Duy Anh Nhan Duc, l’artiste plasticien en osmose avec la nature

Duy Anh Nhan Duc, l’artiste plasticien en osmose avec la nature

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Par Manon Baeza

Publié le

Portrait de Duy Anh Nhan Duc, un artiste plasticien atypique qui manie avec beaucoup de singularité l’art végétal.

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Duy Anh Nhan Duc est un artiste plasticien qui manie très singulièrement l’art végétal. Originaire du Vietnam, il a grandi entouré de la nature. C’est à cette période-là, dès son enfance, qu’un lien très particulier s’est tissé entre lui et la nature, nous confie-t-il. À l’âge de dix ans, il quitte son pays natal pour s’installer en France. Une installation compliquée, qui l’a poussé à s’adonner au dessin. Comme une forme d’échappatoire, dessiner lui permettait de renouer avec les paysages de son enfance. Il commence par l’illustration à l’encre de chine où il imagine un monde dominé par la végétation. Très rapidement, Duy Anh nous explique avoir ressenti le besoin d’outrepasser les limites de la représentation, afin de pouvoir apporter plus de matières, de couleurs, d’odeurs et de formes à son art.

Duy Anh s’est formé tout seul, “c’est en développant ma propre palette que mon parcours s’est dessiné”, nous précise-t-il. Ses travaux peuvent tourner autour des graines, des fleurs, des branches, des écorces et des feuilles, tout ce qui est en lien avec le végétal peut être une source d’inspiration pour l’artiste. “C’est de mon émerveillement pour toute cette nature que naissent mes créations”, conclut-il. Si le travail de Duy Anh est unique et qu’il s’est formé en totale autonomie, l’artiste nous confie avoir été grandement inspiré par de nombreux artistes.

Des artistes tels que : “Wolfgang Laib pour la pureté et la sérénité qui se dégagent de ses œuvres. Andy Goldsworthy pour sa grande justesse de composition avec les éléments. Je suis fasciné aussi par les peintures du Douanier Rousseau et par son talent d’imagination à rêver l’exotisme. Et puis dans un tout autre registre, l’univers féerique du photographe Tim Walker. Je suis également très touché par la justesse du travail de Prune Nourry et j’adore l’imagination et le trait de l’illustrateur Ugo Gattoni”, déclare-t-il.

Un processus créatif en continu

Son travail part d’une fascination pour une espèce végétale. L’artiste plasticien peut aussi bien être sensible à l’agencement de pétales d’une fleur, l’architecture d’une graine ou même la forme particulière d’une feuille. Évidemment, il passe beaucoup de temps à se perdre en pleine nature pour trouver la perle rare et l’inspiration. Chaque nouveau projet part d’une page blanche et dépend du végétal qu’il choisit d’exploiter, nous dit-il. De là, se créer un langage avec le végétal, d’où émanent ses ressentis sur ce qu’il a pu contempler en amont.

“Chaque espèce est unique, chacun de mes projets artistiques est donc un nouvel apprentissage. Définir le processus opératoire pour mener à bien une création est donc un élément essentiel, et c’est une phase qui peut prendre beaucoup de temps pour obtenir le résultat souhaité. Ma dernière exposition ‘Hope’ a nécessité pas moins de 12 000 pissenlits, tous cueillis par mes soins, dans la nature. Des mois ont été nécessaires pour mettre au point cette exposition. Le temps et la patience sont essentiels dans mon travail. Je vis au rythme des saisons sans utiliser de procédé qui ne serait pas naturel ou qui pourrait dénaturer le végétal.”

Des végétaux qui détiennent une signification spécifique pour l’artiste

Tous les végétaux ont une certaine signification pour l’artiste. Duy Anh a exposé durant l’été au sein d’une chapelle datant XIIe siècle, à Châteaugiron, en Bretagne. Un show impressionnant où il présentait plusieurs installations, dont une réalisée avec 12 000 pissenlits naturels. Un choix significatif, car l’artiste nous explique que cette fleur a toujours détenu une place particulière dans sa démarche artistique. Le pissenlit a un pouvoir de réminiscence fort sur chacun d’entre nous, souligne-t-il.

L’artiste a ajouté : “À lui seul, il évoque toute la beauté du monde et en même temps sa grande fragilité. C’est un végétal puissant car il est universel et il a cette faculté de nous reconnecter immédiatement avec l’enfant qui est en nous, à un certain instant de notre vie, où nous cultivions encore naturellement ce lien privilégié avec la nature.

Duy Anh conçoit ses propres mises en scène pour ses expositions. La scénographie est primordiale car la part narrative détient une place très importante dans son travail. Les différentes présentations des éléments végétaux lui permettent de raconter de nouvelles histoires auprès des visiteurs. À tel point que la scénographie fait partie intégrante de son processus créatif, ajoute-t-il. Sur elle, reposent l’appréciation et le succès de son travail.

Des liens étroits avec la photographie

Les supports visuels tels que la vidéo et la photographie tiennent une place très importante dans son travail, car elles sont les médiums pour imaginer des mises en scène de ses créations. L’artiste “végétal” a notamment travaillé avec la photographe Isabelle Chapuis, avec qui il a coréalisé en 2013 deux séries, “Dandelion” qui est dédiée aux pissenlits, et “Etamine” aux pétales de fleurs. Duy Anh a également travaillé avec la photographe Charlotte Abramow, Kiki Xue ou encore le duo Antoine and Balathazar. L’artiste est actuellement en train d’agrandir son atelier afin d’y installer un studio et de mener plus de projets photographiques.

Duy Anh Nhan Duc avance sur un futur projet d’exposition pour l’année 2018.