Marvel ne croit pas aux films de super-héroïnes… et c’est exaspérant

Marvel ne croit pas aux films de super-héroïnes… et c’est exaspérant

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Par Fanny Hubert

Publié le

De : IP
À : Lynton, Michael
Sujet : Films “féminins”
Date : Jeudi, 7 août 2014, 05:32:50
Michael, voici quelques exemples de ce que nous avons évoqué au téléphone. Il y en a plus.
Merci,
Ike.
1. Elektra (Marvel) – Très mauvaise idée et le résultat est très très mauvais.
2. Catwoman (WB/DC) – Catwoman est l’un des personnages féminins les plus importants dans l’univers de Batman. Ce film est un désastre.
3. Supergirl (DC) – Supergirl est l’un des personnages féminins les plus importants de l’univers de Superman. Ce film est sorti en 1984 et a engrangé 14 millions de dollars au total aux États-Unis et seulement 5,5 millions le premier week-end. Encore une fois, c’est un désastre.

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De très mauvais exemples

Quel est le problème me direz-vous ? En fait, il y en a au moins trois et pas des moindres. Tout d’abord, comme le soulève très justement IndieWire, les exemples pris par Perlmutter sont datés. Supergirl est sorti il y a plus de 30 ans, tandis que Catwoman date de 2004 et Elektra de 2005. Ces films ont donc été réalisés lorsque le marché des super-héros n’était pas aussi lucratif qu’aujourd’hui.
De plus, puisque le PDG de Marvel ne semble s’intéresser qu’aux films de super-héroïnes, Hunger Games ou Divergente auraient pu être des exemples crédibles, Katniss et Triss étant considérées comme des femmes fortes qui peuvent s’apparenter à des super-héroïnes.
Le deuxième problème repéré par IndieWire est que les films choisis ont tous été descendus par la critique. Perlmutter insinuerait-il qu’ils n’ont pas eu de succès parce qu’une femme était au centre de l’intrigue ? Si c’est le cas, il est nécessaire de corriger ce cher Monsieur en lui disant qu’il se trompe. Si ces films ont été des “désastres“, c’est tout simplement parce qu’ils sont mauvais. Certains films de super-héros masculins se sont aussi plantés en beauté de par leur qualité médiocre. On peut citer Green Lantern, DaredevilBatman & Robin, Superman Returns… Et si le Monsieur a besoin d’autres exemples, on lui en donnera volontiers.

Si c’est un flop, c’est parce que c’est une femme

Évidemment, ces flops n’ont jamais été justifiés par le fait que des hommes étaient les personnages principaux. Ce serait moins marrant, voyez-vous. Si les films de femmes se plantent, c’est parce que ce sont des femmes. Mais oui, bien sûr.
Et c’est ça le problème le plus important. Toujours imputer aux femmes les échecs essuyés par les films tandis que les personnages masculins ont toujours droit à des secondes, troisièmes et quatrièmes chances…  C’est ce que dit Diablo Cody, scénariste de talent à qui l’on doit l’histoire de Juno :

Si un film qui est réalisé par un homme ou qui a un homme dans son casting fait un flop, personne ne blâme le sexe du réalisateur. C’est juste bizarre de voir à quel point la faute est tout de suite rejetée vers les femmes réalisatrices.

Le cas Wonder Woman

Je reviendrais en arrière tout de suite si je pensais que quelqu’un croyait en ce que je faisais. Le manque d’enthousiasme était accablant.

Quand on sait que Joss Whedon est un fervent féministe (les personnes qui l’accusent de sexisme et qui l’auraient poussé à quitter Twitter n’ont pas compris grand chose et ne s’attaquent vraiment pas à la bonne personne) et qu’il a contribué à créer l’un des personnages féminins les plus badass du petit écran, on aurait vraiment voulu voir le résultat… Mais un film Wonder Woman verra bien le jour. Réalisé par Patty Jenkins (Monster), il sortira en 2016 et mettra en scène Gal Gadot dans le rôle de l’héroïne.
Un petit quelque chose nous empêche cependant de nous réjouir totalement. La première réalisatrice affiliée dans un premier temps au projet, Michelle McLaren, a été évincée soi-disant pour des “différends créatifs“. Mais Variety a révélé les vraies raisons de ce départ. McLaren voulait faire un film “épique” avec beaucoup d’action. Tandis que les studios Warner voulaient plus se concentrer sur le personnage et proposer moins d’action. C’est peut-être un peu pousser le bouchon trop loin, mais on peut aisément penser qu’on ne demande pas à un réalisateur d’un film au héros masculin de mettre moins d’action dans son scénario…

Les femmes rapportent plus d’argent

Black Widow, “une salope”

Mais Mark Ruffalo semble un peu le seul à défendre sa compatriote. Chris Evans et Jeremy Jenner se sont illustrés par des propos on ne peut plus sexistes. Dans une interview, ils ont qualifié le personnage de Black Widow de “salope” et de “pute”, rien que ça. Les deux acteurs se sont excusés mais Jeremy Renner a réitéré ses commentaires douteux dans l’émission de Conan O’Brien jugeant que si l’on couche avec quatre des six Avengers – que l’on soit un homme ou une femme – on est forcément une salope. Il a ensuite expliqué que Black Widow n’était qu’un personnage de fiction, alors bon c’est moins grave vous comprenez.
Puisqu’on évoque Black Widow, un trailer parodique d’un hypothétique film qui lui serait dédié a été concocté par le Saturday Night Live. Et la mythique émission du samedi soir a tapé dans le mille. En se servant de l’humour, elle fait de Black Widow un film romantique où Scarlett Johansson tombe amoureuse du robot Ultron. Écrite par Marvel et les scénaristes de 27 robes, cette bande-annonce montre à quel point les grands studios sont frileux et peinent à faire d’une femme une héroïne forte qui sait botter des arrière-trains.

Il faut maintenant attendre 2017 pour voir le film Wonder Woman sur grand écran (bien qu’on pourra apercevoir l’héroïne dans Batman v Superman) et 2018 pour découvrir Captain Marvel  – inutile de préciser que de nombreux films avec des super-héros masculins sortiront entre temps. On croit fort en ses héroïnes et on espère que leur futur succès fera comprendre à certains qu’il faut miser sur les femmes.