Sheffield, l’autre berceau de la musique anglaise

Sheffield, l’autre berceau de la musique anglaise

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Par Théo Chapuis

Publié le

Mettre du synth dans la pop

En fait, c’est dès les années 80 que la scène musicale de Sheffield s’est révélée. Avec The Human League, ABC, Cabaret Voltaire ou encore Heaven 17, la troisième plus grande aire de population britannique a donné le pouls de la synthpop dès 1980.
Rythmiques dance et balbutiements électroniques marquent alors le début d’une décennie marquée par les synthés, que s’approprieront des musiciens de tout le Royaume-Uni, comme du monde entier par la suite.

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Pulp, entre deux eaux

Mais l’enfant prodige de la cité industrielle, c’est Pulp. Mené par l’homonyme Jarvis Cocker (aucun lien de parenté avec Joe), le groupe connaîtra le succès tardivement, au tournant des années 90. Pourtant, dès 1980, ils avaient déjà en eux l’ADN musical de cette drôle de ville : une évidence hédoniste dans une musique qui ne peut pas s’affranchir de ses sombres racines post-industrielles (post-punk).
Ainsi les comparait-on à leurs débuts à “un pont entre Abba et The Fall”, artistes à la candeur douce-amère, l’ironie au bout des lèvres. Jarvis et ses comparses vous font découvrir ce que c’est qu’être ado dans les années 80 à Sheffield dans le clip de “Babies”, un titre sorti en 1993.

Techno et industrie

Les triturations électroniques de Human League et consorts, lors de la vague synthpop, ont vite laissé la place à la toute-puissante techno. Les racines industrielles de la ville, tout comme à Detroit par exemple, n’y sont sans doute pas pour rien.
En 1989, la ville voit la naissance du label Warp Records. C’est alors l’émergence d’une nouvelle musique électronique qui est pressée à Sheffield, comme “Dextrous” de Nightmares On Wax, le fameux single éponyme de LFO et d’autres artistes qui ont chacun posé leur pierre à l’édifice de le techno circa 1990.
Le label s’est vite illustré par sa recherche de sonorités électroniques étranges, flirtant vite avec ce qu’on appellera plus tard le post-rock. Aussi, les premières signatures de Warp sont-elles également Autechre, Aphex Twin ou encore Boards of Canada.
Warp Records quittera définitivement Sheffield pour s’installer à Londres en 2000.

Sheffield metal

Si Black Sabbath a été fondé à Birmingham et Motörhead à Londres, quelques icônes du heavy metal sont originaires de la métropole du centre du Royaume-Uni qu’on surnomme “Steel City”. Rassemblé en 1977, c’est le groupe Def Leppard qui fera le plus parler de lui dès les années 70. Plus précisément en 1980 quand son premier album, On Through The Night, franchit le top 15 britannique.
A l’époque, ils devancent alors d’une courte tête de nombreux groupes d’un nouveau mouvement éphémère appelé la New wave of british heavy metal. Si aujourd’hui la plupart de ces groupes ont disparu dans l’oubli du grand public, ils étaient avec le punk hardcore naissant les influences de groupes comme Metallica, Slayer et Anthrax – qui en étaient encore à répéter dans le garage familial de l’autre côté de l’Atlantique.

À part les black metalleux de Bal-Sagoth dans les années 90 et quelques noms moins célèbres, il faudra attendre le groupe de metalcore Bring Me The Horizon et ses tempos syncopés pour faire à nouveau bouger la tête des jeunes fans de metal. Aujourd’hui, BMTH est l’un des fleurons du metal britannique tout autant que de la jeunesse méchée, et fait régulièrement les couvertures des magazines spécialisés.

Arctic Yorkshires

Mais en 2014, le groupe le plus célèbre à s’être extirpé de Sheffield n’est ni un collectif de musique électronique, ni un groupe de heavy metal, ni même quelques musiciens à synthé : il s’agit des Arctic Monkeys.
Le poids lourd des festivals d’été, valeur sûre du rock’n’roll en 2014, a écrit en 2006 son premier disque Whatever People Say I Am That’s What I’m Not dans la banlieue de Sheffield. Les clips qui ont accompagné la sortie de ce superbe disque en témoignent.