AccueilArchive

Konbini Book Club : tour d’horizon des futures rock stars françaises du stylo-plume

Konbini Book Club : tour d’horizon des futures rock stars françaises du stylo-plume

avatar

Par Leonard Desbrieres

Publié le

Notre Jean d’Ormesson national peut se reposer un peu, cette rentrée littéraire fait la part belle à la jeunesse. Le roman français pète la forme et une nouvelle génération d’écrivains est déjà prête à assurer la relève. Tour d’horizon des futures rock stars du stylo-plume.

À voir aussi sur Konbini

Cure de jouvence dans la littérature française et surprises, les stars de cette rentrée n’ont pas encore de cheveux blancs mais une plume déjà bien affûtée. Konbini a sélectionné les écrivains hommes et femmes qui incarnent la nouvelle génération du roman français.

Monica Sabolo, Summer (JC Lattès, le 23 août)

Âge : 46 ans, cinquième roman

Profil type : Ensorceleuse mélancolique

Le roman qui l’a révélée : Tout cela n’a rien à voir avec moi en 2013, un roman troublant (autobiographique ?) sur une journaliste qui tombe amoureuse du chroniqueur cinéma qu’elle vient de recruter.

Son dernier roman : Summer Wassner grandit dans une famille bourgeoise au bord du lac Léman. Une vie mondaine et heureuse qui semble cacher bien des secrets. Un jour, lors d’un pique-nique, cette jeune fille à la beauté intense et mystérieuse disparaît subitement sans laisser de traces. Vingt-cinq ans plus tard, son frère Benjamin ne s’est jamais remis de cette disparition. Cloîtré dans son appartement, il a coupé les ponts avec tout le monde et vit dans les souvenirs douloureux de sa sœur. Un jour, il décide pourtant de recomposer le puzzle de cette tragédie familiale. Parce qu’au bord de ce lac inquiétant, les fantômes du passé ont beaucoup de choses à raconter.

Pourquoi le lire ? Parce que Summer est le grand roman français de cette rentrée littéraire et la confirmation du talent de Monica Sabolo. Avec une écriture puissante, elle fait s’entremêler les voix de ceux que la vie a séparés. Mais surtout, elle déconstruit, pierre après pierre, la façade que ces familles bien sous tous rapports ont l’habitude de bâtir pour dissimuler les pires atrocités. Un suspense mélancolique et envoûtant à mi-chemin entre Top of the Lake de Jane Campion et Virgin Suicides de Sofia Coppola.

Pierre Ducrozet, L’Invention des corps (Actes Sud, le 16 août)

Âge : 35 ans, quatrième roman

Profil type : Baroudeur engagé

Le roman qui l’a révélé : La Vie qu’on voulait en 2013, un roman sur la colère de la jeunesse européenne face à un monde qui brise un à un ses rêves d’avenir.

Son dernier roman : Iguala, dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, 43 étudiants contestataires disparaissent, enlevés et assassinés par la police mexicaine. Álvaro, jeune surdoué de l’informatique a réussi à échapper au massacre. Dans L’Invention des corps, Pierre Ducrozet nous invite à suivre sa cavale, son passage de la frontière américaine et son embrigadement sous la coupe d’un gourou transhumaniste de la Silicon Valley. Au cœur d’une industrie toute puissante, il va tenter de mettre fin aux plans de ce magnat du Web obsédé par l’immortalité.

Pourquoi le lire ? Parce que Pierre Ducrozet nous offre un thriller 3.0 qui va à 200 à l’heure, où le corps humain est devenu un enjeu primordial. On cherche à se l’approprier, à modifier l’homme pour en faire un surhomme invincible. Des fantasmes terrifiants auxquels l’auteur s’attaque avec férocité. Le rythme effréné et le suspense haletant font de ce livre le grand page turner français de cette rentrée.

Lola Lafon, Mercy, Mary, Patty (Actes Sud, le 16 août)

Âge : 42 ans, cinquième roman

Profil type : Féministe engagée

Œuvre qui l’a révélée : La Petite communiste qui ne souriait jamais en 2014, un roman centré sur la gymnaste roumaine Nadia Comăneci.

Son dernier roman : Gene, une universitaire renommée et son assistante Violaine sont chargées de replonger dans l’affaire Patricia Hearst alors que son procès doit s’ouvrir à San Francisco. En 1974, la petite fille du célèbre magnat de la presse américaine est enlevée par un groupuscule d’extrême gauche. À la surprise générale, on la découvre quelques semaines plus tard, arme à la main aux côtés de ses ravisseurs. Si les autorités crient au lavage de cerveau, il semble en être bien autrement. Avec en parallèle, le destin de Mercy Short et Mary Jamison, deux femmes enlevées au XVIIIe siècle par les Indiens qui refusèrent de rentrer dans leur famille d’origine, Lola Lafon nous plonge dans le destin de ces femmes qui ont choisi de prendre un virage radical et de “délaisser la route pour la rocaille”.

Pourquoi le lire ? Parce que Lola Lafon nous donne à entendre des voix de femmes qui ont affirmé leur liberté malgré une famille qui les répudie et une société qui les méprise. Mercy, Mary, Patty est une ode à la femme et à l’émancipation, bien loin des clichés simplistes du syndrome de Stockholm. Parce que pour cette romancière si singulière, ce qui importe, c’est de fuir les sentiers battus et de crier au monde qu’on est bel et bien vivant et libre. Un roman puissant.

David Lopez, Fief (Seuil, le 18 août)

Âge : 32 ans, premier roman

Profil type : Poète sage de la rue

Son dernier roman : Jonas, Sucré, Poto et Farid sont amis depuis la maternelle. Dans cette vie de banlieue monotone, ils se construisent des échappatoires pour continuer à rêver et grandir. En slamant au micro ou en boxant sur le ring, ils sont en quête de sens et veulent croire en leurs rêves.

