Rencontre avec Jessie Reyez, la nouvelle voix engagée de la soul canadienne

Rencontre avec Jessie Reyez, la nouvelle voix engagée de la soul canadienne

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Par Naomi Clément

Publié le

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“Le sang qui coule dans mes veines est clairement colombien”

“Princess Nokia parle haut et fort de féminisme, d’égalité des droits et de l’histoire des indigènes”

Grâce à ton premier single “Figures”, tu as attiré l’attention de nombreuses personnes, au Canada, aux États-Unis, mais aussi ici en Europe. Toi qui me parlais de trouver un écho chez les autres, qu’est-ce ça fait de réaliser que ta musique résonne auprès de personnes venues des quatre coins du monde ?
C’est dingue ! C’est du bonheur ! Il n’y a rien de plus beau que d’être loin de chez soi, et de voir des inconnus chanter tes chansons. Il n’y a rien de pareil à mes yeux. À chaque fois que ça se produit, je hurle intérieurement : “Fuck !” J’ai l’impression que le moment a été monté de toutes pièces, j’ai toujours beaucoup de mal à y croire…
En tant que jeune femme d’origine colombienne qui a désormais une certaine exposition, as-tu l’impression d’avoir une part de responsabilité face à tes paires ?
Hell yeah ! Clairement ! Tu sais, mon frère a quatre enfants, dont deux petites filles, qui sont donc mes nièces. C’est d’ailleurs l’une d’elle que l’on aperçoit sur la pochette de mon EP Kiddo. Donc, rien que pour elles, je me sens responsable. Je me dois d’être un exemple, en tout cas j’essaie de l’être du mieux que je peux, car je reste humaine – et donc il m’arrive aussi de boire, de parler de cul… [rires] Mais j’ai envie d’être une sorte de role model à leurs yeux, oui.
J’ai le sentiment que les femmes de descendance hispanique sont de mieux en mieux représentées dans l’industrie musicale américaine, grâce à des figures comme toi, mais aussi Princess Nokia ou Kali Uchis…
Oui, moi aussi j’ai ce sentiment, et ça me rend super heureuse ! J’ai eu une conversation à ce sujet il y a quelques jours avec quelqu’un d’autre. En fait, je crois que grâce à Internet, à des plateformes comme YouTube, SoundCloud, Apple Music, Spotify et j’en passe, le pouvoir s’est inversé, car les gens ont désormais la possibilité de décider par eux-mêmes ce qu’ils souhaitent écouter. Ils ne sont plus sous le joug du monopole des radios. Et ce nouveau système a effectivement permis de mettre en lumière des femmes comme Princess Nokia, qui parle haut et fort de féminisme, d’égalité des droits et de l’histoire des indigènes. Et comme Kali Uchis aussi, bien sûr, qui représente les femmes aux racines colombiennes también [rires] ! Ça me rend super heureuse de voir ça, vraiment.

“Ma musique est le reflet de moi-même”

“J’adorerais pouvoir collaborer avec Frank Ocean”

Quelques mois après la sortie de cet EP, on te retrouve sur le morceau “Hard to Love” du dernier album de Calvin Harris. Comment est née cette collaboration ?
Sur Twitter ! Il m’a écrit en me disant que beaucoup de gens lui avaient parlé de “Figures”, que c’était un bon morceau, puis il m’a parlé de ce projet d’album qu’il avait, il m’a dit qu’on pourrait peut-être se rencontrer… Et on a fini par se voir dans un studio de Los Angeles. Ça a d’abord duré une journée. Puis on a remis ça, une semaine. Et cette collaboration a fini par se transformer en une belle amitié. Calvin Harris m’a donné énormément de conseils… C’était super enrichissant de travailler à ses côtés.
Y a-t-il d’autres personnes avec lesquelles tu aimerais travailler dans le futur ?
J’adorerais pouvoir collaborer avec Frank Ocean – je l’aime tellement ! “Pink Matter” est une de mes chansons préférées. [Elle se tourne subitement vers son manager, ndlr] Tu sais pourquoi j’aime autant les films d’aliens ? Tu savais que cette chanson, “Pink Matter”, parlait d’aliens, de dieu, d’existentialisme, d’humanité ? [Elle se tourne à nouveau vers moi, ndlr] Dans une seule et même chanson, il a réussi a abordé tellement de sujets importants, avec un ton juste, sans effort… Il est incroyable.
Avant de collaborer avec Frank Ocean, quels sont tes prochains projets ?
[Rires] Avant ça, je vais retourner au Canada, puis à Los Angeles, et j’ai plusieurs concerts qui m’attendent aussi. J’ai super hâte ! Et tu sais, malgré le rythme intense, je ne suis jamais fatiguée. C’est tellement facile d’éliminer ce sentiment de fatigue quand tu fais ce que tu aimes… Je me sens très, très reconnaissante envers tous les gens qui m’entourent et m’aident au quotidien. Je suis très chanceuse d’en être là où j’en suis aujourd’hui.

Le nouveau single de Jessie Reyez, “Phone Calls”, est disponible sur Spotify et iTunes.