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Test de Ghost Recon Wildlands : une incroyable claque visuelle

Test de Ghost Recon Wildlands : une incroyable claque visuelle

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Par Théo Mercadier

Publié le

Ubisoft Paris signe un monde ouvert absolument incroyable et bluffant de réalisme, mais que la redondance du gameplay vient parfois plomber. Review.

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Ça faisait 5 ans qu’on l’attendait, le voilà. Le nouveau venu de la grande famille des Ghost Recon étonne par sa carte colossale tout en remettant sur la table le gameplay à la fois tactique et nerveux qui a fait le succès de la franchise. C’est bien simple, tout a été méticuleusement pensé par les studios Ubisoft Paris pour qu’on prenne un plaisir fou à sillonner la map de part en part à la recherche du moindre accessoire ou boost de compétences. Une richesse de fond qui, couplée au mode coop en ligne, parvient en partie à faire oublier le côté rapidement répétitif des missions proposées.

Le joueur prend la tête d’une team de Ghosts dont la mission est de démanteler la Santa Blanca, un cartel de dealers de coke qui a pris en otage la Bolivie pour en faire un “narco-État”. À coups d’opérations ciblées, d’enlèvements et d’arrestations de convois, cette squad de la mort va saper l’organisation par la base et descendre un à un tous ses lieutenants pour remonter jusqu’au big boss, El Sueño (“le rêve”, pour les allemands LV2). Un scénario qui, s’il ne casse pas trois pattes à un canard, a comme gros avantage de transporter le joueur dans une environnement aussi crédible que réaliste, à tel point qu’on a parfois l’impression d’être jeté sans ménagement dans un épisode de Narcos. 

Le souci du détail

“Jeu vidéo” rime aujourd’hui avec “monde ouvert”, que ça vous plaise ou non. Et Ubisoft est plutôt calé en la matière : Assassin’s Creed, Watch Dogs, Far Cry, The Division, au fil des franchises, les studios franco-canadiens n’en finissent pas de perfectionner leur art et d’accoucher de mondes toujours plus vivants et crédibles. Ghost Recon Wildlands ne fait pas exception, mieux, il repousse un peu plus les limites du genre. L’environnement du jeu n’est pas simplement sorti de la tête d’une centaine de geeks enfermés pendant 5 ans dans une cave à boire du Red Bull et à bouffer des lignes de code. Loin de là.

Pour mettre au point l’incroyable monde qui s’étale aux pieds du joueur et retranscrire au mieux l’ambiance locale, les studios ont carrément envoyé une équipe de reporters en Bolivie. Tera octets de photos et de vidéos, prises de son, camping dans la jungle avec les forces spéciales, rencontres avec les populations locales : un travail de fourmis au résultat sans appel. Manette en main, le jeu prend vie sous nos yeux et impose un sentiment de réalité assez bluffant. Du plus petit village à la forêt la plus sombre en passant par le mythique désert de sel bolivien, chaque décor a été minutieusement recréé, chaque arbre modélisé le plus fidèlement possible, chaque chant d’oiseau sélectionné avec soin. Tout simplement bluffant, surtout au regard de la taille de la map qui, avec ses 400 kilomètres carrés relègue celle de Skyrim et ses 40 kilomètres carrés à l’état de timbre poste.

Un gros pouce bleu aussi pour la météo, énième preuve que le souci du détail a été le maître-mot lors de la réalisation du titre. Le jeu n’a jamais été aussi beau que lorsque des trombes d’eau vous tombent sur la tête et transforment le paysage luxuriant de la Bolivie en une terre sombre et glauque. Passé l’averse, le soleil reprend ses droits et ravive les couleurs de la végétation trempée. Un chef-d’œuvre technologique qui place la météo au rang de PNJ à part entière.

Pour explorer tout ça, l’éditeur de personnage laisse libre cours à l’imagination du joueur, qui peut modifier à peu près tous les attributs de son Ghost leader. (Tips : attention à ne pas se planter dans la réalisation du visage, sur laquelle il est impossible de revenir une fois la campagne lancée.) Veste, sac, jeans, chaussures, lunettes, casquette, tatouage et j’en passe : tout est personnalisable. Une fonctionnalité plutôt bienvenue dans un jeu de tir à la troisième personne (TPS), dans la mesure où la caméra est collée derrière le perso pendant 99 % du temps de jeu. Une manière aussi de rentrer un peu plus dans le role play et de véritablement incarner le perso. Psychologiquement, on aura plutôt tendance à se la jouer tactique/infiltration avec un mec tout de noir vêtu qu’avec un gros tank en jeans et débardeur blanc. Subconscient, quand tu nous tiens.

Maintenant quelques critiques sur tout ça, parce qu’il en faut. On regrette pour commencer l’étonnante platitude scénaristique des PNJ et leur réalisation carrément ratée, qui font croire à un transfuge chelou d’une myriade de personnages de 2012 dans un jeu de 2017. Bon.

