Top films 2015 : les coups de cœur très subjectifs de la rédac

Top films 2015 : les coups de cœur très subjectifs de la rédac

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Par Ariane Nicolas

Publié le

Après notre top 19 des films à avoir vus en 2015, voici un top plus subjectif réalisé par les journalistes de Konbini, chacun de leur côté.

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Pour célébrer la fin de l’année 2015 et le passage tant attendu à 2016, nous avons publié une première sélection des films à avoir vus cette année. Ce top 19 était assez consensuel, pour ne pas dire généraliste. Mais au fond de notre petit cœur, nous avons tous craqué pour un ou quelques films, et pas forcément aussi incontournables que Star Wars.

Voici donc les coups de cœur très subjectifs des journalistes de Konbini (enfin, d’une partie de la rédac, l’autre partie se la coulant douce en vacances outre-Atlantique et en Australie).

À lire -> Les 19 films de 2015 qu’il ne fallait pas manquer

Naomi Clément

Vice Versa (Pete Docter)

Je le sais, je suis une cible idéale pour Pixar, Disney et autres DreamWorks : le mot “mignon” fait partie de la top list de mes adjectifs préférés, rire constitue l’une de mes activités favorites et j’adore les happy endings. Depuis Shrek (2001, déjà…), je n’ai cessé de suivre les aventures de ces personnages en 3D, du Monde de Nemo à La Reine des Neiges en passant par Dragons et Rio – et j’attends avec la plus grande impatience la sortie de Zootopia.

Comme vous pouvez donc l’imaginer, je suis, dès les premières secondes, tombée sous le charme de Joie (version euphorique et parlante de la Fée clochette), de Tristesse et de leurs petits camarades. Non seulement parce qu’ils sont MIGNONS, mais aussi et surtout parce que la façon dont ils personnifient nos émotions m’a touchée.

Sorte d’introspection dans les méandres de notre subconscient, Vice Versa est un pur moment de douceur, qui rappelle avec force et humour que, si les émotions humaines sont nombreuses, complexes et parfois difficiles à gérer (coucou la dépression), elles sont aussi et surtout le lien immatériel et psychique qui nous anime et nous connecte tous. Si vous avez versé une larme pour Bing Bong, nous sommes connectés.

Montage of Heck (Brett Morgen)

Allons-y franco : mis à part “Smells Like Ten Spirit” et les circonstances de sa mort, je ne connaissais pas grand-chose de Kurt Cobain. J’étais, à l’époque, bien trop concentrée à essayer de mémoriser les paroles et les chorés de nos chères Destiny’s Child. C’est donc sans attentes ni aucun a priori que je me suis rendue à la projection de Montage of Heck, encouragée et accompagnée par mon réd chef Louis Lepron.

Malgré mon sérieux manque de notions en la matière, le réalisateur Brett Morgen est parvenu à capter toute mon attention, et ce pendant les 132 minutes de ce super docu. Il y a l’histoire, bien sûr, à la fois tragique et passionnante de Kurt Cobain, de son amour pour la musique et pour, semble-t-il, l’auto-destruction.

Mais c’est aussi la façon dont le tout a été construit qui m’a captivée : les images de reconstitution en animation mêlées aux cahiers griffonnés du chanteur et guitariste, en passant par de vieilles cassettes VHS qui nous plongent sans aucun filtre dans l’intimité tumultueuse du couple Kurt Cobain-Courtney Love… Un documentaire que je recommande, y compris aux passionnés de R’n’B.

Crazy Amy (Judd Apatow)

Comme indiqué plus haut, rire constitue l’une de mes activités favorites et j’adore les happy endings. Que rajouter, si ce n’est qu’Amy Schumer et sa chorégraphie finale de cheerleader dépourvue de toute souplesse sont tout à fait géniales ?

Rachid Majdoub

Le retour de licences historiques pour une plongée en enfance

Au-delà d’un film en particulier, mon année 2015 aura été marquée par le retour de nombreuses licences historiques, pour une tendre et excitante plongée en enfance. De la nostalgie, mêlée à un sacré renouveau. Un pont entre le passé et le présent que l’on traverse souvenirs en tête pour entrer, à l’arrivée, dans une bulle émotionnelle.

