Thylacine présente Transsiberian, un concept-album dépaysant

Thylacine présente Transsiberian, un concept-album dépaysant

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Par Thibault Prévost

Publié le

Le chef d’orchestre électronique français dévoile Transsiberian, composé en 13 jours à bord du Transsibérien. Une performance immortalisée à travers un mini-documentaire.

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9288 kilomètres, 105 gares, 13 jours de voyage. Le Transsibérien n’est pas qu’un train, c’est une épopée sur rails. De Moscou à Vladivostok, c’est un fil tendu entre l’Europe et le Pacifique qui brave les reliefs et les climats pour emporter dans ses rames les accros au lointain. Thylacine fait partie de ceux-là.

Le marsupial électronique français, William Rezé à l’état civil, déjà assis sur trois beaux EP, a composté son billet au départ de Moscou en mai dernier pour l’Est profond, suivi par les caméras d’Eden pour la plateforme Nouvelle Ecritures de France Télévisions. Son défi : atteindre le terminus avec un album, composé au fil de ses rencontres sonores, et un mini-documentaire pour témoigner de son processus de création. Le résultat, dévoilé le 27 novembre, se prénomme Transsiberian.

Chant polyphoniques et annonces en gare

Le long de ces dix pistes, les arpèges éthérés caractéristiques de l’Angevin côtoient les éclats sonores pêchés au cours de son itinéraire, entre coups de sifflets et annonces sonores en gare. Le martèlement sourd des wagons sur les voies devient la base entêtante du morceau d’ouverture, Train; une chorale polyphonique rencontrée à Irkoutsk donne son nom – et son sample – à l’un des titres; Chaman nous assoit au bord du feu, dans les steppes, et nous berce lentement de chants liturgiques inconnus.

Mis bout à bout, ces dix fragments dressent la chronique sonore d’un trajet hors du temps, fait à la fois de réel et de fantasmagorique, de rendez-vous organisés et de face-à-face déconcertants.

Thylacine, que nous avions rencontré en juillet dernier lors de son passage au festival Osheaga de Montréal, nous parlait alors d’un “projet assez spécial, où les images se mêlent à la musique”. “Je préfère puiser dans le réel plutôt que de fabriquer des choses”, expliquait-il, “car des choses hyper fortes existent déjà, partout autour de nous”. Une philosophie de création illustrée dans le webdocumentaire en dix épisodes, diffusé sur la plateforme IRL-Nouvelles écritures de France Télévisions depuis le 6 novembre.

Une équipe vidéo réduite suit le musicien dans ses pérégrinations, aussi bien à l’extérieur du train que lors de ses 160 heures passées à composer, son clavier sur les genoux, en regardant défiler les steppes par la fenêtre. Au fil des étapes, on assiste à la naissance des compositions, leur structure fragile se faisant de plus en plus solide avec les kilomètres et les heures avalées. Seul dans ce train mythique, Thylacine nous raconte son voyage dans sa langue favorite, celle des mélodies et du sampling. Et Transsiberian, éloge du lointain, nous emporte sur ses rails de brume.

Article écrit le 2 décembre et mis à jour le 7 décembre 2015.