Vincent Cassel hante une banlieue en burqa dans un court métrage saisissant

Vincent Cassel hante une banlieue en burqa dans un court métrage saisissant

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Par Arthur Cios

Publié le

Dans un court métrage saisissant, Vincent Cassel vient foutre la merde dans sa banlieue (et sa vie) en mettant une burqa une fois la nuit venue.

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Vince a la quarantaine. Il travaille dans une entreprise, mais s’ennuie à mourir. Sa mère, atteinte d’ostéoporose, vit avec lui dans un petit appartement d’une tour de cité. Parfois, la nostalgie fait ressortir ses fantômes du passé, à l’époque où il était connu pour avoir frappé un flic. C’est dans ce contexte-là qu’une burqa vient foutre les policiers sur les nerfs, comme une sorte de dame blanche tout de noir vêtue, alimentant d’un côté un relent de haine anti-banlieue, et de l’autre la colère des jeunes d’en bas envers ces mêmes policiers.

Voici le pitch de Violence en réunion, un court métrage de Karim Boukercha avec dans le rôle principal un certain Vincent Cassel. Le film peut sembler d’actualité, débat du burkini oblige, mais il ne date pas d’hier (et avait été écrit avec les émeutes de 2013 de Trappes en tête). Si ce film avait fait le tour des festivals, notamment la Mostra de Venise en 2015, il est apparu sur Internet le 5 septembre grâce à Clique. En effet, Mouloud Achour, dans la première édition de son Gros Journal, discutait de ce dernier avec l’acteur français, et en a profité pour le mettre en ligne par la même occasion — permettant aux internautes d’avoir accès pour la première fois au film en question et lui donner une deuxième vie.

Une idée née il y a plus de cinq ans

Violence en réunion est né dans l’esprit de Karim Boukercha, qui a fréquenté le milieu du graffiti pendant dix ans environ et qui a créé le magazine maintenant disparu Tant pis pour vous, avant de coécrire le film Notre jour viendra.

“J’avais eu l’idée de base, d’imaginer un centre de caillera anonyme, il y a longtemps. Puis de fil en aiguille, je l’ai mise de côté. Puis, un peu par hasard, je me suis retrouvé à écrire des films [Notre jour viendra de Romain Gavras, Le Capital de Costa-Gavras], et du coup, j’avais envie de réaliser et il me fallait un petit film pour me faire la main et montrer ce que je pouvais faire. J’ai donc repensé à ce projet et voilà.”

Sur le tournage du premier de ces longs métrages, Karim Boukercha a réalisé un court métrage documentaire servant de faux making-of, qui donne un peu le ton de ce que, lui, veut faire.

Vincent Cassel adore, et lui dit : “Si un jour, tu veux faire un truc de fiction, n’hésite pas à m’en parler“. Il le fait donc, lui présentant une première idée vaguement, qu’il aime bien, puis une deuxième fois en racontant tout l’aspect social derrière. Banco. Difficile alors de ne pas avoir La Haine en tête.

“Au départ, ce n’était pas du tout ça, mais avec Vincent dans le projet, je me suis dit que ça ferait sens de faire un clin d’œil à son personnage dans La Haine qui fait partie de notre patrimoine filmiquecomme si on suivait Vince vingt ans plus tard en fait.”

Le projet se concrétise, et alors que Karim Boukercha est en plein repérage, en janvier 2015, le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo a lieu, remettant en cause beaucoup de choses. Le tournage devait se faire avec de vrais policiers, qui sont après coup plus frileux, forcément. “On n’arrivait plus à trouver de burqa, pour te dire”, explique le cinéaste. Le tournage se passe finalement très bien, et voilà que le court métrage suit sa petite vie, de festival en festival, jusqu’à atterrir sur Dailymotion le 5 septembre 2016. Une pépite à ne pas rater tant qu’il est en ligne, pour une durée encore indéterminée.

On retrouvera le travail de Karim Boukercha sur grand écran bientôt, puisqu’il travaille sur son premier film et qu’il a travaillé sur le prochain film de Romain Gavras.