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Reason, la dernière recrue du label de Kendrick Lamar aux portes de la gloire

Reason, la dernière recrue du label de Kendrick Lamar aux portes de la gloire

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Instagram / Reason

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Par Jérémie Léger

Publié le

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Peu après, dans une interview accordée au média américain DJ Booth, Reason expliquait les raisons qui l’ont poussé à signer chez TDE et pas ailleurs :

“Tous les labels que j’ai rencontrés ne parlaient que de mes chiffres sur les réseaux sociaux, de mon nombre de vues sur YouTube et de mes écoutes sur SoundCloud. Aussi, nous jouions de la musique pendant six minutes et c’était terminé.
Quand je suis arrivé dans les bureaux de TDE, aucune de ces questions n’a été évoquée. Il était juste question de musique et nous en avons écouté pendant une heure et demie. C’est ça TDE. Vous pouvez faire ce que vous voulez, mais c’est la musique qui doit primer. Si la musique n’est pas là, qu’est-ce qu’il vous reste ?”

Car la différence est bien là. Chez TDE, c’est la qualité de la musique qui prime et les nombreux projets sortis jusqu’à ce jour sont là pour en témoigner. Histoire de s’offrir une entrée en bonne et due forme dans le label, le rappeur a profité de sa signature pour dévoiler son premier single solo, “The Soul”.

À l’écoute, on découvre ainsi un rookie à la voix rauque du plus bel effet. Mais bien plus qu’une entrée en la matière dans l’univers du rappeur, ce titre du nom de son pseudonyme représente pour lui une véritable carte d’identité. Effectivement, sur ce morceau, il nous en dit plus sur qui il est : un artiste avec une détermination et une rage de vaincre inébranlables.
Et Dieu sait que tout n’a pas été facile pour lui. Comme bon nombre de ses acolytes de label, il a grandi dans le climat froid et sans espoir des rues gangrenées de Los Angeles. Adolescent, son quotidien est fait de violence, de drogue et de précarité. Il ne lui en faudra donc pas plus pour céder à l’appel de la rue en rejoignant l’un des célèbres gangs de la ville, les Crips.
Troublant quand on sait que son camarade de label Jay Rock est un Bloods revendiqué. D’autant plus que Reason assurera la première partie de son pote lors de sa tournée The Big Redemption Tour (avec un passage à Paris à La Bellevilloise prévu pour le 15 février 2019). Preuve que la musique peut être plus forte que les rivalités entre gangs.

“J’ai grandi parmi les Crips, donc bien sûr que je crains Jay Rock”

C’est justement la musique qui, comme pour Kendrick Lamar à ses débuts, semble lui offrir une porte de sortie de l’enfer. Il en a bien conscience et s’emploie à rendre hommage à chacun de ses acolytes de TDE dans un esprit de compétition bienveillant. Car s’il est ce que l’on appelle un “hustler”, son destin n’aurait peut-être pas été le même sans la main tendue de ses camarades.

“Je n’ai jamais demandé son aide à Ab Soul parce que je n’en avais pas besoin
Je veux qu’il soit fier de moi. Je le respecte et le considère comme un leader.”

Dans la cour des grands

Mais ce premier titre n’était que l’apéritif. Après deux nouveaux singles tout aussi efficaces que le premier (le plein d’espoir “Better Dayz” et le lumineux “Summer Up”), Reason a tout mis en œuvre pour transformer l’essai. Le 28 septembre, en même temps que les mastodontes Lil Wayne et Logic, il dévoile son premier album studio, There You Have It.
Ce sont douze titres de pur hip-hop qu’il nous propose pour sa première galette, produite par son boss :

Écoutez-la et vous découvrirez un projet West Coast comme on les aime. Se raconter sans artifice sur de chaleureuses productions californiennes, telle est la formule. Entre confessions, sensibilité assumée, hargne dans les paroles et rêves de gloire, les mots de Reason prennent aux tripes et le rappeur se révèle être un personnage aussi intègre qu’attachant.
Chose surprenante, sur ce disque, aucune figure de proue de sa famille musicale n’est présente pour lui donner un coup de main, seulement des noms comme Xian Bell (sur deux titres), Space 600 et D Beezey. Ne voyez pas ça comme un aveu de faiblesse, mais plutôt comme une affirmation de son assurance et de sa singularité.
Disons-le, il n’a pas besoin de Kendrick Lamar, de Jay Rock ou encore d’Ab Soul pour briller. Sa voix puissante et sa plume tantôt hargneuse tantôt poétique couplées à la finesse de ses productions suffisent amplement. Lui qui prie pour des jours meilleurs, la bénédiction de TDE et ce premier album lui promettent un avenir radieux. Ses rêves et son talent feront le reste.