Pourquoi le lire ? Parce que qui dit rentrée littéraire, dit premiers romans surprises. Fief est de ceux-là. David Lopez a écrit un livre fort qui se sert de la puissance de la langue pour nous raconter ce passage à l’âge adulte où cette foi indestructible en l’avenir se heurte à la réalité du monde. Un grand roman poétique sur la banlieue, les espoirs qu’elle brise mais aussi les talents qu’elle fait naître.

Alice Zeniter, L’Art de perdre (Flammarion, le 16 août)

Âge : 31 ans, cinquième roman

Le roman qui l’a révélé : Sombre Dimanche en 2013, une fresque familiale hongroise avant et après le communisme.

Profil type : L’étoile montante, chaque roman semble la rapprocher un peu plus du prix Goncourt.

Son dernier roman : D’inspiration autobiographique, ce roman d’Alice Zeniter raconte la quête de vérité de Naïma, une jeune fille qui, comme elle, est née d’un père algérien et qui pourtant ne connaît rien de son pays d’origine. Dans cette famille de Harkis, elle s’est toujours heurtée au refus de parler du pays natal. Mais elle veut faire ressurgir ce pays du silence pour trouver cette pièce du puzzle qui lui manque pour être elle-même et libérer ses proches du passé qui les ronge.

Pourquoi le lire ? Parce que L’Art de perdre est un roman d’une maturité impressionnante sur la construction de soi et la quête des origines. Mais c’est aussi une belle fresque familiale sur l’histoire de l’Algérie, la beauté de ce pays et les atrocités qui l’ont frappé en plein cœur. La très grosse cote pour le prix Goncourt de cette année.

Miguel Bonnefoy, Sucre noir (Rivages, le 16 août)

Âge : 31 ans, deuxième roman

Profil type : L’hidalgo écolo

Le roman qui l’a révélé : Le Voyage d’Octavio en 2015, les péripéties d’un paysan analphabète vénézuélien à travers un pays magique.

Son dernier roman : Entre sa plantation de canne à sucre et la production du meilleur rhum de la région, la famille Otero est toute puissante dans la mer des Caraïbes. Mais une vieille légende menace depuis des générations sa prospérité : elle aurait été construite sur le même lieu que celui du naufrage d’un bateau chargé d’or, celui du célèbre capitaine Henry Morgan. Aujourd’hui, la sublime Serena Otero a hérité de ce domaine et la course contre la montre entre explorateurs continue, sans résultat. Jusqu’à ce que l’ambitieux Severo Bracamonte déterre ce qui semble être une partie du trésor et libère sa terrible malédiction…

Pourquoi le lire ? Parce que le deuxième roman de Miguel Bonnefoy fait du bien dans cette rentrée littéraire. Avec cette histoire de pirates, de trésors et de légendes, on s’embarque, l’espace de 200 pages, dans une aventure haletante loin des préoccupations funestes de notre monde. Quoique ! Derrière cette fable classique, le jeune romancier fait résonner une ode au Venezuela, un véritable plaidoyer pour la protection des richesses naturelles de son pays natal face aux pillages des hommes. Un roman d’aventure écolo.

Léonor de Récondo, Point Cardinal (Sabine Wespieser, le 24 août)

Âge : 41 ans, cinquième roman

Profil type : Peintre de l’intime

Le roman qui l’a révélé : Amours en 2015, un huis clos amoureux dans une maison bourgeoise du début du XXe siècle.

Son dernier roman : Mathilda se démaquille dans sa voiture, sur un parking à l’écart. Elle prend son temps, s’applique sur chaque détail, elle enlève sa robe, puis sa perruque, il redevient Laurent. Et puis il se répète comme pour rentrer dans son rôle : “Je suis Laurent, faire semblant…” C’est l’histoire de ce père de famille mal à l’aise dans son corps d’homme que Léonor de Récondo raconte dans ce roman. Étape par étape, Laurent devient Lauren et sort de ce silence qui le hante pour enfin vivre au grand jour.

Pourquoi le lire ? Parce que la romancière explore un thème de société très actuel avec une justesse et une émotion bluffante. Loin des clichés et des poncifs rabattus par les médias, Léonor de Recondo se sert d’une écriture simple et poétique pour raconter la vie dans toute sa complexité et ce courage d’être soi. Un beau roman.

Clément Bénech, Un Amour d’espion (Flammarion, le 23 août)

Le 23 août en librairie pour tous les adeptes des plumes roses et des pieds dans l'eau.

Une publication partagée par Clément Bénech (@clementbenech) le

Âge : 26 ans, troisième roman

Profil type : Romancier connecté

Le roman qui l’a révélé : L’Été slovène en 2013, la fuite en avant d’un couple qui part en Slovénie pour sauver leurs amours.

Son dernier roman : Pour aider Augusta dans sa quête de vérité, le narrateur, un étudiant en géographie qui ressemble fortement à Clément Bénech lui-même, se met dans la peau d’un détective privé de notre époque, expert en réseaux sociaux. Il s’envole pour New York où son amie lui confie ses doutes sur son ex-compagnon, Dragan, un critique d’art contemporain rencontré sur Tinder. D’une nature ténébreuse, il est carrément devenu inquiétant quand chacun de ses articles se retrouve suivi d’un commentaire d’un certain Cap Charlie le traitant d’assassin.

Pourquoi le lire ? Une histoire moderne sur la paranoïa de nos sociétés numériques. Le récit s’entremêle de photos, d’articles de presse et d’extraits de conversations Facebook pour nous offrir un roman drôle et désabusé sur les rencontres virtuelles et l’espionnage amoureux.