Shamir : candide icône pop en devenir

Shamir : candide icône pop en devenir

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Par Tomas Statius

Publié le

Grandir d’un coup

Car pour Godmode, et surtout pour Shamir, les choses sont allées plutôt vite. Une démo envoyée à New York, une signature dans la foulée, un titre qui tourne en boucle dans les iPods des transetters de la Grosse Pomme – le diaboliquement rythmé “If It Wasn’t You” – et voilà le jeune homme (il n’a que 20 ans) propulsé dans le grand bain de la sono mondiale. Une réussite éclair qui le laisse encore pantois :

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Tout ce qui se passe est au delà de ce que j’attendais. J’ai toujours cru que je ferai de la musique uniquement pour mes quelques amis weirdos. Récemment, j’ai joué à Berlin, Londres et Amsterdam. Je n’aurais jamais cru que des gens de si loin écouteraient ma musique.
Je ne prends pas la musique sérieusement. Je n’ai jamais eu pour objectif de la prendre au sérieux. Bien sûr, je travaille et je réfléchis. Mais pour moi l’important reste de s’amuser et de rendre les gens heureux.


Tout auréolé d’un succès critique et d’une popularité grandissante, le kids de Las Vegas n’a pas l’air d’avoir bougé d’un pouce. Il avoue passer toujours beaucoup de temps chez lui, “faire du crochet et de la broderie”, craindre le jugement de sa mère et être inspiré par ses potes.
Samedi, les membres de Godmode chantonnaient une gimmick entêtante dans le bus qui les emmenait à Rennes. “Cette petite phrase qu’ils arrêtaient pas de répéter, ça pourrait faire le refrain d’une chanson” commente-il débonnaire et détendu.

“Sortir de l’ombre puis retourner à la vie normale”

L’histoire de Shamir, c’est celle d’un gamin d’une banlieue résidentielle qui a trouvé dans la musique une échappatoire à son quotidien monotone. Ado à Northtown, une périphérie de Las Vegas, il commence “à jouer de la musique au lycée”. Dans son casque du punk, de la folk et de la country. À 16 ans, sa mère lui offre une guitare. Au fur et à mesure il gratte plus qu’il ne suit les cours, reste chez lui alors que les raies du soleil frappent le bitume luisant.
Dans la foulée, Shamir finit par monter un groupe. Il s’appelle Anorexia, et son territoire musicale est la “lo-fi pop” comme on peut le lire sur leur page Bandcamp. De mars 2011 à juin 2013, lui et sa compère Christina Thompson sortent des projets en bataille, toujours animés par cette énergie punk qui les avait réunis. Puis, cette dernière coupe court à l’expérience, annonçant son envie de poursuivre en solo. Il décide alors de se lancer  :

Après avoir sorti notre dernière mixtape, l’autre membre [Christina Thompson, ndlr] m’a annoncé qu’elle voulait faire du rap. Elle était presque gênée de me le dire alors que moi ça m’allait, vraiment.
Après ça j’ai décidé de faire quelque chose de différent. J’avais une boite à rythme et à l’époque je m’intéressais beaucoup à la pop. J’ai décidé de me lancer dans un projet solo “pop”. Je voulais juste sortir de l’ombre pour un moment avant de retourner à la vie normale. Je ne pensais pas que ce projet allait devenir… ça [rires]

La vie normale“, c’est la principale inspiration de Shamir. Les moments passés, les souvenirs et les petits trucs qui peuvent être à la base d’une jolie histoire et d’une mélodie entrainante. Ce qu’il aime, aussi, c’est “parler d’expériences que beaucoup de gens traversent mais qui ne sont pas vraiment évoquées en musique”. Un exemple ?

Il y a une chanson sur l’EP – “I Know It’s A Good Thing” – qui parle du fait de tomber amoureux sans réellement le vouloir. Pas mal de gens se trouvent dans cette situation, je pense. En général les chansons parlent de la joie d’être amoureux plutôt que d’autre chose. Alors que, parfois, on n’a juste pas le temps d’être avec quelqu’un.

Un album au printemps 2015

Son EP bouclé et envoyé, Shamir se consacre déjà à la prochaine étape. Au printemps prochain, il sortira probablement un premier album dans ce sillon pop qu’il a commencé à creuser. Toujours sa guitare à portée de mains, les idées commencent à affluer : des mélodies, des textes, des accords.
Il enchaînera alors probablement les dates comme les perles, lui qui n’a pour l’instant joué que 4 shows dans sa courte mais glorieuse carrière. Après ça, Shamir Bailey finira peut-être par se lover en arrière-plan quand le succès et ses flashs crépitants auront fait leurs temps :

Je ne rêve pas vraiment de salles démesurées ou de grands concerts. J’aimerais vraiment écrire pour d’autres artistes dans le futur. C’est ça que je veux faire.

Et ici aussi, l’amour attendra.