Un artiste donne une seconde vie lumineuse à un bunker

Un artiste donne une seconde vie lumineuse à un bunker

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Par Lisa Miquet

Publié le

À Dunkerque, un artiste s’est secrètement emparé d’un bunker et l’a recouvert d’une mosaïque de miroirs. Un moyen de questionner notre rapport à l’histoire. 

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Depuis 1944, trône sur la plage de Leffrinckoucke près de Dunkerque un immense bunker. Héritage historique de plusieurs tonnes de béton, ce blockhaus était comme beaucoup d’autres, abandonné, gris, tagué et un peu glauque. C’était sans compter sur l’intervention de l’artiste plasticien Anonyme qui, sans demander l’autorisation à quiconque, à décidé de se réapproprier le lieu. Comme le relève le site Positivr, l’artiste a recouvert l’intégralité de la construction (environ 350 mètres carrés au total) d’une mosaïque de miroirs. L’artiste a déclaré à France 3 en 2015 :

“Toute mon enfance, j’ai parcouru la batterie de Leffrinckoucke. Les blockhaus éveillaient mon imagination […] Je cherchais vraiment à donner de la mobilité à ces monuments qui n’ont pas bougé depuis soixante-dix ans. Je voulais réussir à les transformer, leur donner quelque chose d’aérien.”

Cette œuvre, proche du mouvement d’art contemporain land art a radicalement transformé le paysage de la plage. L’imposante masse de béton se transforme en monument étincelant, qui évolue au fur et à mesure du temps, de la météo et du point de vue du spectateur. Sur son site Web, l’artiste souligne son intérêt pour cette dimension éphémère :

“Cette architecture lourde, massive, presque immobile, devient une surface mouvante qui, à chaque minute, change d’apparence en reflétant le ciel et le paysage. Le miroir, ici, est utilisé comme un langage plastique. Le blockhaus se fait oublier, se camoufle. Mais en disparaissant, il révèle. Cette seconde peau fait passer l’ombre à la lumière.”

L’artiste a intitulé son œuvre Réfléchir. Au-delà de faire une référence à la fonction première du miroir, l’artiste souhaite aussi nous questionner sur le contexte social et politique actuel. Nous rappeler l’histoire pour en tirer des enseignements.

“Ces bâtiments abandonnés, dénués de statut, sont à l’image de l’histoire qui les a créés, écartés de la ville et de la mémoire. Il est urgent de rendre à ces vestiges la visibilité qu’ils ont perdue, à notre époque où l’extrémisme menace. Ainsi le miroir donne au présent la forme spectrale des revenants, d’un passé qui revient au présent ; il rend vivant.”

Une œuvre à la fois riche pour son fond et sa forme, à découvrir en images.