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Zootopie “pompé” sur une BD belge de 1964 ? On a vérifié

Zootopie “pompé” sur une BD belge de 1964 ? On a vérifié

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Zootopie (2016) vs Chaminou et le Khrompire (1964)

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Par Arthur Cios

Publié le

“Disney ne nous a pas contactés”

Notre premier réflexe a très naturellement été de contacter la maison d’édition de la bande dessinée en question, Dupuis. Réponse du service de presse :

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“Serge Honorez, le directeur éditorial des éditions Dupuis, ne souhaite pas s’exprimer car il n’a pas vu Zootopie. En revanche, il me confirme que Disney ne nous a pas contactés.”

La fameuse bande dessinée raconte les vacances mouvementées d’un chat enquêteur, alors qu’un khrompire, animal carnivore dans un monde végétarien, s’évade de prison.
Au fil des pages, on réalise que le gouverneur de la station balnéaire où se trouve notre héros, le terrible Crunchblott, a tout organisé. Étant un loup, Crunchblott estime avoir le droit de manger de la viande. En kidnappant le khrompire et en faisant croire à  son évasion, le vilain loup pourra manger autant de viande qu’il veut en mettant sur le dos du prisonnier les kidnappings…
Voilà pour le pitch. À présent, décortiquons les arguments avancés par L’Obs dans son article.

1) Zoolande vs Zootopie

“L’action se déroule dans une mégapole (Zooland chez Macherot, Zootopie chez Disney) qui ont pour point commun d’y mélanger les espèces animales vêtues de manière humaine”, écrit L’Obs.

2) Une enquête policière avec un drôle de duo

“Le fil rouge en est une enquête policière menée chez Macherot par Chaminou, un chat des forces spéciales accompagné par Pépin, une souris (un chat et une souris œuvrant ensemble, c’est amusant, non ?). Chez Disney, par Judy Hopps, lapine policière, accompagnée par Nick Wilde, un renard (un lapin et un renard œuvrant ensemble, c’est amusant, non ?).”

3) La rupture du deal de ne plus se manger entre eux

L’enquête en question, note le journaliste de L’Obs, porte “sur un pacte rompu. Celui qu’ont conclu les citoyens-animaux il y a bien longtemps pour cohabiter : il contraint les prédateurs à ne plus chasser de proies – et même à renoncer au régime carnivore”. Dans les deux cas, “certains animaux ne respectent plus ce pacte et redeviennent ‘sauvages’ – même si les raisons qui expliquent cette rupture sont bien différentes dans les deux scripts”.

C’est le point le plus proche entre les deux œuvres. Dans cette société d’animaux anthropomorphes, ces derniers ont décidé, afin de faire régner l’ordre, d’interdire le fait de manger son prochain. Une idée qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans les films mettant en scène des animaux.
De plus, cette histoire de deal, et de sa rupture, est vraiment au cœur de l’intrigue autant dans Zootopie que chez Chaminou. La question se pose donc. Petite nuance, dans la bande dessinée, pas de question de “redevenir sauvage”. Il y a juste quelques personnages qui veulent pouvoir manger de la viande.

4) Le dévoreur de chair n’est pas celui qu’on croit

“Dans les deux cas, l’affaire n’est pas celle que l’on croit (le Khrompire dévoreur de viande n’est pas celui que l’on pense, tout comme les ‘hurleurs nocturnes’ de Zootopie ne servent pas les intérêts que l’on imagine).”

5) L’affaire concerne des hauts placés

“Dans les deux cas encore, elle concerne des personnages haut placés : le gouverneur Crunchblott chez Macherot (un loup qui dirige Zooland) ; le maire Lionheart et son adjointe chez Disney (un lion qui dirige Zootopie).”

Alors ?

Nous ne sommes pas avocat et ne pouvons donc prédire, si procès il y avait, l’issue du jugement. Mais après avoir lu et vu ces deux œuvres, le plagiat ne nous paraît ni évident ni répétitif. Parler de “pompage” quand seulement un élément est clairement très, très proche, cela nous paraît quelque peu excessif. Même si l’on pourrait penser que Macherot, mort en 2008, n’aurait pas forcément apprécié  ces “coïncidences”.