Au Quai Branly, le tatouage entre dans l’histoire

Au Quai Branly, le tatouage entre dans l’histoire

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Par Naomi Clément

Publié le

Du 6 mai 2014 au 18 octobre 2015, le musée du quai Branly de Paris fait une place en or à un art jusqu’ici exclu des galeries françaises : le tatouage. Retour sur une exposition haute en couleurs.
De l’Australian Museum de Sydney au musée Dapper en passant par la Maison 15/75 de Paris, nombreuses sont les expositions qui ont mis à l’honneur le tatouage. Mais jusqu’ici, aucune rétrospective n’avait mis en perspective son histoire comme sa dimension artistique. Complexe, la pratique du tattoo implique en effet de nombreuses aptitudes : le dessin bien sûr, mais aussi la précision du détail, le maniement d’instruments spécifiques, la recherche constante d’inspiration ou le renouvellement.
“Le fait que certains tatoueurs se fassent aujourd’hui copier, car considérés comme de grands maîtres, au même titre que Picasso pour la peinture par exemple, prouve à lui seul que cette pratique peut aujourd’hui être qualifiée d’art“, explique Stéphane Martin, président-directeur général du musée du quai Branly, lors du vernissage de l’exposition.

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Héritage indélébile, le tatouage appartient au patrimoine commun d’une majeure partie de l’humanité. Fidèle à sa devise (“là où dialoguent les cultures”), le musée du Quai Branly a ainsi su représenter chacun des pays et chacune des cultures qui ont un jour été marqués par l’encre du tatouage : les Yakuzas japonais, les guerriers maoris, les prisonniers français, les femmes algériennes, les marins américains, les Kalinga philippins ou encore les moines thaïlandais.
C’est justement devant une vidéo d’un rituel de tatouage thaïlandais, dans une allée du parcours “Peau neuve : renaissance du tatouage traditionnel”, que se tient Cédric Arnold. Photographe franco-anglais résident à Bangkok depuis 2002, il s’intéresse à la puissante spiritualité présente dans toutes les couches de la société thaïlandaise, qui se cache derrière le tatouage.

À mon arrivée en Thaïlande, j’ai été fasciné par ce désir de protection, cette inquiétude de prendre des décisions sans aller voir un gourou, explique le photographe.
Cette superstition est présente à tous les niveaux de la société : aussi bien chez quelqu’un de très peu éduqué que chez quelqu’un qui a étudié à Harvard et qui revient en Thaïlande. Tous mes amis sont très superstitieux et beaucoup d’entre eux ont des tatouages.

Chaque année pendant cette cérémonie, tous les tatoués reviennent voir leur maître-tatoueur pour qu’ils redonnent du pouvoir de protection à leurs tatouages, notamment grâce à ces prières spéciales appelées les kata.
À un moment, les tatoueurs sont tous pris par l’esprit du tigre bondissant, partent en transe et commencent à courir vers une statue du moine qui s’appelle umpapan qui était un moine très respécté. Il y avait environ 5000 personnes à cette cérémonie.

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