mais il se trouve que ce trajet est tout aussi périlleux et meurtrier : selon les indications fournies à Europol par des organisations opérant sur la “route des Balkans”, l’exploitation d’enfants migrants y est un problème majeur, avec des groupes criminels actifs dans la traite d’êtres humains.

En 2015, ce sont environ un million de migrants qui ont rejoint l’Europe dont 27 % d’enfants. Soit la pire crise migratoire sur le continent depuis la Seconde Guerre mondiale.