C’est l’anniversaire de Tom Cruise : retour sur 6 films qui ont fait sa légende

C’est l’anniversaire de Tom Cruise : retour sur 6 films qui ont fait sa légende

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Par Louis Lepron

Publié le

56 ans, ça se fête.

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Tom Cruise est l’un des acteurs les plus influents au monde. Voilà, c’est dit. Oui, le mec qui a traversé les années 1980 et 1990, continue, encore en 2018, à faire partie des plus belles affiches du septième art, passant sans sourciller d’un cinéma torturé, indépendant, à un cinéma d’action propre à commander en masse du pop corn.

À l’occasion de ses 56 ans, et à quelques jours de la sortie de Mission impossible : Fallout, on a décidé à la rédaction de revenir sur 6 de ses films qui nous ont le plus marqués. Parce que s’il a traversé l’histoire du cinéma, Tom Cruise a avant tout traversé nos vies, à travers une pléiade de performances et sous la direction de réalisateurs aussi iconiques les uns que les autres.

Collateral – 2004

En 1994, Tom Cruise campait son premier rôle de “méchant” (et encore) avec le très bon Entretien avec un vampire. Mais il faudra attendre 2004 et le film de Michael Mann, Collateral, pour que notre Tom à nous ait enfin son rôle de “real bad guy”, d’un vrai sociopathe : Vincent.

Ce long, un des, si ce n’est le meilleur du réalisateur, décrit la longue nuit que Max (Jamie Foxx), chauffeur de taxi, doit vivre avec Vincent tandis que ce dernier enchaîne les contrats à exécuter. Ici, le tueur à gage est froid, discret, efficace. Le cheveu grisonnant presque autant que son costume un poil trop grand, le bonhomme semble sortir directement de la fin des années 1990. Pas le genre de sociopathe que l’on attend dans un thriller de cette ampleur.

Et c’est en cela que Tom Cruise brille. Lui qui était habitué à savoir se mettre tant en avant, apprend ici à faire peur, et dans le même temps à presque être attachant, avec un jeu franchement sobre. Et ça fait plaisir.

Arthur Cios

Eyes Wide Shut – 1999

Il y a avant tout cette scène, marquante. Tom Cruise marche dans une rue mal éclairée de New York. À la musique, les notes de piano stressantes d’un morceau de György Ligeti. Des voitures défilent, et l’acteur américain continue sa marche, sans qu’on sache vraiment ce qu’il fait, pourquoi il se sent épié (à juste raison) et quelle est sa destination.

Il hèle un taxi, qui le refuse. Se retrouve alors à nouveau seul, perdu. La note se fait plus forte : la personne qui le suit lui fait enfin face. Kubrick le filme de loin, laissant son acteur dans une inquiétude toute paranoïaque.

Dans Eyes Wide Shut, sorti en 1999 dans les salles, Tom Cruise et Nicole Kidman sont enlacés autant qu’ils se font face. Le génie de Stanley Kubrick en vient à choisir deux des plus grandes stars de l’époque pour raconter l’histoire d’un jeune couple bourgeois dans les méandres psychologiques de la grosse pomme.

Problèmes conjugaux, société secrète, manipulations, fantasmes, rêves et cauchemars : on croit voir à l’écran les affres de la vie de Tom Cruise, alors en difficulté avec son épouse de l’époque, lui qui est déjà, au même moment, en prise avec la scientologie. En résulte l’un de ses rôles les plus marquants de sa carrière, sorte de miroir fictionnel de sa vie, donnant libre cours à une performance puissante tant elle est troublante.

Louis Lepron

La Guerre des mondes – 2005

Quand un acteur passe devant la caméra de Steven Spielberg, on l’oublie rarement. Et quand l’acteur référence des blockbusters rencontre le créateur du genre, encore moins. La Guerre des mondes, c’était un peu le highlight 2005 de Tom Cruise, entre un Collateral et un troisième volet de son rôle phare, Mission : Impossible. Ici, il est sublimé par les images rouges brûlantes et splendides de l’apocalypse.

Aussi, et forcément comme dans n’importe quel Steven Spielberg, Tom Cruise y campe un père dévasté et protecteur. Il trouve ici l’un de ses plus beaux rôles dans le chaos, noir et monstrueux, prouvant encore une fois qu’il serait très à l’aise en quittant son tapis rouge hollywoodien pour faire de l’ombre à Usain Bolt sur une piste d’athlétisme.