Et qu’il fut long, ce pont. Avant les sorties de Mad Max: Fury Road, Jurassic World et Star Wars, épisode VII: The Force Awakens, il fallait d’abord surmonter une première étape éprouvante : l’attente. Ca, c’est la période grossesse avant l’accouchement. Dans le rôle de la maman, qui compte déjà plusieurs enfants à son actif : la licence ; dans celui du saint enfant : l’épisode que tout le monde s’apprête à accueillir, lunettes 3D prêtes à être dégainées (même si, tête déjà dans les nuages, on finit par ajouter une nouvelle fois une énième paire à sa collection).

Entre première image, teaser, teaser-trailer, trailer, bande-annonce internationale sous-titrée coréen… la patience a été mise à rude épreuve avec tout un tas d’artifices sur lesquels tu te jettes au départ, et que tu regardes d’un œil à moitié fermé à l’approche du dénouement.

Mad Max: Fury Road a été le premier à allumer le moteur, passant la quatrième vitesse pour nous embarquer dans une nouvelle ride survoltée dans le désert.

Des acteurs (Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult) à la réalisation (sacré George Miller) en passant par les décors, les costumes, les scènes d’action, la post-production, la 3D… J’en suis ressorti ébloui et hautement satisfait, prêt à tout casser à bord de mon buggy virtuel (ou mon Interceptor V8 dans un rêve plus poussé).

Jurassic World a suivi, nous ouvrant les portes d’un nouveau monde.

Le moment que j’attendais, et qui m’a le plus frappé : la musique du thème. Alors que les caméras de Colin Trevorrow suivent l’hélicoptère conduit par le fou propriétaire du nouveau parc, on découvre enfin l’étendue de ce dernier avec un superbe plan sublimé par la magie de la 3D. La musique se lance dans le même temps.

Quand tu entends de nouveau les premières notes de l’un de tes thèmes de films favoris, celui qui a bercé ta jeunesse, tu ne peux qu’avoir les yeux écarquillés et rester bouche bée pendant qu’un frisson te parcourt le corps. Comme un gamin.

Enfin, Star Wars, épisode VII: The Force Awakens est entré dans la lumière.

Certains déçus préfèrent plonger ce nouveau chapitre dans l’obscurité… personnellement, j’ai été conquis, J. J. Abrams réussissant sa mission, à savoir : intégrer de nouveaux personnages hauts en couleurs tout en orchestrant le retour de figures iconiques, tisser des liens entre les épisodes tout en restant fidèle à l’univers de la saga.

En d’autres termes : créer un pont entre le passé, et le présent. 

Ariane Nicolas

The Lobster (Yorgos Lanthimos)

Une dystopie comique aux accents surréalistes qui parle de Tinder, ça vous tente ? C’est le projet fou et magistralement exécuté de Yorgos Lanthimos dans ce Homard au cœur froid comme la pierre. Dans cette contrée imaginaire où il est interdit d’être célibataire, sous peine d’être changé en animal, tout n’est que calculs, espoirs réglés et désirs sur-mesure.

Le petit groupe de célibattants n’affronte ni le nazisme ni Daech, mais une injonction totalitaire à laquelle nous nous soumettons sans réfléchir : le couple. D’une terreur (le célibat), à l’autre (la vie à deux). Outre l’humour pince-sans-rire de The Lobster et la moustache impeccable de Colin Farrell, mention spéciale à Rachel Weisz, renversante en soldate romantique et narratrice sentencieuse (elle est tout aussi formidable dans Youth). Un film meetic à bien des égards.

La Sapienza (Eugène Green)

Cette année, le film le plus dingue et rafraîchissant a été réalisé par un presque vieillard, George Miller, 72 ans et toujours aussi Mad. Mais au rayon des aînés fringants, je retiendrai ici La Sapienza, d’Eugène Green. Assez classique dans sa facture, baigné d’une lumière printanière qui lave joyeusement les yeux, cette sapience nous raconte l’histoire d’un couple en quête de renouveau. Une cure de jouvence que ces quadras trop urbains trouvent en Italie. Les dialogues sont comme au théâtre, les bâtisses trop belles pour être vraies et les êtres de passage d’une bouleversante étrangeté, mais c’est dans ce décalage que le duo parvient à se ressourcer. Lumineux.

