Lou Reed : retour sur ses collaborations

Lou Reed : retour sur ses collaborations

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Par Théo Chapuis

Publié le

Andy Warhol à la manoeuvre

New York est aussi la ville d’Andy Warhol, père du pop art et artiste mondialement célèbre. Intéressé par le Velvet Underground, il fait participer le groupe de Cale et Lou Reed à ses Exploding Plastic Inevitable, des performances artistiques multimédia où s’unissent les expérimentations pop art et la musique du Velvet Underground.
Au programme : projections, danses et concerts, le tout orchestré par Warhol, que Lou Reed considère comme son mentor. Ci-dessous, un aperçu de ces happenings particuliers.
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C’est à cette même époque – et sur l’impulsion de Warhol – que la chanteuse Nico apparaît auprès du groupe de Reed et Cale. Elle marque l’une de ses collaborations les plus décisives. “Sunday Morning”, “Femme Fatale”, “Venus In Furs”, “Heroin”… l’album séminal The Velvet Underground & Nico, sorti en 1967, est sans conteste l’un des disques les plus importants de l’Histoire du rock, préfigurant notamment le rock psychédélique.
Sur le disque, la chanson “All Tomorrow’s Parties”, écrite par Lou Reed et chantée par Nico, est le premier single et sort en juillet 1966. Trente trois ans plus tard, le titre passe une seconde fois à la postérité grâce à l’invention du festival rock du même nom en 1999 par Barry Hogan en Angleterre. Intimiste et pointu, l’ATP festival professe une programmation qui mixe indie, post-rock et musiques d’avant-garde. Comme un hommage à la prise de risque artistique entreprise par le Velvet.
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David Bowie, Patti Smith et David Byrne

A la suite d’une poignée de disques au succès commercial limité, Lou Reed quitte le Velvet Underground et entame une carrière solo. Après un premier LP éponyme en 1970, il enregistre Transformer en 1972 avec l’aide de David Bowie, qui s’inspirera de l’ex-partenaire de John Cale pour créer son mythique personnage de Ziggy Stardust.
Sur Transformer figurent des chansons parmi les plus emblématiques jamais enregistrées par Lou Reed. “Perfect Day”, “Satellite Of Love” ainsi que sa chanson la plus célèbre, la désabusée “Walk On The Wild Side”, portrait de l’entourage psychédélique d’Andy Warhol où s’entrechoquent drogues, transexualité et prostitution. A priori, tout être humain normalement constitué est capable de fredonner les choeurs féminins de la fin de la chanson, chantés alors par le quatuor vocal des Thunderthighs.
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Après plusieurs albums solo, dont Metal Machine Music, décrit par Lester Bangs comme “génial”, Lou Reed semble continue sa carrière musicale paisiblement, parmi le tumulte artistique et la prise de substances – de toutes sortes.
Dans les années 70, Lou Reed collabore avec David Byrne, qui crée les Talking Head en 1974 ; ou encore Bruce Springsteen, mais aussi des musiciens de jazz comme Don Cherry et la chanteuse Patti Smith, avec laquelle il se produira souvent par surprise et qui reprendra la chanson “Perfect Day”.
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Éphémère reformation du Velvet

Il faudra attendre la fin des années 80 et la mort d’Andy Warhol pour réconcilier John Cale et Lou Reed, de nombreuses années après White Light/White Heat en 1968, leur dernière collaboration complète avant le split du Velvet Underground. Les deux musiciens écrivent le disque Songs For Drella, qu’ils dédicacent à l’artiste contemporain – dont “Drella” était le surnom du temps de leur collaboration. Parmi les chansons de l’album, “Forever Changed”, chantée par John Cale,
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A l’occasion de concerts donnés pour la promotion du disque de ces deux grands noms du rock psychédélique, l’impensable finit par se produire le 15 juin 1990. Lors d’un concert donné à la Fondation Cartier à Jouy-en-Josas, Reed et Cale sont rejoints sur scène par Sterling Morrison et Maureen Tucker afin d’interpréter la chanson “Heroin”.
Inédit et exclusif, cet évènement marquera la première et dernière reformation du Velvet Underground.
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Il faut attendre 1996 pour que le Velvet Underground soit intronisé au Rock And Roll Hall of Fame. Pour la cérémonie, Lou Reed joue alors la chanson “Last Night I Said Goodbye to My Friend” avec John Cale et Maureen Tucker en l’honneur de Sterling Morrison, guitariste du Velvet décédé en août 1995.
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En 1996, le musicien collabore avec le célèbre metteur en scène Robert Wilson pour sa pièce Time Rocker, inspirée de la Machine à explorer le temps de H.G. Wells. Renouant avec d’autres formes d’expression que la simple musique rock, Lou Reed est alors le compagnon de l’artiste Laurie Anderson, qui deviendra sa femme en 2008. Ils enregistrent plusieurs chansons ensemble, dont “In Our Sleep”.
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Jack White, The Killers, Gorillaz, Metallica

Dans les années 2000, Lou Reed est courtisé après la fausse information de sa mort par overdose en 2001. Il entame de nombreuses collaborations, que ce soit pour enregistrer un simple texte parlé comme sur l’album des Danois de Kashmir en 2005 ou bien en jouant “White Light/White Heat” avec le groupe de Jack White, les Raconteurs, aux MTV Video Music Awards de 2006. C’est en 2007 qu’il enregistre aussi “Tranquilize” pour l’album de B-sides des Killers Sawdust.
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Retour en grâce : Lou Reed alterne alors projets musicaux expérimentaux et collaborations lucratives. Pendant qu’il se produit avec un trio de musique expérimentale, le Metal Machine Trio (avec lequel il se permet de nombreuses improvisations, revenant à ses amours pour la noise), il pose sa voix sur la chanson de Gorillaz “Some Kind Of Nature”, extraite de l’album Plastic Beach, pour laquelle un clip en stop motion a été tourné.
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Le dernier album jamais enregistré par Lou Reed est une collaboration avec le groupe Metallica. L’album Lulu, sorti en 2011, est un ovni musical, mêlant spoken word susurré par le vieux chanteur sur tapis métallique assuré par le groupe de James Hetfield. Le single “The View” s’est vu immortaliser par Darren Aronofsky.
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À la fin du clip de “The View”, on voit Lou Reed taper dans ses mains pour applaudir Metallica, criant “Bravo ! Encore !” en direction du groupe. Voilà une image qui fixe dans le temps le sens de l’humour acide qui caractérisait Lou Reed, éteint après avoir collaboré avec les plus grands.
S’ils venaient tous d’horizons divers, un critère de choix semble se dégager parmi les élus, qui les rapproche de Lou Reed lui-même : leur prise de risque artistique.