Lucille Bion

Le Dernier Samouraï – 2003

Brillamment réalisé par Edward Zwick, Le Dernier Samouraï montre à quel point Tom Cruise sait s’adapter à l’univers dans lequel il est plongé et se fondre dans son décor. Tout en nous arrachant (presque) une petite larme, grâce à la profondeur des émotions dégagées par, plus qu’un acteur, un mec engagé et valeureux.

Vétéran traumatisé de la guerre de Sécession, il s’exile au Japon et se retrouve recruté par l’empereur Meiji pour devenir son conseiller militaire. Mais Tom, aka Nathan Algren, a un cœur. Après avoir été capturé par des opposants samouraïs lors d’une bataille perdue par l’armée nippone, il se retrouve séduit par l’état d’esprit et les valeurs de ses ravisseurs. Le British naturalisé américain rejoint alors les rangs de la rébellion menée par Katsumoto (Ken Watanabe).

Tom a épousé la cause des samouraïs et ce, littéralement. Investi, il a exécuté la totalité de ses cascades, comme il nous en a donné l’habitude. Jusqu’à être à deux doigts de se faire décapiter par la lame d’un katana. Perfectionniste jusque dans la pointe de ses cheveux mi-longs, il s’est, en plus d’un entraînement intensif de quatre heures par jour pendant huit mois, imprégné du code de conduite des samouraïs : le bushido et ses sept grands principes.

Honneur, courage, vérité, politesse, compassion, courtoisie et sincérité. Voilà les valeurs qui ont fait de Tom Cruise un véritable samouraï, qui a fini par me toucher en plein cœur avec un intense coup de larme.

Rachid Majdoub

Magnolia – 1999

Regard bleu de gel, mâchoire d’acier, voix assurée et catogan gominé parfait… Qui d’autre que Tom Cruise aurait pu être aussi convaincant dans le rôle de Franck T.J. Mackey, coach de vie brutal et ouvertement misogyne ? “Séduis et détruis”, exhorte-t-il ses fans par le biais de l’écran de télévision, avec force métaphores génitales. Monstre masculiniste avant l’heure, Mackey offre à Tom Cruise son rôle le plus violemment sexuel – alors qu’il ne pose pas même la main sur une femme pendant tout le film.

Tout à son rôle de star du développement personnel option giclures de testostérone, il faut aussi noter la relation très tendue entre Mackey et son père, qui se retrouvent des années après s’être perdus de vue. Un cas d’école dans l’histoire des rôles de “décomposition” : Tom Cruise lui-même a vécu une longue séparation avec son père et ne l’a retrouvé que peu avant sa mort, lorsqu’il n’avait que 22 ans. Il en a souffert et s’est beaucoup exprimé sur le sujet dans ses premières interviews. Il inaugurera son étoile sur le Walk of fame un an plus tard, en 1985.

Au-delà de la catharsis, dans ce rôle compliqué pour Magnolia, il rentre à la fois dans la case que les médias lui assignaient à l’époque, star de cinéma hypersexuée et objet de toutes les convoitises paparazzesques des tabloïds, tout en campant un personnage à la fragilité et à la profondeur insoupçonnées. Joli pied de nez, non ?

Théo Chapuis

Tonnerres sous les Tropiques – 2008

Nous sommes en l’an de grâce 2008. Lorsque Ben Stiller et sa clique de gentils abrutis sortent Tonnerre sous les Tropiques, majestueuse opération de foutage de gueule du cinéma hollywoodien camouflée en sorte de juke-box de blagues à Toto à gros budget, Tom Cruise n’était plus qu’un scientologue surexcité qui jouait alors dans l’indigent Walkyrie – bref, un type perdu pour la cause, dont on n’espérait plus qu’un soudain accès de mutisme qui l’aurait tenu éloigné de la vie médiatique.

Mais un miracle a lieu : Cruise ressuscite en Les Grossman, producteur hollywoodien porcin à souhait (les anglicistes auront noté que son nom signifie littéralement “le type dégueulasse”), inculte, semi-chauve et complètement répugnant (que revoir en 2018, dans un monde post-Weinsteinien, laisse un drôle de goût en bouche). Un personnage entièrement concocté par Cruise, que Ben Stiller laissera soigneusement jouer les agents du chaos dans son final cut.

Avec ce rôle, l’acteur sauve sa carrière et sa réputation tout seul comme un grand, en étant non seulement hilarant mais en faisant preuve d’une étonnante capacité d’autodérision. Savoir se moquer de soi est une chose, le faire pendant sa traversée du désert et en dansant sur du Flo Rida est autrement plus éreintant.

Thibault Prévost