Théo Chapuis

Groland, le Gros Métrage (Christian Borde et Benoît Delépine)

Groland, le Gros Métrage ne marquera jamais l’Histoire du cinéma. Mais qui a dit qu’un film devait être un chef-d’œuvre pour qu’on l’aime d’amour ? Pendant une heure trente, Christian Borde et Benoît Delépine (aka Jules-Edouard Moustic et Michael Kael) font tout ce qu’ils peuvent pour ensevelir un récit absurde sous des pelletées de vannes plus lourdes les unes que les autres. Pari réussi : le Gros Métrage est un film très con – et ils ne nous ont pas dit le contraire.

Alors pourquoi ça vaut le coup ? Parce que Groland représente une certaine idée de la province qu’on ne voit jamais sur les écrans, mais qui existe pourtant bel et bien : la France des PMU, des petits villages désertés, des conventions de danse country ; la France des maisons grises, des fringues ringardes, des vieux, des moches, des pauvres ; celle qui n’a pas de musée à proximité ; celle qui n’a pas demandé de se retrouver sur le tracé d’une autoroute reliant des grandes villes dans lesquelles on ne l’invitera pas à habiter ; celle qui n’ose plus prendre la parole à force qu’on ne lui donne jamais ; celle qui picole pour oublier qu’elle se fait chier.

Groland, le Gros Métrage, ce n’est pas un Leos Carax, ce n’est pas un Haneke, ce n’est pas un film qui recueillera les critiques les plus dithyrambiques ni ne déchaînera les débats les plus passionnés. Mais Christian Borde et Benoît Delépine signent une fable foutraque et rabelaisienne, irrévérencieuse et débile, faisant de la grossièreté gratos et de l’humour pipi-caca une forme d’art à nulle autre pareille. À jamais,“Groland, je mourrirai pour toi”. Banzaï !

Thibault Prévost

Turbo Kid (François Simard, Yoann-Karl Whissell, Anouk Whissell)

L’Apocalypse nucléaire a eu lieu. Le monde est un champ de ruines, où règne la loi du plus fort. L’année : 1997. *Insérez riff de synthés ici* Inconnu en France, le film du collectif québécois RKSS a pourtant tout pour exploser les scores : une nomination à Sundance, un solide 88% sur Rotten Tomatoes, Michael Ironside virtuose dans son éternelle partition de méchant des années 80, une folie rétro-futuriste à faire passer Retour vers le Futur pour un film d’auteur, des BMX, une bande-son à mi-chemin entre Justice et un générique de K2000, de la violence gratuite, de l’hémoglobine au ketchup et des clins d’œil pop multipliés jusqu’à l’épilepsie. Si le film de genre contemporain avait un chef-d’œuvre, ce serait celui-ci.

Ex Machina (Alex Garland)

Bientôt, l’être humain mettra au monde la première intelligence artificielle et, avec elle, ouvrira grand l’enclos des connaissances infinies. Dans Ex Machina, Alex Garland filme un Frankenstein biomécanique et met en place un trio sentimental inédit entre un nerd milliardaire rendu mégalo par son œuvre, sa ravissante créature robotique et un jeune analyste trop subjugué par la machine pour en percevoir les dangers.

Sur la forme, un huis clos pervers dans un aquarium de verre et d’acier. En fond, une réflexion terriblement concrète sur les récifs de l’IA. Et l’impression d’assister, d’en haut, à une répétition générale avant l’avènement inéluctable d’une divinité informatique. Si elle prend les traits d’Alicia Vikander, l’espèce humaine peut faire ses prières.

