The Aces, le quatuor made in Utah qui prend d’assaut la scène pop indé

The Aces, le quatuor made in Utah qui prend d’assaut la scène pop indé

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Par Florian Ques

Publié le

Cristal, Alisa, McKenna et Katie. À elles quatre, ces vingtenaires dynamiques forment The Aces, groupe 100 % pop à l’optimisme irrémédiablement contagieux. Alors que leur album inaugural When My Heart Felt Volcanic est enfin disponible, on a rencontré ces artistes en herbe qu’on risque d’entendre encore longtemps.

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Disséminés à travers le globe, des States jusqu’aux Philippines, leurs fans prennent un malin plaisir à les désigner comme la rencontre fructueuse entre The 1975 et les sœurs Haim. Une réflexion qui prend tout son sens dès lors qu’on s’immerge dans la discographie de The Aces, quatuor américain dont l’énergie communicative et la sensibilité font forcément écho aux artistes évoqués précédemment. Pourtant, et heureusement, le groupe aspire à devenir bien plus que ça.

Leurs noms ? Cristal et Alisa Ramirez, McKenna Petty et Katie Henderson. Originaires de la ville de Provo dans l’Utah, elles collaborent depuis ce qui semble être une éternité. “Dans ma mémoire, il n’y a jamais eu un seul moment où nous n’étions pas un groupe”, affirme Cristal, la chanteuse et de facto leadeuse du quatuor. Aujourd’hui, à l’aube de la vingtaine, les membres de The Aces s’éclatent à produire leurs sons rythmés depuis leurs années en école élémentaire.

Une amitié fondamentale

Avec le temps, les filles ont grandi et mûri. The Aces, leur groupe, leur “bébé” comme elles aiment le qualifier, a inévitablement occupé une place prépondérante dans leur transition de l’adolescence jusqu’aux prémices de l’âge adulte. Un point d’ancrage, une béquille sur laquelle elles pouvaient s’appuyer quoi qu’il advienne. C’est en tout cas ce qu’avance Cristal durant notre interview :

“Le groupe a toujours fait partie intégrante de notre identité. Ça a été comme un refuge où on pouvait se replier. Qu’importe ce qui change dans nos vies, je sais qu’on fait partie de The Aces. Je sais que j’ai les filles, je sais que j’ai le groupe. Ça n’a jamais changé, ça n’a jamais vacillé, on ne s’est jamais séparées. On ne s’est même jamais posé la question. C’était toujours comme une amitié fondamentale qu’on a toujours eue.”

Un sentiment d’unité qui se ressent jusque dans leur façon de travailler. En dépit de leurs différences, aussi bien sur le plan personnel qu’au rayon de leurs influences musicales hétéroclites, le “club des quatre” s’est rapidement adapté. “Je pense que quand on était plus jeunes, on était un peu plus caractérielles dans le sens où on se disputait davantage”, se remémore Cristal Ramirez. Mais ça, c’était avant. Elles ont fait du chemin et, maturité oblige, parviennent à mieux composer avec leurs singularités, à tel point qu’elles en deviennent leur véritable force.

Artistes polyvalentes affirmées, les musiciennes de The Aces ont leur propre façon de fonctionner. Cristal et Alisa, les deux sœurs de la bande, planchent sur la mélodie et les paroles, s’occupant grosso modo du squelette de leurs morceaux. Viennent ensuite se greffer Katie et McKenna, leurs amies d’enfance, qui bossent davantage sur la production grâce à leurs instruments fétiches, la guitare et la basse respectivement. “Quand on prend des décisions ensemble, c’est parfois une épreuve pour qu’on soit comblées toutes les quatre, concède Alisa, parolière et batteuse. Et quand on fait une chanson dans laquelle on se reconnaît toutes, alors c’est universel”.

Premiers émois et influences 80’s

C’est ainsi qu’est né When My Heart Felt Volcanic, le premier album estampillé The Aces. Une tracklist composée de treize morceaux, parmi lesquels une poignée de titres entêtants que le public a pu écouter en amont sur Spotify ou d’autres plateformes de streaming. Il y a d’abord eu “Stuck”, un tube résolument énergique évoquant ces relations qui stagnent et vous tourmentent qu’on a tous connues. Ce fut ensuite au tour de “Physical” de faire vibrer nos haut-parleurs, avec sa mélodie 80’s enjouée qui contrebalance les propos doux-amers de la chanson, retraçant une relation essentiellement charnelle vouée à l’échec.

C’est d’ailleurs là que réside la magie de The Aces, soit dans son habileté à allier une instrumentale dynamique qui invite à danser avec la tonalité désabusée des paroles. Paroles qui, mine de rien, peuvent parler au plus grand nombre. C’est aussi l’avis de Cristal, qui réitère la volonté d’universalité de leurs chansons :

“Je pense que la majorité des titres de l’album parlent définitivement du passage à l’âge adulte. Quand tu es à la fin de tes années ado ou dans la vingtaine, tu traverses tout un tas de relations différentes et toutes ne sont pas nécessairement romantiques. Beaucoup de premières fois qui peuvent te briser le cœur parce que tu n’as jamais connu ça avant. Tu as l’impression que c’est la fin du monde. Plus tu grandis, plus tu te dis que tu as déjà traversé ça et ça devient plus facile. J’ai l’impression qu’on raconte ces histoires-là en essayant d’être le plus honnêtes possible sur ce qu’on a ressenti nous-mêmes.”

Plus les semaines passent, plus le quatuor de The Aces parvient à se faire un nom dans le domaine toujours grandissant de la pop indé, non sans quelques accrocs. “Beaucoup de gens pensent qu’on ne joue pas réellement de nos instruments, reconnaît McKenna, bassiste, avec regret. Ou bien ils pensent qu’on ne fait que chanter, ou alors qu’on nous a formées comme un girls band.” Un triste constat que partage Alisa : “C’est agaçant, mais je pense qu’on se fait beaucoup sous-estimer, souvent par des hommes d’ailleurs.” Mais cela ne les effraie pas, bien au contraire. “Il y a un côté excitant quand même, on peut leur montrer que nous ne sommes pas des stéréotypes.”

En mars 2018, les filles sont venues irradier la scène intimiste du Pop-Up du Label dans le 12e arrondissement parisien, partageant leur optimisme vibrant avec une petite foule qu’elles n’ont pas hésité à rencontrer à l’issue du concert. Chaleureuse au possible, la bande a conscience de son ascension progressive mais ne compte pas laisser cette success-story lui monter à la tête, comme l’atteste finalement Alisa :

“On essaie tout le temps de garder les pieds sur terre, de se montrer bienveillantes et de s’entourer avec une énergie similaire. Je pense qu’on attire ce qu’on est, et si tu es authentique et bosseur et sincère, alors d’autres personnes du même acabit vont vouloir travailler avec toi et être dans ta vie.”

Un mantra inspirant, à l’image du premier album solaire de The Aces.

When My Heart Felt Volcanic est disponible depuis le 6 avril 2018 sur iTunes, SoundCloud et Spotify.