Tomorrow is gonna be OK : quand les jeunes de East LA s’en sortent grâce au skate
Tomorrow is gonna be OK : quand les jeunes de East LA s’en sortent grâce au skate

Tomorrow is gonna be OK : quand les jeunes de East LA s’en sortent grâce au skate

Par Konbini avec PickleTV

Publié le

Dans les quartiers délaissés de East LA, un quinquagénaire latino, ex-voleur de voitures et ancien taulard, redonne espoir aux kids de sa communauté grâce au skate. Tomorrow is gonna be OK, disponible sur Pickle TV, la nouvelle offre vidéo d’Orange, nous embarque sur les traces de ce skater au grand cœur.

Après s’être intéressé au motocross et au foot américain, le réalisateur Nan Feix a récemment décidé de balader sa caméra dans le monde du skateboard pour Spicee. Mais contrairement à ses précédents docu, pas question cette fois de s’intéresser aux pros de la discipline. Le Français a choisi de s’intéresser à un skateshop bien particulier, The Garage, et au rôle unique qu’il joue au sein de la communauté. Celui-ci se trouve en plein cœur de East LA, un “quartier” de plus de 120 000 habitants, dont 97 % sont d’origine latino ou hispanique. Depuis plusieurs années, Jerry et sa femme Patty ont fait de leur boutique une sorte de sanctuaire pour les jeunes du quartier passionnés de skate et souvent issus de familles monoparentales.

La “Love Story” entre le skate et les kids de LA

Jusque-là, rien de nouveau. Après tout, le skateboard a toujours été un refuge pour ses pratiquants, pros ou amateurs – il suffit de penser aux Z Boys, ces jeunes qui ont inventé le skate moderne dans les années 1970. D’ailleurs, eux aussi étaient issus de quartiers pauvres de la métropole américaine. Pourtant, la différence est de taille entre les Lords of Dogtown et les jeunes que Jerry prend sous son aile. Alors que les premiers étaient de purs rebelles bien décidés à ne pas rentrer dans les clous en skatant les piscines vides du voisinage ou en imposant leur nouvelle manière d’exécuter des figures, les jeunes qui fréquentent le Garage ont justement besoin du skate pour garder leurs repères. Ils viennent après l’école, font leurs devoirs entre deux sessions sur la mini-rampe installée au cœur du shop et les font viser par Jerry ou par un autre skateur plus âgé. Quand leur travail scolaire est validé, les jeunes gagnent quelques points, qu’ils pourront bientôt convertir, en bons d’achat pour le shop, par exemple.

Jerry, le skateur au grand cœur

En 55 minutes, Nan Feix prend le temps de nous plonger dans le quotidien de ce shop pas comme les autres, et dans celui des jeunes qui le fréquentent. Ils s’appellent Cricri, Cholo, Kevin ou Sharky et chacun a ses propres galères. Tous ont le skate chevillé au corps, et besoin d’un coup de main pour échapper à la violence des gangs, qui n’est jamais très loin. Mais le film s’attarde surtout sur le positif, sur cette quête entreprise par Jerry. Une sorte de rédemption qui le pousse à rendre plus facile la vie de ces jeunes, à qui il a un jour ressemblé. Au volant de son camion noir mat, Jerry écume ces quartiers est de la Cité des anges, et se souvient des commerces dans lesquels il allait voler de quoi manger. Il reprend les rues où, dans une autre vie, il volait des voitures pour un garagiste du coin. En s’impliquant tous les jours avec ses skateurs, il compte bien leur éviter de devoir en arriver là.

Dans l’Amérique méprisée par le Président

Cette plongée dans la communauté latino, c’est aussi un regard sur une certaine Amérique, reléguée au second rang. Impossible, en entrant dans leur quotidien, de ne pas évoquer Trump, ce président qui les traite “de voleurs, de violeurs, de criminels”. Impossible de ne pas voir la violence qui se cache derrière ces situations individuelles. Celle de Kevin, un jeune né sur le sol des États-Unis (et qui bénéficie de la nationalité) alors que sa sœur aînée est clandestine. Celle de Cholo, qui “se crée” son propre travail en se faisant tour à tour cireur de chaussures ou jardinier, tout en poursuivant ses études. Plus jeune, l’ado dealait, à la solde de gangs. Aujourd’hui, il va intégrer l’université. Les très beaux plans finaux, qui s’attardent sur lui, résument à eux seuls tout l’engagement de Jerry et du Garage : un avenir qui s’annonce meilleur, alors que Cholo grandit et semble prendre son indépendance vis-à-vis de Jerry.

Mais le Garage, c’est avant tout une histoire de solidarité. Ainsi, si chaque skateur est confronté à ses propres difficultés, tous se retrouvent lors d’événements particulièrement importants. Tout le groupe part notamment en compétition le temps d’un week-end – et rentre à la maison les bras chargés de trophées. Plus symbolique encore, les jeunes du Garage défilent lors de la Mexican Independence Day Parade, drapeaux en main et planches sous les pieds. À travers ces petits bouts de vie, Nan Feix dresse le portrait d’un beau combat, celui d’un homme qui a décidé de faciliter la vie des jeunes de son quartier, même si le président de son pays n’est pas de son avis. Bref, grâce à Jerry, un paquet de jeunes peut se dire que “demain, ça ira”.

Tomorrow is Gonna be OK, de Nan Feix, est déjà disponible sur la nouvelle offre d’Orange, Pickle TV.