Rencontre : Thylacine, un nom de loup pour une électro douce

Rencontre : Thylacine, un nom de loup pour une électro douce

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Par Luca Bresch

Publié le

Internet a permis à beaucoup d’artistes de sortir de l’ombre en faisant leur propre musique et en étant leur propre producteur. Il y a un renouvellement constant de la scène électronique française. On sort presque enfin de la nostalgie de la French Touch.
C’est une bonne phase, un peu neuve, on est encore loin d’être à nouveau un grand pays de l’électro, mais il y a des choses très bien qui se font.

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Un projet artistique solo accompagné

La force de son œuvre, ce n’est pas seulement l’élégance de sa musique qui oscille entre rythmes entraînants et sonorités mélancoliques, c’est aussi l’ambition de son projet qui vise à aller plus loin que la composition. Le jeune beatmaker cherche à superposer différentes matières artistiques complémentaires au sein d’une même œuvre.
Sur scène, il n’hésite pas à mettre en pratique les dix années de saxo qu’il a derrière lui. “Ça me permet de m’exprimer à travers l’improvisation, totalement libre. C’est un instrument d’expression très physique, très puissant, qui peut emmener très loin”, explique-t-il. Son dernier single Home, sorti le mois dernier, se manifeste comme l’équation parfaite entre sa formation et sa nouvelle identité musicale.
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Un artiste jeune mais déterminé qui cherche à faire des ponts entre les genres, faisant appel à son entourage pour l’accompagner dans son projet. On peut notamment citer la puissante voix suave de Camille Desprès sur plusieurs de ses chansons, ou les visuels fantasmagoriques de Laetitia pendant les concerts : à l’aide d’une simple tablette graphique et de quelques logiciels, elle illustre la musique de Thylacine sur l’instant de manière instantanée et éphémère. Esclave de ses improvisations, créatrice d’une œuvre juste et singulière à chaque concert.

Thylacine est avant tout un projet que j’ai voulu monter seul, mais je ne peux pas nier cette interaction que j’ai avec les autres. J’adore composer de la musique seul, mais la force de Thylacine c’est d’essayer de mélanger plusieurs matières artistiques.
Une voix, ça apporte de la difficulté, ça me permet d’aller chercher plus loin, ça me pousse à expérimenter autre chose que des chansons basiques avec des schémas classiques que je maîtrise déjà. C’est le même délire avec les remixes, utiliser des sons qui ne sont pas les tiens et te les approprier en te brusquant un peu.

Le clip de “Pleasure” est l’interprétation même de cette recette dont Thylacine a le secret. Mélangeant son art à celui du visuel et de la danse, il sublime.
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Un processus créatif itinérant

Cet automne, Thylacine fera un aller-retour sur la célèbre voie ferrée russe qui relie Moscou à Vladivostok, le Transsibérien. Soit douze jours de voyage.
L’occasion pour le beatmaker de composer tout le long du trajet, s’inspirant “du paysage, du rythme du train et des rencontres”. Une expérience qui est née de sa manière de composer et de son processus créatif :

A chaque fois que je taffe, il va en résulter quelque chose que je ne maîtrise pas forcément, ça peut partir n’importe comment. Ça raconte seulement le moment où je l’ai composé, le lieu, l’atmosphère dans laquelle je suis, mes émotions.

Le projet Tokyo Reverse

Le nouveau tournant que Thylacine attendait, c’est le projet Tokyo Reverse qui en plus de le conforter dans ses choix, s’est imposé à lui comme une étape. Alors que les visuels de Laetitia pendant ses concerts sont au service de sa musique, ici ,Thylacine s’est retrouvé à suivre les périples déambulatoires de Ludovic Zuili dans l’œuvre de Simon Bouisson, faisant de sa musique l’instrument du documentaire.

J’ai adoré. Le projet est bien monté, c’est une très bonne chose que France 4 ait accepté ce genre de projet artistique, pas rentable. A côté de ça, la programmation était vraiment top. Et pour moi, c’était assez fou de jouer comme ça, sans savoir combien de personnes t’écoutent. J’avais un petit retour en image du documentaire et j’ai vraiment pris plaisir à jouer en fonction de l’image en faisant durer certains morceaux.

Son prochain objectif : prendre part à des projets artistiques du même acabit et pouvoir en monter lui-même. Thylacine, contrairement au loup auquel il emprunte son nom, nous semble bien loin de l’extinction, mais plutôt en route vers un succès affirmé.
Pour le moment, son prochain EP sortira début juin et les plus chanceux auront l’occasion de le voir défendre sa musique le 23 avril lors des Inouïs du Printemps de Bourges.
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