Rag’n’Bone Man, portrait d’un aide-soignant devenu le phénomène de la soul

Rag’n’Bone Man, portrait d’un aide-soignant devenu le phénomène de la soul

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Par Louis Eustache

Publié le

Le talent du soulman anglais l’a propulsé sur le devant de la scène à vitesse grand V.

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Elton John l’a appelé il y a quelques semaines juste pour lui dire qu’il l’adore. Et pour cause, nombreux sont ceux qui estiment que Rag’n’Bone Man (le ferrailleur en argot britannique) a fait une entrée fulgurante dans le cercle fermé des auteurs-compositeurs-interprètes les plus prometteurs du moment avec son premier album Human et le titre éponyme. Et ils ont probablement raison.

Rory Graham, de son vrai nom, a sans contestation développé une vraie signature vocale et musicale. Mais ce qui le rend par ailleurs unique, c’est aussi son parcours et sa forte personnalité.

Des soins à la musique

Alors que nous écrivons ces lignes, le titre “Human” comptabilise plus de 167 millions de vues sur YouTube, et ce nombre ne cesse d’augmenter. C’est son expérience en tant qu’aide-soignant qui a inspiré ce morceau à Rory. Avant de se consacrer exclusivement à la musique, il s’occupait en effet de personnes atteintes des syndromes de Down (la trisomie 21) et d’Asperger (une forme d’autisme). Rory avait choisi ce métier car il a lui-même une sœur trisomique et, si sa carrière de chanteur venait à prendre fin, il reprendrait cette occupation.

Rag’n’Bone Man a affirmé à plusieurs reprises lors d’interviews que son travail consistait notamment à chanter des chansons Disney aux enfants dont il s’occupait. Cette expérience l’a aidé à mettre les choses en perspective, à relativiser les tracas quotidiens et à profiter des plaisirs simples de la vie.

La reconnaissance du public

Le soulman de 32 ans a grandi dans une famille de musiciens. Il a fait ses premiers pas dans la musique à 15 ans en formant son propre groupe de drum’n’bass : Rag’N’Bonez.

Au fil du temps, Rory Graham a enregistré des titres en studio sous différents pseudonymes. Comme il était timide, ses proches devaient toujours le pousser pour monter sur scène et chanter. Souvent, il se rendait à des soirées open mic dans les bars de Brighton avec son père. Et le public n’hésitait pas à lui faire savoir qu’il appréciait sa voix et ses performances.

Un colosse à la voix d’ange

Depuis ses premiers concerts, les spectateurs lui ont toujours dit qu’ils étaient surpris d’entendre une voix si délicate sortir de la bouche d’un gaillard tatoué et baraqué. Parce que les grandes destinées commencent souvent de manière inattendue, c’est seulement lorsque sa petite amie a envoyé à des producteurs des vidéos de lui enregistrées à son insu (dont une où il chante sur les toilettes) que sa carrière a pris un nouveau tournant. C’est ainsi qu’il a été repéré par la fameuse chanteuse britannique Joan Armatrading qui lui a offert de faire ses premières parties. Sa carrière a alors décollé, passant de la scène indépendante britannique aux radios mainstream.

La version masculine d’Adele ?

La musique de Rag’n’Bone Man est une combinaison de soul, de hip-hop, de gospel, de blues et de folk. Ce style unique a séduit la maison de disque Sony Columbia, qui lui a proposé un contrat. Rory Graham est même devenu l’une des priorités du groupe, et la sortie du titre “Human” l’a propulsé en tête des ventes. Le morceau a été classé numéro 1 en Allemagne, en Suisse, en Belgique et en Autriche et numéro 2 au Royaume-Uni. Lors de la cérémonie des Brit Awards, Rag’n’Bone Man a raflé le prix de la révélation de l’année ainsi celui de la critique. Il a donc forcément été comparé à Adele, qui avait elle aussi gagné le prix de la critique en 2008.

Un premier album génère rarement autant d’enthousiasme. Mais dans le cas de Human, c’est assez logique car il contient de véritables bijoux, à commencer par les titres “Skin” et “Grace”.

Rag’n’Bone Man sera en concert à l’Elysée-Montmartre, à Paris, le 27 mars.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet