5 romans à lire avant de savourer Ready Player One

5 romans à lire avant de savourer Ready Player One

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Ready Player One (© Warner Bros.)

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Par Leonard Desbrieres

Publié le

Science-fiction, dystopie, cyberpunk : trois genres très à la mode sur nos écrans ces derniers temps et qui sont tous rassemblés dans le dernier film du grand patron, Steven Spielberg. En attendant la sortie de Ready Player One, voici cinq livres pour se familiariser avec cet univers et faire patienter les plus bouillonnants.

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Le retour aux sources : Ready Player One, d’Ernest Cline

Pour ceux qui n’étaient pas au courant : le prochain film de Steven Spielberg est bel et bien l’adaptation d’un roman. Publié en 2011, Ready Player One d’Ernest Cline est un superbe livre que les éditions Michel Lafon viennent de rééditer en France. Alors autant commencer par le commencement, surtout quand l’histoire est belle. Rien ne prédestinait l’auteur, une sorte de gros nounours de l’Ohio, à ce succès planétaire. Alors qu’il écumait les petits jobs dans des fast-foods ou des vidéoclubs, il s’est d’abord fait remarquer en 2009 avec le scénario du film emblématique de la geekosphère : Fanboys – l’histoire loufoque d’une bande de potes tentant de dérober une pré-version de La Menace fantôme dans le ranch de George Lucas pour le voir avant sa sortie.

Deux ans plus tard, pour son premier roman, il voulait encore une fois rendre hommage à “la culture geek”, celle des années 1980, celle de Steven Spielberg aussi, forcément. Alors quand la société de production du réalisateur a acquis les droits de Ready Player One après une longue bataille, la boucle était bouclée. Un rêve de gosse ou l’histoire folle d’un fan de Spielberg adapté par son idole.

Quant à l’histoire, c’est comme souvent celle d’un futur qui n’est pas du tout celui qu’on espérait. En 2044, les États-Unis sont presque devenus un pays du tiers-monde. Les guerres causées par la disparition des énergies fossiles ont laissé la planète dans un sale état. Alors les gens s’évadent dans l’OASIS, une plateforme mélangeant réseau social et jeu multijoueurs. Lorsque James Halliday (comme Johnny, décidément, les questions d’héritage dans la famille !), le créateur du réseau, meurt, il laisse comme testament une révélation qui va tout changer. Il a caché dans l’OASIS un œuf et celui qui le trouvera deviendra le seul héritier de ce monde virtuel où tout est possible. La grande aventure peut commencer.

Le roman fondateur : Neuromancien, de William Gibson

Le premier roman de William Gibson, publié en 1984, est la pierre fondatrice de l’univers cyberpunk. Akira, Ghost in the Shell et même plus récemment Matrix, toutes ces œuvres ont emprunté au Neuromancien. Avec le maître Philip K. Dick, Gibson est le premier à dessiner les contours de ces dystopies futuristes qui sont légion aujourd’hui (la dernière en date, la série Altered Carbon de Netflix). Si on connaît désormais la recette, ce sont bien eux qui l’ont inventée : un monde où règne le capitalisme sauvage, des multinationales sans état d’âme, des drogues omniprésentes et des pirates informatiques qui se connectent au réseau grâce à des capteurs neuronaux : la routine quoi !

Dans ce livre culte, on suit les aventures d’Henry Dorsett Case, un hacker auquel rien ne résiste dans la plus grande ville du monde, la Conurb. Pourtant, son génie de pirate informatique n’a d’égal que son ambition démesurée. Et lorsqu’il tente de doubler son employeur, il se retrouve infecté par une neurotoxine qui lui interdit tout accès au cyberespace. Sans son existence virtuelle dans la matrice, il n’est plus rien. Il ne lui reste alors qu’un seul moyen de redevenir celui qu’il était : accepter la mission dangereuse que lui confie un homme mystérieux appelé Armitage…

Un grand classique, un pionnier, une légende dans la littérature de genre, le Neuromancien est un must-read absolu pour les fans de SF qui ne l’ont pas encore parcouru. Si vous trépignez d’impatience à l’idée de découvrir l’univers de Ready Player One, attendez donc de découvrir celui de William Gibson.