Scientologie, sous emprise (Alex Gibney)

Une standing ovation à Sundance, trois Emmy Awards, un réalisateur harcelé, une campagne de déstabilisation en ligne et, pour finir, un chœur de louanges dans tous les médias internationaux : avec Scientologie, sous emprise, Alex Gibney est devenu à la scientologie (sans majuscule) ce que Roberto Saviano est à la Camorra. Une blessure, dont la béance défigure la silhouette de l’église qui n’en était pas une. Protocoles, structure, secrets de fabrication, ce documentaire déshabille l’organisation jusqu’à la nudité et l’expose dans une cage de verre. Dépossédée de son armure de secret, la scientologie apparaît fatiguée, en pleine crise de renouvellement, entravée dans sa propre autarcie. Nécessaire et magistral.

Juliette Geenens

Montage Of Heck (Brett Morgan)

Dans ce documentaire, Brett Morgan met en lumière Kurt Cobain, génie torturé du grunge, porte-parole esclave d’une génération sans avenir et couronné malgré lui par des médias en manque d’un martyr charismatique. Il y dépeint un portrait poignant grâce aux récits de quelques-uns de ses proches : Courtney Love, Krist Novoselic, Tracy Marender (sa première petite amie), sa sœur, ses parents, sa belle-mère.

Avec toute son équipe, Brett Morgan a fouiné dans une quantité astronomique d’archives laissées par Kurt, dont évidemment, son journal mais aussi des cassettes, des démos, des lettres, des dessins… Créer un aperçu de ce qui se passait dans ce cerveau bouillonnant, c’était là le but ultime du réalisateur. Le rendu visuel a des airs du film psychédélique The Wall de Pink Floyd. Entre images de concerts, de tournage de clips et des vidéos intimistes du couple Cobain/Love en train de couper les cheveux de leur petite fille, le ton est juste, authentique mais sans aucune pudeur.

Montage Of Heck nous raconte l’enfance meurtrie du frontman de Nirvana, la genèse de ce groupe symbole d’une jeunesse en marge de l’époque dans laquelle elle évolue. Mais c’est surtout le récit d’un être fragile et perturbé, plongé dans le cycle infernal de la médiatisation, années MTV obligent. Un drogué, un paumé qui ne savait s’exprimer que par sa musique. Ce documentaire, qui ne ressemble à aucun autre, dérange et appuie là où ça saigne. On en sort des nœuds dans le ventre, entre l’envie de vomir et de pleurer. Un film qui parle à ceux qui ne connaissent rien de Kurt Cobain, et qui brise le cœur des fans, encore.

Anaïs Chatellier

Mustang (Deniz Gamze Ergüven)

Si je devais choisir mon film préféré de 2015, je dirais sans hésitation qu’il s’agit de Mustang, le premier long métrage de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven. Féministe oblige !

Ce Virgin Suicides turc, qui se place dans un contexte particulier où la situation des femmes turques semble s’être dégradée, nous plonge dans l’univers de cinq sœurs séquestrées par la société patriarcale. Avec lui, la réalisatrice nous met face à cette terrible tradition du mariage forcé dont notre jeunesse française semble être épargnée, en mettant en scène une fratrie féminine qui aspire à la liberté. Malgré le sujet dramatique que Mustang aborde, on se surprend à éclater de rire dans des scènes pleines d’humour.

The Voices (Marjane Satrapi)

Mais comme je ne suis pas qu’une féministe reloue qui regarde uniquement des films qui dénoncent par leur histoire les inégalités homme-femme, j’ajouterais The Voices, qui se détache du lot 2015 pour son originalité. Parce que c’est à la fois macabre, drôle, noir et coloré, kitsch et désinvolte ; parce que Marjane Satrapi propose un film aussi schizophrène que son personnage principal ; parce que c’est peut-être le premier rôle intéressant de Ryan Reynolds et qu’il est vraiment top en trentenaire simplet complètement taré ; parce que la chanson “Sing a Happy Song” aura résonné dans ma coloc’ pendant tout le mois de mars et d’avril jusqu’à (grande) saturation ; parce que des animaux qui parlent, c’est quand même cool ; mais surtout parce que j’ai toujours su que les chats nous manipulaient et qu’ils finiraient un jour par dominer le monde.