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Riad Sattouf, Fauve d’or d’un Angoulême pas comme les autres

Riad Sattouf, Fauve d’or d’un Angoulême pas comme les autres

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Par Théo Chapuis

Publié le

  •  Prix révélation : Yekini le roi des arènes (FLBLB), par Lisa Lugrin et Clément Xavier
  •  Prix du patrimoine : San Mao (Fei Editions), par Zhang Leping
  •  Prix du public : Les Vieux fourneaux (Dargaud), par Wilfrid Lupano et Paul Cauuet
  •  Prix du polar : Petites coupures à Shioguni (Philippe Picquier), par Florent Chavouet
  •  Prix jeunesse : Les Royaumes du Nord, tome 1 (Gallimard), par Clément Oubrerie et Stéphane Melchior.

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L’ombre des attentats de Charlie Hebdo

Même si la traditionnelle ambiance potache qui règne à la préfecture de la Charente lors de cet événement était au rendez-vous, moins d’un mois après les attentats meurtriers qui ont décimé la rédaction de Charlie Hebdo, l’édition 2015 du festival vibrait inévitablement du ton des hommages.
Tout d’abord, le journal satirique s’est vu récompenser par un Grand Prix spécial pour s’ensemble de son œuvre et dimanche, le premier prix de la liberté d’expression a été décerné aux dessinateurs assassinés. Selon Libération, le dessinateur Blutch, venu récupérer le prix pour ses camarades sur scène, a rappelé que malgré le soutien national aux auteurs de Charlie Hebdo, le consensus, c’était pas trop leur truc :

Nous, la bourgeoisie éclairée, on a beau marcher en chœur, il s’est passé quelque chose de grave. Le mal est fait. Je m’excuse mes chers collègues, mais il n’y a pas de paradis. Vous êtes tous seuls. Il n’y a que ce que vous faites, que ce que vous dites.

Hommage tout autre, dimanche matin, lorsqu’Angoulême a célébré l’inauguration de sa nouvelle “place Charlie”, en présence d’Alain Juppé et de Patrick Ausou, président de l’association du Festival d’Angoulême. Selon Sud Ouest, lors d’un petit discours, il a exprimé le souhait “Que cette place devienne un lieu de parole et d’échanges d’idées, un lieu de liberté d’expression pour tous les citoyens”.

“Trouvez-nous un slogan !”

Or il y avait d’autres combats à mener ce weekend du 42è festival de la bande dessinée. Samedi, environ 500 personnes ont manifesté à la “marche des auteurs pour la création”, regroupés derrière une banderole sur laquelle était écrit “Sans les auteurs, plus de BD. Les auteurs plus qu’à poil”.
Les auteurs, scénaristes, dessinateurs, coloristes, manifestent contre le projet d’augmentation de cotisation de retraite complémentaire qui mènerait à une précarisation grandissante de leur métier. Selon Le Monde, cette réforme ponctionnerait les auteurs de l’équivalent d’un mois de salaire, alors que la grande majorité d’entre eux ne gagne pas le smic – elle sera obligatoire à partir de l’an prochain.
L’envoyé spécial du quotidien explique que monde du neuvième art oblige, la manifestation est bon enfant et les harangues davantage des caricatures de slogans que de véritables revendications : il entendra des “Trouvez-nous un slogan !” lancés par le célèbre auteur Lewis Trondheim avant que suivent “Ils sont méchants, pas nous”“Le soleil est avec nous” ou encore “CRS = Tendresse”.
Une fois parvenu à son point d’arrivée, l’Hôtel de Ville d’Angoulême, le scénariste Fabien Velhmann prenait la parole et dressait un parallèle avec l’audace que l’opinion prête aux dessinateurs depuis la tuerie de la rédac’ de Charlie :

À l’heure où, dans notre profession, certains se prennent à douter, se demandent si ce qu’ils font a un sens, s’il y a encore le moindre intérêt à faire nos petites cases à la con, nos petites BD tout seul dans notre coin, ces meurtres constituent une violente et aberrante piqûre de rappel : il faut croire que dessiner peut parfois avoir du poids, puisqu’on peut se faire tuer pour ça, déclare-t-il.
Le paradoxe absolu de cette situation, c’est qu’alors même que l’on voit fleurir partout les preuves d’un puissant attachement au dessin, à la liberté d’expression et à la culture, notre profession se porte mal, nous obligeant aujourd’hui à manifester notre colère.