Miley Cyrus : la déchéance d’une star Disney ?

Miley Cyrus : la déchéance d’une star Disney ?

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Miley Cyrus pour Terry Richardson

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Par Louis Lepron

Publié le

Hier soir, lors des MTV Video Music Awards, Miley Cyrus a frappé l’Amérique lors de son passage télévisé. Retour sur le parcours d’une ancienne représentante de l’écurie Disney passée du côté obscur.

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La prude Amérique n’en revient pas : Miley Cyrus, figure de l’usine à contes Disney, a fait sensation lors des derniers MTV Video Music Awards qui se sont tenus ce dimanche soir à New York. Aux côtés de Robin Thicke pour la chanson “Blurred Lines”, elle s’est amusée du chanteur avec des positions aguicheuses et délivrant, à la surprise de la famille Will Smith, une séance de “twerking”. La chanteuse s’est même permis d’évoquer “Molly” dans son dernier single “We Can’t Stop”. Drogue oblige – Molly est une référence à la MDMA, MTV y a apposé un “bip”.

Sur Twitter, certains spectateurs se sont insurgés. Ultime soufflet pour l’artiste, le hashtag de la honte #Mileyasssmallerthan.

Si l’on tient compte des réactions dans les médias français ou anglo-saxons, elles sont acerbes. La chanteuse américaine a délivré un “show provocant” (selon 20 Minutes“aussi mauvais que pathétique” (d’après L’Express) pour montrer un “visage scandaleux” (selon le Huffington Post américain).

Si l’on suit le fil de ces commentaires outrés, des images nous viennent en tête : celles de l’artiste américain Jeffrey Thomas pour sa série “Twisted Princess” qui voit les princesses Disney embrasser leurs faces cachées. La Alice de Lewis Carroll a le visage d’une camée au Pays des merveilles; Pocahontas, poignard ensanglanté à la main gauche, semble avoir bouffé du colon (coucou John Smith) tandis que Blanche-Neige, après avoir dégusté la pomme, s’est transformée en marâtre des sept nains devenus d’horribles monstres.

Un pas suffit pour réaliser un parallèle entre cette série et l’évolution de la carrière de Miley Cyrus.

Britney, première égérie Disney en cure de désintox

1992. Une petite fille d’à peine 11 onze est l’une des animatrices de l’émission The New Mickey Mouse Club : Britney Spears. A ses côtés, on retrouve un chanteur qui va se faire un nom au fil des années, Justin Timblerlake. Dix ans plus tard, l’industrie musicale est témoin d’un passage de flambeau, la maîtresse de cérémonie pop Madonna embrassant Britney Spears lors des MTV Video Music Awards de 2003. Cette dernière est au sommet de ses tubes.

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Depuis, Britney Spears est passée par des frasques médiatiques, de ses cures de désintoxication à sa mise sous curatelle en passant par l’épisode de la tête rasée en 2009, devant les médias. Dans un entretien pour l’Express réalisé en 2009, le sociologue Robert Ebguy, auteur de Je hais le développement personnel (Eyrolles) évoque une Britney qui reflète “tous les aspects de l’Amérique. Le rehab (désintoxication), la résilience, la rédemption puis le come-back font partie de la culture de ce pays…”.

L’article de l’hebdomadaire conclut par les clônes et “anti-thèses” de celle qui est derrière le tube “Baby One More Time”. Parmi elle, on retrouve une certaine Miley Cyrus qui “incarne une Amérique immuable, chaste et coachée par Disney”. Mais entre temps, l’héroïne lisse de la série télé Hannah Montana a changé de visage. Stratégie de communication ou début de déchéance avec la jurisprudence Britney Spears ?

De Terry Richardson au “twerking”

Septembre 2012 marque un tournant pour Miley Cyrus, le début de son “indépendance”. Tout bêtement, Miley Cyrus se coupe les cheveux. Terminée la coupe à la Disney, place à la coupe à la garçonne qu’elle entend promouvoir à travers des entretiens dans lesquels elle évoque une “Miley 2.0”, notamment chez Billboard.

Cette volonté de se démarquer trouve son incarnation dans ses choix musicaux. Son nouvel album ? Elle dégote Larry Rudolph comme nouveau manager. Le monsieur est connu pour avoir travailler sur le come-back réussi de Britney Spears en 2008, après l’avoir dirigé lors de ses premières années d’activité, de 1999 à 2004.

Dans la foulée, en juin 2013, elle sort le premier clip de son prochain album. Il s’appelle “We Can’t Stop”, fait scandale auprès de la presse américaine pour son côté “sexy” et “provocateur”. Résultat : plus de 100 millions de vues sur YouTube en l’espace d’un mois.

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En juillet dernier, dans une interview accordée au tabloid britannique Daily Mail, elle enfonce le clou en expliquant que Britney Spears a “tout compris”. Le 20 août dernier, la chanteuse se permet un édito trash réalisé par le photogaphe Terry Richardson. Enfin, dimanche 26 août : lors de la cérémonie des MTV Video Music Awards, la chanteuse se paye le luxe de faire oublier Lady Gaga, Katy Perry, Pharrell Williams et Robin Thicke avec une tenue tape-à-l’oeil et des poses suggestives.

Le parallèle entre Britney Spears et Miley Cyrus, deux égéries Disney, est prononcé et le mot “déchéance” n’est pas loin. Mais pour Fabrice Bonnet, responsable Marketing Commercial chez Parlophone :

Il ne s’agit que de communication : son album arrive [le 8 octobre prochain, ndlr], elle sait que son public est celui de Rihanna. Elle doit marquer les esprits et montrer qu’elle n’est plus la gamine d’Hannah Montana…Britney Spears et Christina Aguilera ont suivi le même chemin, avec cette trash attitude typiquement américaine.

A la différence de sa copine Britney, Miley Cyrus semble avoir retenu les leçons d’une médiatisation à outrance. Pas sûr, au regard du déferlement de commentaires qu’elle suscite à chacune de ses apparitions (elle a notamment été accusée de racisme), qu’elle réussisse, comme une Madonna ou une Lady Gaga, à maîtriser son image.

Et si, finalement, l’exemple était plutôt à suivre du côté de la gent masculine élevée au grain par Walt Disney ? Comme le souligne Fabrice Bonnet, “les mecs ont mieux réussi : Justin Timberlake est crédible en acteur et chanteur, Ryan Gosling a la carrière que l’on connait”.