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“On a perdu l’habitude de voir des visages nus à l’écran” : entretien avec Sara Forestier

“On a perdu l’habitude de voir des visages nus à l’écran” : entretien avec Sara Forestier

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Par Lucille Bion

Publié le

“T’as pas besoin d’être maquillée et d’avoir le cheveu sale pour être féministe”

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Je ne me revendique pas du tout d’un mouvement. Encore une fois, si ce matin-là je n’étais pas maquillée, ça ne fait pas de moi l’étendard du “no-make up”. Je trouve ça assez fou, ça va finir comme la bouffe : le “no botox”, le “no silicone” comme le “no gluten” [rires]. 
Le seul résumé que je voulais faire c’était de dire que t’as pas besoin d’être maquillée et d’avoir le cheveu sale pour être féministe. Le féminisme c’est juste de dire que le désir de la femme est plus important que celui qu’elle suscite. C’est-à-dire que le plus important c’est qu’elle écoute ce qu’elle a envie de faire. Une femme a le droit de se maquiller ou pas. Une femme a le droit de se mettre nue sur une photo, ou pas. Mais elle ne doit pas se sentir obligée de le faire.
Pourquoi n’as-tu pas parlé plus tôt de ce réalisateur qui t’a harcelée ?
Parce que je me suis toujours débrouillée dans la vie. Le mec, je l’ai juste rembarré et voilà. Si j’ai parlé avec Léa Salamé, c’était pour évoquer l’image de la femme dans le cinéma. Pas pour parler de l’affaire Weinstein ou je ne sais pas quoi. Au-delà du scandale, je trouve ça intéressant qu’il y ait une réflexion sur ce sujet.
Maintenant, on est dans la culture de la punchline, de la performance et du buzz. C’est toute la société de consommation qu’il faut revoir. Les gens consomment un buzz comme ils consomment un parc d’attraction : ça fait juste un petit pic d’émotion.
À quel moment de ta carrière cette histoire avec le réalisateur s’est-elle déroulée ?  Il me semble que tu as évoqué plusieurs cas.
Oh tu sais, un peu tout le temps. Des cons tu en trouves tout le temps dans ta vie. Quand t’es jeune, quand t’es vieille. Même des femmes. Le machisme et le manque de respect, c’est à tous les niveaux. L’important c’est de ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Maintenant tu es réalisatrice : c’est une étape en plus qui prouve que tu arrives à faire ce que tu veux, quand même.
Dans les rôles que j’ai joués dans Suzanne ou Le Nom des gens, j’ai trouvé qu’il y avait une image de la femme très intelligente. Dans l’interview de Stupéfiant !, je ne remettais pas en question ce qu’il y avait dans les films, mais l’image des femmes dans les médias. C’est intéressant, aussi, d’y réfléchir.