Quatre grandes tendances qui marqueront le rap en 2018

Quatre grandes tendances qui marqueront le rap en 2018

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Par Jérémie Léger

Publié le

Un retour du rap conscient

Il y a quelques mois paraissait une enquête de l’université de Californie. Une fine analyse mettant en lumière que le rap proposé par l’industrie musicale ne correspondait plus vraiment aux attentes du public. Un aspect une nouvelle fois souligné par de nombreux experts interrogés.
À l’heure où les ondes radios sont envahies d’un hip-hop offrant dans sa grande majorité des morceaux aux thèmes légers, matérialistes, superficiels voire, pour certains, illicites, les auditeurs semblent s’en lasser. Dans cette logique, le public semble se rediriger vers le rap plus conscient ou engagé.
Un effet amplifié par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump qui a chamboulé les esprits, pas seulement américains. Selon Randall “Sickamore” Medford, conseiller artistique chez Interscope, il y a le besoin d’une musique plus intellectuelle pour aider à prendre position : “Les jeunes sont fatigués du rap débilisant, du rap de drogués, du rap de Future. Ils vont vouloir quelque chose d’autre. Ils vont vouloir quelque chose avec de la substance, du fond”, a-t-il précisé en citant notamment J.I.D. et Isaiah Rashad comme exemples.
Un avis partagé par la rappeuse Rapsody qui a déclaré dans une interview accordée à Larry King que le hip-hop, face à Donald Trump, allait bénéficier d’un regain d’unité. Une tendance de rap positif déjà appliquée par des artistes comme Logic, ce dernier ayant forgé son univers autour de trois mots simples : “Peace, love and positivity.”

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Le punk rock viendra flirter avec le hip-hop

Dès ses débuts, le rap a puisé sa richesse dans de nombreux autres styles de musique noire. Au fil de son évolution, ce genre, pour devenir prédominant, a dû sans cesse élargir ses frontières. Du rap aux influences rock des Beastie Boys, au rap plus pop avec des flows plus mélodiques et des refrains bien souvent chantés des années 2010, en passant par le rap influencé par la musique classique… Les mélanges de styles sont infinis.
Néanmoins, dans tout ce melting-pot, les experts affirment que celui qui tirera son épingle du jeu cette année sera non le dubstep, mais le punk rock. C’est en tout cas ce que croit savoir Tunji Balogun, conseiller artistique chez RCA : “Il y a des groupes comme $uicideboy$ ou le regretté Lil Peep qui s’inspirent beaucoup du style punk, aussi bien musicalement que dans leur style et l’image qu’ils donnent d’eux au monde.”
Ce à quoi Randall “Sickamore” Medford ajoute : “Le morceau “Dark Knight Dummo” de Trippie Redd représente le paroxysme de cette influence.”

Le rap aura de moins en moins de frontières

N’en déplaise à Donald Trump, en 2018, le rap n’aura plus de frontières. Sans parler des collaborations entre artistes étrangers qui se font de moins en moins rares. Le journaliste David Drake voit dans le futur un hip-hop de plus en plus globalisé.
Un rap où tous les pays créateurs puiseraient dans les influences musicales de leurs voisins. Cela dit, il observe une tendance : un boom des sonorités africaines, après que Drake s’est inspiré du son d’Afrique de l’Ouest pour nous concocter sa playlist More Life.

L’Afrique du Sud s’est imposée l’année dernière avec un tout nouveau son, à la manière de l’afro-beat un an ou deux plus tôt. Je crois que ce style est appelé gqom, c’est la nouvelle sonorité internationale tendance”, explique le journaliste.

Dans un autre registre, cet effacement des frontières se vérifie également en France avec les Belges Damso, Roméo Elvis ou encore Hamza, pour ne citer qu’eux, ou encore Loud pour le Quebec. Avec ces noms qui rencontrent un franc succès dans l’Hexagone, on ne parle désormais plus de rap français, mais bien de rap francophone. Voilà pourquoi plus que jamais, 2018 devrait être une année d’ouverture.

Girl power !

Posez la question à n’importe quelle rappeuse, elle vous dira que le milieu dans lequel elle évolue se veut très machiste. Rien d’étonnant quand on parle d’un genre faisant bien souvent l’apologie de la testostérone. Mais laissons ce débat de côté, car, en dépit de ce constat, les artistes hip-hop féminines ne cessent de s’imposer.

Si Nicki Minaj a ouvert la voie, le dernier exemple et sans doute le plus probant est bien sûr Cardi B. La rappeuse qui, grâce à son démentiel “Bodak Yellow”, a réussi à faire aussi bien que Lauryn Hill flirte déjà avec le succès, alors même qu’elle n’a toujours pas sorti son premier album. Selon le journaliste David Drake, son cas ne sera pas unique.
Il prédit que cette recette sera reproduite avec plus ou moins de succès, notamment grâce à des plateformes telles que SoundCloud (qui ont fait émerger nombreux des plus jeunes rappeurs du moment). Little Simz, Queen Key, Rico Nasty, CupcakKe, Ivy Sole, Ill Camille et Molly Brazy… On pose ces noms ici car, toujours d’après le journaliste, il est fort probable que vous en entendiez parler dans les prochains mois.
Bien sûr, il est impossible de prédire l’avenir. Heureusement d’ailleurs, car n’est-ce pas justement cet effet de surprise et les émotions ressenties lorsque nous découvrons de nouvelles pépites qui font la beauté de la musique ? On vous laisse méditer là-dessus.