Roman Polanski souhaite retourner aux États-Unis pour clore l’affaire du viol

Roman Polanski souhaite retourner aux États-Unis pour clore l’affaire du viol

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Par Astrid Van Laer

Publié le

Jeudi 16 février, le réalisateur Roman Polanski, considéré comme un fugitif au regard de la justice américaine, a fait savoir par le biais de son avocat, vouloir retourner outre-Atlantique pour mettre un terme à l’affaire de viol pour laquelle il est poursuivi depuis quarante ans. Mais uniquement s’il est assuré de ne pas aller en prison.

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Le 18 janvier dernier, Internet s’est enflammé après que le président de l’Académie des Césars Alain Terzian a annoncé le nom du nouveau président de la 42e cérémonie : Roman Polanski. Si le talent du réalisateur est quasi unanimement reconnu, l’homme est régulièrement mis en question puisqu’il est accusé d’avoir, au cours d’une séance photo en 1977, drogué et violé Samantha Geimer, une fillette de 13 ans. Lui en avait alors 43.

Le cinéaste avait à l’époque plaidé coupable, afin d’être libéré sous caution, après un mois et demi passé derrière les barreaux, en attendant la décision de justice. Il a ensuite fui en Europe pour échapper à une probable peine de prison, ne respectant pas l’accord passé avec les autorités judiciaires américaines. Il est donc en cavale depuis l’année 1978, soit bientôt quarante ans.

Après avoir renoncé à présider la cérémonie des César 2017, qui aura lieu le 24 février prochain, après la polémique suscitée par l’annonce de sa nomination, le réalisateur de Rosemary’s Baby s’est exprimé jeudi 16 février. Aujourd’hui octogénaire, ne pouvant plus ignorer les soupçons qui entachent sa réputation, il a décidé, selon les propos de son avocat américain auprès de l’Agence France-Presse, de s’y confronter. Mais uniquement si on lui donne la possibilité de “venir à Los Angeles et au tribunal sans craindre d’être détenu”, précise maître Harland Braun.

Une condition sine qua non : échapper à la prison

L’avocat précise que Roman Polanski ne se rendra à Los Angeles que si un accord à l’amiable est au préalable signé. Le cinéaste refuse catégoriquement de retourner derrière les barreaux. On rappelle que Roman Polanski a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec la jeune fille, mais nie la qualification de “viol sur mineure”. En 1993, le réalisateur avait signé un accord à l’amiable avec Samantha Geimer, s’engageant à lui verser une indemnité financière. Cette dernière avait renoncé à le poursuivre en justice et écrivait dans ses mémoires : “Je lui ai pardonné pour moi, pas pour lui.” Cependant, un mandat d’arrêt international émis par la justice à l’encontre du cinéaste est toujours en vigueur. En décembre dernier, la Cour suprême de Pologne avait rendu un verdict en faveur du réalisateur franco-polonais, annulant la procédure d’extradition vers les États-Unis dont il faisait l’objet. Quant à la France, elle n’extrade pas ses ressortissants.

Maître Hervé Témime, avocat de Roman Polanski en France, a fait savoir au micro d’Europe 1 que si le juge Gordon, en charge du dossier, reconnaît le rejet de la procédure d’extradition par la Cour suprême de Pologne et valide l’accord à l’amiable, son client acceptera enfin de se rendre sur le territoire américain. Maître Témime a également expliqué à l’AFP que cet accord nécessite que l’on reconnaisse que Roman Polanski a déjà purgé sa peine de 42 jours  d’emprisonnement : “L’avocat américain de monsieur Polanski a demandé de lever le scellé sur l’audition d’un témoin capital, qui est le procureur de l’époque, et qui confirme qu’à cette époque il y a eu cet accord d’une peine plus que largement exécutée par monsieur Polanski. La peine qu’aurait à subir Roman Polanski serait égale à la durée qu’il passerait à la prison de Chino en Californie.”  

Roman Polanski refuse donc la possibilité d’encourir 50 ans de prison, comme prévu par la justice américaine. Le cinéaste accepte un procès, mais uniquement si on lui offre la garantie de ne pas être condamné à une peine qui ne lui sied pas. Drôle de perception du droit.