Warm Up : Moussa, le faiseur de rimes sensuelles et entêtantes

Warm Up : Moussa, le faiseur de rimes sensuelles et entêtantes

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Par Florian Ques

Publié le

Dans Warm Up, on s’intéresse à des artistes dont vous allez (sûrement) entendre parler dans les mois à venir. On a rencontré le passionné Moussa, dont l’envoûtant “Cabrioli” risque de squatter vos meilleures soirées estivales.

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“J’ai le cœur battant et les courbatures”, énonce sensuellement la voix grave de Moussa. Pour “Cabrioli”, son premier titre sorti il y a quelques mois, ce Parisien d’adoption cumule allitérations, rimes poétiques et métaphores d’un romantisme brut et surprenant. Jouer avec les mots, c’est son credo, et il nous l’a prouvé grâce à cette chanson entêtante qui prend des airs de déclaration d’amour et d’ode à la passion ardente.

Martelé à l’antenne de Radio Nova depuis quelque temps – “c’est un truc de ouf”, reconnaît le principal intéressé –, “Cabrioli” est un morceau fort pour lancer la carrière de Moussa, et ça ne risque pas d’être le dernier. Le cerveau en ébullition, ce musicien polyvalent déborde d’idées, planchant déjà sur plusieurs projets en parallèle.

Des vidéos, relativement courtes, pour montrer l’envers de sa musique et sa façon de produire du son. De nouveaux clips en prévision. Mais, surtout, un EP qui devrait débouler dès la rentrée, bien que “ça risque d’être surtout des singles qui vont s’enchaîner”, précise l’artiste avec une pointe d’excitation.

Qui es-tu ?

Moussa, 24 ans et je fais de la musique.

D’où est-ce que tu viens ?

De Nantes, mais je suis à Paris depuis 3-4 ans. J’ai emménagé dans une coloc avec les mecs qui ont fait le clip justement, L’Ordre collectif. À la base, je suis monté pour le son. Avant, j’étais un peu partout et nulle part en même temps. J’étais à Lyon parce que je bossais avec des potes rappeurs, j’étais beatmaker pour eux.

Après, je me suis mis à écrire à force d’être avec eux. J’ai bougé à Bordeaux comme j’étais avec Odezenne, j’ai fait deux-trois trucs sur leur album. Ensuite, j’ai envoyé quelques maquettes à mon manager, il m’a dit qu’il y avait vraiment un truc à creuser et m’a fait venir à Paris. Je ne sais pas combien de temps je vais rester, mais on verra bien.

Quand est-ce que tu as commencé la musique ? Avec quel instrument ?

J’ai commencé par l’alto au conservatoire quand j’avais 7 ans. Tu penses qu’il faut le dire ou pas ? [Rires.] Je n’aimais pas trop ça en plus. J’en ai fait pendant 7 piges, jusqu’à ce que mes parents divorcent. Je n’aimais pas trop, je séchais pour aller à Virgin écouter Kyo [rires]. J’écoutais Diam’s aussi. J’étais petit, hein. Tu es vulnérable à n’importe quel type de musique.

Quand je suis arrivé au collège, je me suis mis à la gratte comme tout le monde et c’est parti de là. Je jouais Nirvana et je me disais que c’était stylé et j’aimais vraiment bien ça. J’ai fait plein de groupes de rock. Après, il y a eu toute la vague Ed Banger et je me suis fait traumatiser par Sebastian. Avec un autre pote, on était fanatique de lui. Du coup, je me suis mis à faire de la prod’ sur ordi pour voir comment on faisait les sons comme ça.

Après je suis tombé sur les mecs qui font du rap à Lyon, je suis parti vivre avec eux en coloc et j’ai fait plein d’instrus. Ils avaient une technique de rimes, de mots et je suis très sensible à ça. Depuis longtemps, d’ailleurs. Je trouve que le français, ça claque. Le son que je fais aujourd’hui, pour moi, c’est un mélange de tout ce par quoi je suis passé.

Est-ce que tu as eu d’autres projets musicaux avant ?

Ouais, mais je ne pense pas que j’ai envie de trop en parler parce que c’était plus des crash-tests. Ce n’était pas très bien. Il reste deux-trois Skyblog dont j’ai perdu les mots de passe.

Quelles sont tes inspirations et influences musicales ?

Maintenant, ce n’est pas vraiment la musique. C’est plus des sensations ou des scènes de film, des intentions. Je pense plus en palettes d’émotions, en mood. Ce sont des trucs esthétiques ou sonores qui vont m’inspirer. Souvent, je vais bien aimer 30 secondes d’un son ou d’un mec, mais c’est rare que j’écoute tout l’album de la même personne.

J’aurais pu dire Arctic Monkeys, mais le dernier album, je n’ai pas énormément kiffé. J’étais fanatique d’eux aussi au collège, mais je trouve que le chanteur a trop changé. Il s’est mis en mode crooner, un peu parodie de lui-même. Ah, et puis Booba. L’écriture surtout ! La prod’, ça reste assez dans la mouvance actuelle vers laquelle tout le monde va.

Comment est-ce que tu composes ? Décris-nous ce processus.

Alors je n’en ai pas du tout, parce que je fais tout en même temps. Je fais un bout de prod’, je trouve des trucs à la guitare ou bien j’écris des phrases et je les enregistre… J’ajoute un sample, ou bien je pars d’un sample à la base. Tous les chemins mènent à Rome, hein. Pas de processus, il faut juste être disponible.

Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique, selon toi ?

Avec un casque, en marchant. Moi, j’écoute tout le temps en marchant. Après, je ne sais pas… ça dépend de toi. Peut-être en soirée, peut-être pour faire la vaisselle. [Rires.]

Comment définis-tu ton projet ?

Ma réponse va être vague, parce que ce n’est pas un truc auquel j’ai beaucoup pensé. Mon projet, c’est en gros deux trucs. D’abord, l’amour de la musique. J’aime quand c’est beau, quand c’est fort, quand ça te hérisse le poil. Et c’est aussi une démarche d’émancipation : travailler, essayer de construire une économie viable.

Ça, c’est le côté moins cool mais c’est la réalité. Je suis un putain de passionné mais j’essaie de me rendre un peu plus sérieux. En gros, je veux essayer de m’en sortir avec quelque chose que je fais sincèrement.