L’autre point chipotage vient de la relative incohérence qu’il y a à tomber sur des trucs à faire tous les 500 mètres. La carte est immense, on le répète, mais elle est tellement remplie de lieux spéciaux et d’infrastructures que sa crédibilité en prend un sérieux coup. Comment croire qu’un campement de rebelles (alliés) se trouve à deux minutes en voiture d’une base militaire, qui elle-même se trouve à 300 mètres d’un village occupé, bourré de narcos ? Si on reproche à certains open world d’être tout vides, Ghost Recon est frappé de l’exact opposé et fait une clé de bras au réalisme scénaristique.

Un TPS tactique et généreux…

Trêve de poésie, il est temps de rentrer dans le dur. Le système de combat développé par Ubisoft Paris tient toutes ses promesses et offre un large panel d’approches différentes qui permettent d’adopter à peu près tous les styles de jeu, de l’infiltration la plus discrète au carnage le plus complet. Éliminer un à un et discrètement tous les sicarios d’une base, ou y récupérer les données en tirant un minimum de coups de feu, ou encore rentrer dans le tas et renvoyer la stratégie au placard. Vous êtes libres. Pour vous aider, le drone, votre nouveau meilleur copain, permet de repérer les ennemis armés jusqu’aux dents avant de réfléchir à la meilleure stratégie. Plutôt bien foutu, même si l’exercice se révèle vite assez redondant. Nous y reviendrons.

Le drone n’est pas la seule aide fournie par le jeu. Rappelez-vous : vous êtes à la tête d’une team de Ghosts. Dotés d’une IA assez limitée, ils ne viendront jamais surprendre en bien ou en mal mais s’avèrent bien utiles lorsque les choses commencent à chauffer. On aurait quand même préféré qu’ils viennent ajouter un peu de sel aux missions en déclenchant un tir random, ou en se faisant repérer par exemple. Plutôt étonnant de les voir passer devant le nez d’une cible sans que celle-ci ne réagisse aucunement. Les ennemis non plus n’ont pas été gâtés niveau IA : il est tout à fait possible de descendre la moitié du personnel d’une base militaire sans que l’autre moitié ne s’en inquiète. Idem, il n’est pas rare qu’ils passent devant le corps criblé de balles de leur pote sans broncher. C’est pourquoi on ne saurait que trop vous recommander d’augmenter la difficulté du jeu (difficile ou extrême) si vous jouez en solo, sans quoi ce Ghost Recon présente peu de challenge et devient de fait assez chiant.

Côté armes, le jeu est plus que généreux et vous propose pas moins de 80 joujous (fusils d’assaut, snipers, fusils à pompe et armes de poing) tous personnalisables à fond. De la crosse à la lunette en passant par la détente et le canon, tout est modifiable, laissant au joueur un nombre de possibilités assez grisant. C’est aussi l’une des principales sources de motivation pour explorer la totalité de la carte : après avoir violenté un informateur ou récolté des données sur le pupitre d’un prêtre corrompu jusqu’à la moelle, le jeu fait apparaître les points où vous pouvez aller récupérer les accessoires nécessaires à la construction de votre arsenal de la mort. Fuck les kilomètres et la conduite souvent capricieuse, on prend un certain plaisir à traverser la pampa en sachant qu’au bout du périple repose un sniper du turfu capable de faire exploser une mouche à 400 mètres.

… mais vite répétitif en solo

Autant vous dire tout de suite que le mode solo s’avère très répétitif au bout d’une dizaine d’heures de jeu. Les missions de Ghost Recon Wildlands laissent la désagréable impression de se répéter invariablement en ne proposant grosso modo que quatre variantes (extraction de données, assassinat ciblé, sabotage d’éléments stratégiques ou interception de convois). Malgré la variété du paysage et des approches possibles, on se retrouve à faire globalement toujours un peu la même chose :

  1. Choper des infos sur les zones clés d’une province
  2. Aller y repérer les ennemis avec le drone
  3. Les descendre et accomplir l’objectif
  4. Passer à la mission suivante
  5. Répéter assez de fois pour débloquer la localisation du boss de la province
  6. Passer à la province suivante.

La redondance assez flagrante de cette dynamique aurait pu être adoucie en la saupoudrant d’éléments scénaristiques un brin plus convaincants. Un effort qu’Ubisoft Paris ne s’est visiblement pas donné la peine de faire, plutôt surprenant au vu des montagnes de taf fournies pour mettre au point l’incroyable environnement du jeu.

Seul moyen d’échapper à l’ennui qui vous prend au bout d’une quinzaine d’heures en solo : se brancher en coop en ligne et monter une team solide et adaptée à votre style de jeu. Mes potes étant tous soit pauvres soit focalisés sur l’une des 2 000 bombes vidéoludiques sorties ces derniers mois, je me suis assez logiquement tourné vers les groupes Facebook dédiés à la communauté online de Ghost Recon. De quoi tomber sur de nombreux passionnés et d’apporter du sel à l’exploration de ce vaste monde ouvert qui, on ne le répètera jamais assez, est tout simplement scotchant de réalisme et d’authenticité. Alors oui, ce sont les mêmes missions qu’en solo et, oui, l’IA des ennemis reste toujours aussi poussive. Mais ajouter de l’humain dans le jeu est probablement la meilleure des choses à faire et ne pas jouer en coop, c’est tout simplement refuser de donner toutes ses chances à un Ghost Recon qui, malgré certaines tares, reste une véritable prouesse.