Le grand frère : Le Samouraï virtuel, de Neal Stephenson

C’est le livre qui se rapproche le plus de l’univers de Ready Player One. Un peu comme si Neal Stephenson et son Samouraï virtuel avaient tracé la voie. Roman culte du genre SF cyberpunk, lauréat du Grand prix de l’imaginaire en 1997, il avait marqué les esprits par son aspect visionnaire, une galerie de personnages ultra-attachants et un sens de la punchline inégalable. Comme dans l’histoire inventée par Ernest Cline, on suit donc le destin extraordinaire d’un jeune homme face à deux mondes qui se percutent. Un monde réel sombre et éprouvant, et un monde virtuel où il est possible de se réaliser. Le résultat est bluffant : un roman malin et hyper-rythmé, peuplé de programmeurs-samouraïs qui livrent des pizzas pour le compte de la mafia, de prêcheurs fous et de serial killers “tchernobyliens”. Pour les amateurs de SF explosive et WTF, celle qui part dans tous les sens et multiplie les intrigues à tiroirs. Un chef-d’œuvre débordant d’imagination.

La dystopie engagée : la trilogie Silo, d’Hugh Howey

Dans un futur post-apocalyptique dont on ne sait pas grand-chose, la terre est aux abois et la mort est partout. Pour survivre, les quelques milliers d’êtres humains qui constituent ce qui reste de la population mondiale se sont réfugiés dans un silo souterrain de 144 étages. Les habitants occupent un espace plus ou moins grand et plus ou moins proche de la surface en fonction de leur statut social. Dans ce gouffre sans fond, les règles de vie sont strictes. Aucun débordement n’est toléré et pour ceux qui enfreignent les lois, c’est la sanction suprême : ils sont envoyés en dehors du silo et condamnés à trouver la mort au contact d’un air toxique. En plus, une mission leur est confiée : nettoyer, avant de mourir, le plus grand nombre de ces caméras qui retransmettent dans le silo des images de ce monde qui n’est plus. Un moyen de se rappeler le danger qui rôde dehors et de maintenir en place une société autoritaire. Mais peu à peu, les doutes vont s’accumuler et bouleverser l’ordre établi. Et si les dirigeants du Silo mentaient sur les véritables raisons de cette apocalypse ? Et s’il ne se passait pas réellement ce qu’on nous raconte là, dehors ?

C’est une des grandes surprises de la SF de ces dernières années, un roman indépendant d’abord publié à compte d’auteur qui a connu un succès mondial gigantesque. La trilogie Silo forme une saga littéraire hyper-réaliste et particulièrement étouffante. Tout le talent d’Hugh Howey réside dans sa capacité à injecter dans son histoire des problématiques économiques, sociales et environnementales tout à fait d’actualité. De la science-fiction prenante, intelligente et engagée, tout ce qu’on aime et tout ce qu’on peut attendre du film de Steven Spielberg.

La science-fiction grandiose et sanglante : Luna, de Ian McDonald

Entre les écrivains anglais et la science-fiction, il y a comme une évidence. Et Ian McDonald en est le dernier symbole. Comme tonton Spielberg, il a compris une chose déterminante, il n’y a pas de trop grandes ambitions quand il s’agit de SF. De la dramaturgie, du gore, des rivalités familiales, des pamphlets anticapitalistes, il y en a pour tout le monde dans les deux premiers tomes de la saga Luna.

Nous sommes en 2110, la Lune est désormais habitée et tout comme la Terre, elle est déchirée par le multiculturalisme et les inégalités économiques. Cinq familles puissantes s’opposent pour le contrôle de ce nouvel Eldorado. Un space opera sombre, social, sanglant, animé par une force littéraire qu’on n’avait pas vu depuis longtemps dans les romans de genre. Du Game of Thrones sur la Lune, fallait y penser ! C’est réussi !