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Jay-Z et Kanye West de nouveau attaqués pour plagiat

Jay-Z et Kanye West de nouveau attaqués pour plagiat

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Par François Oulac

Publié le

“Sample clearance”, un processus complexe

A l’écoute des deux versions de “Made In America”, la ressemblance est difficile à nier. Cependant, attention avant de crier à l’affreux plagiat : bienvenue dans le monde complexe et impitoyable du processus de “sample clearance”. C’est ainsi qu’est désignée l’étape nécessaire afin d’obtenir toutes les autorisations légales de réutilisation, partielle ou complète, d’une oeuvre protégée par le droit d’auteur.
Un passage obligé qui prend une importance monumentale dans le hip-hop, où la culture du sample est omniprésente. Seulement, le processus est complexe, mélangeant discussions entre labels et ayants droit, dates butoirs pour les sorties d’albums, paperasse, versements de royalties… Conséquence, les couacs sont nombreux, les procès légion, et beaucoup d’artistes majeurs (Dr Dre, Rick Ross, Kanye West…) se sont retrouvés devant la justice.
Les exemples ne manquent donc pas. Dernièrement, Pharrell Williams et Robin Thicke ont été attaqués par les héritiers de Marvin Gaye. Ces derniers clamaient que le tube estival “Blurred Lines” était une copie illégale de la chanson du crooner “Got To Give It Up”. Kanye West, encore lui, a été attaqué l’an dernier par rapport à un sample utilisé pour son tube “Gold Digger”. Kendrick Lamar, en 2012, n’avait pas pu inclure l’excellent morceau “Cartoons And Cereal” sur son album good kid, m.A.A.d city pour cause de samples non “clearés”, ainsi que le MC l’a raconté à Complex.

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Entre inspiration et plagiat, une frontière ténue

Aux complications légales et administratives – et au pompage pur et simple – s’ajoute la dimension artistique, pas évidente non plus. Quelle différence entre un hommage et un plagiat ? Quand est-ce qu’une interpolation devient une réutilisation illégale ? Les lignes sont floues, et c’est donc bien souvent à la justice de trancher.
Dans son analyse des soupçons de plagiat qui planent sur “Get Lucky” de Daft Punk, une journaliste du Monde souligne cette fine barrière entre plagiat, similitudes et copie inconsciente :

Le terme de “plagiat” est à manipuler avec prudence. C’est aux ayants droit d’une composition qui soupçonneraient le décalque volontaire de porter plainte devant un tribunal civil, ce dernier nommant alors des experts musicaux qui devront statuer. Tout le problème est qu’il n’existe pas de grille fixe en la matière qui poserait comme règle que l’utilisation de tant de notes communes (par exemple dix de suite) ou d’accords similaires s’identifie systématiquement à un plagiat.
La frontière entre l’inspiration et le plagiat reste donc ténue. On se souvient de l’emploi du terme de “similitudes” en janvier 2011 à propos de la chanson Jamais seul, composée pour Johnny Hallyday par M et Maxime Nucci, soupçonnée d’être une copie de Madagascar, de Serge Urlentin et Gilbert Pounia, pour le groupe réunionnais Ziskakan. Les deux parties n’étaient pas allées en justice.

En résumé, lorsque la création artistique se heurte au cadre légal, difficile de prévoir ce qu’il va se produire.
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