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Pour Thom Yorke, Spotify est le mal

Pour Thom Yorke, Spotify est le mal

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Thom Yorke, justicier des temps modernes.

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Par Théo Chapuis

Publié le

Ne vous leurrez pas, les nouveaux artistes que vous découvrez sur Spotify ne percevront rien. Pendant ce temps, les actionnaires vont bientôt se rouler dans l’oseille

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Joignant l’acte à la parole, le musicien et son compère Nigel Godrich avaient fait retirer l’intégralité des titres solo de Yorke, celui avec Godrich, Ultraista ainsi qu’Amok, l’unique disque d’Atoms For Peace. Comme l’avait révélé Numérama en juin 2013, Spotify ne payerait que 0,005 dollar par titre écouté sur sa plateforme. Pas étonnant alors que la date d’anniversaire de la prise de la Bastille, Thom Yorke se sente d’humeur révolutionnaire.

Spotify se voit comme une “aide nécessaire à l’industrie de la musique”

À l’époque, Spotify avait alors répondu par l’intermédiaire de Mashable aux deux musiciens britanniques que le but de Spotify était de “faire grandir un service que les gens aiment, pour lequel ils veulent payer, et qui fournit une aide financière nécessaire à l’industrie de la musique pour investir dans les nouveaux talents.”
Le communiqué poursuivait en ces termes : “Nous en sommes encore aux débuts d’un projet au long terme qui a déjà eu un impact positif énorme sur les artistes et la nouvelle musique”. Et de conclure :

Nous avons déjà payé 500 millions de dollars de droits d’auteur et avant la fin 2013 ce chiffre devrait avoir doublé. La majorité de cet argent est investi pour soutenir des nouveaux talents.

Dommage. Dans une interview pour le magazine mexicain Sopitas datée du 2 octobre, Thom Yorke n’en démord pas. Et plus encore que de critiquer doucement un modèle qui ne lui convient pas, le chanteur au regard si étrange oppose carrément Spotify aux musiciens : “Je considère que nous, les musiciens, devons nous battre contre les choses comme Spotify. J’ai l’impression que, d’une certaine manière, ce qui se passe est le dernier souffle d’une industrie vieillissante.” Thom Yorke a cependant de l’espoir : “Une fois qu’elle mourra, quoi qu’il arrive, quelque chose d’autre naîtra”, continue-t-il.

“Dernier pet d’un cadavre agonisant”

Mais il reste l’ennemi inconditionnel de Spotify… et par extension du modèle de la musique en ligne en général, comme en attestent ses propos suivants :

Pour moi, Spotify est une bataille énorme. Parce qu’il s’agit de l’avenir de toute la musique, il s’agit de savoir si nous croyons qu’il y a un avenir dans la musique. C’est comme avec le cinéma et les livres. Ce qui se passe avec Spotify ne concerne pas que la musique “mainstream”, c’est le dernier pet désespéré d’un cadavre agonisant.
Ce subterfuge s’insinue dans les esprits, les gens disent “avec la technologie, tout se retrouve dans le cloud, toute créativité deviendra unifiée, personne ne sera payé et c’est vraiment super intelligent.” Conneries!

Et comme pour rappeler qu’il n’est pas strictement opposé aux nouvelles technologies et à Internet, il évoque ensuite le cas de l’album de Radiohead In Rainbows en 2007, sorti en téléchargement légal avec possibilité de faire le don de votre choix. Une démarche pionnière à l’époque, bien avant bandcamp ou quelle plateforme que ce soit. Thom Yorke poursuit sa diatribe :

Quand on a fait In Rainbows, ce qui nous excitait c’était l’idée d’avoir une connexion directe entre nous, musiciens, et notre public. Et puis tous ces emmerdeurs arrivent, comme Spotify, ils essaient de se poser comme gardiens de tout le truc… On n’a pas besoin de vous pour ça. Aucun artiste n’a besoin de vous. On peut construire ça nous-mêmes, alors barrez-vous !

Dès juillet, après sa première attaque contre Spotify, le chanteur a déchaîné Internet. Romain Delassus, musicien du groupe de pop parisien Breakfast At Your Place, s’en est pris au Britannique en écrivant une tribune publiée sur Rue89. Selon lui, “le procès fait à Spotify par Thom Yorke est injuste, et surtout de très mauvaise foi.” Romain Delassus en profitait alors pour donner un lien officiel concernant les pratiques de royalties de la plateforme de musique en ligne.
Alors, Thom Yorke, de mauvaise foi ? À vous de nous dire ce que vous en pensez en commentaires.
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