L’auteur du Projet Crocodiles répond au refus de son expo

L’auteur du Projet Crocodiles répond au refus de son expo

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Par Eléonore Prieur

Publié le

Ce projet faisait partie de plusieurs projets que nous avons examinés en commission pour la journée du 25 novembre. On a estimé qu’il était difficile d’exposer au moins deux de ces bandes dessinées sur l’espace public. Nous considérons qu’il n’est pas nécessaire de heurter pour faire campagne contre les violences faites aux femmes. C’est dommage que l’affaire prenne une tournure politique.

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“J’apprends que ma copine souffrait du harcèlement de rue”

Les Crocodiles font couler bien de l’encre. Qu’est-ce qui a donné l’envie à Thomas Mathieu de s’attaquer à un tel projet ? Le court métrage de Sofie Peeters, Femmes de rue (à voir ici), qui s’intéresse de près au harcèlement de rue a été l’élément déclencheur. L’idée murissait par ailleurs dans sa tête depuis un moment. “Il y a quelques années, j’avais sorti une bande dessinée sur le thème de la drague, vue par les mecs, explique-t-il à l’ObsAprès ça, prendre le point de vue inverse, avec les femmes, semblait logique”. 
Il décide de puiser dans les expériences de ses amies et s’étonne du nombres d’histoires qu’elles ont à raconter. Certaines d’entres elles sont “parfois assez trash”, comme il l’explique à Konbini. “J’apprends, ajoute-t-il encore, que ma copine souffrait pas mal du harcèlement de rue”. Il finit par s’éloigner de son cercle rapproché pour donner la paroles aux internautes. Il reçoit alors “énormément de mails”. La Toile lui permet d’avoir “un contact direct avec les gens” qui sont de surcroît “plus réactifs”.
Il décide de représenter les hommes sous forme de crocodiles pour créer un concept graphique. L’idée ne plaît pas à tout le monde. “Certaines personnes trouvent ça stigmatisant, avoue-t-il. Elles ont l’impression que je mets tous les hommes dans le même sac. En même temps, le harcèlement de rue, c’est un acte collectif”. Pour illustrer, il n’hésite pas à employer un langage plus que familier qui ne fait que refléter la réalité.

À Toulouse, la polémique enfle

Certes, il peut y avoir des mots vulgaires. Je ne vais pas pour autant changer les témoignages pour que les harceleurs soient polis. Il faut bien montrer la réalité, aussi choquante soit-elle.

S’il avoue qu’on ne peut pas classer son travail dans la rubrique “littérature jeunesse”, il conçoit que “dès l’âge de 15-16 ans”, des ados puissent s’y intéresser. “Ils comprennent le message puisqu’ils vivent déjà dans cette réalité”.

Un projet qui éveille les consciences

Ce qui est sûr, c’est que le projet Les Crocodiles éveille les consciences de ceux qui s’y intéressent, y compris les hommes. “Certains m’écrivent pour me dire qu’ils ont enfin ouvert les yeux et avouent qu’ils ont été eux-mêmes un peu crocodiles”. À l’abri des regards, le viol conjugal concerne chaque année, en moyenne, 201 000 femmes qui se déclarent victimes (physiques ou sexuelles). Il en est de même pour la lesbophobie.
Selon un sondage réalisé par SOS homophobie en 2014, 59% des femmes interviewées en ont été victimes au cours des deux dernières années et 18% d’entre elles ne manifestent jamais d’affection à leur partenaire en public. Ces deux problèmes sont bien réels, n’en déplaisent à la mairie dirigée par Jean-Luc Moudenc. 
Article co-écrit avec Anais Chatellier