Avec Horizon : Zero Dawn, le jeu vidéo entre dans une nouvelle ère

Avec Horizon : Zero Dawn, le jeu vidéo entre dans une nouvelle ère

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Par Théo Mercadier

Publié le

La dernière exclusivité PS4 mélange les genres avec brio, entre claques visuelles et gameplay qui prend aux tripes. 20/20.

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C’est peu dire qu’on l’attendait ! Depuis six ans, les équipes de Guerrilla Games planchaient sur ce qui s’impose aujourd’hui comme l’un des meilleurs open worlds jamais réalisés. Sortant du confort de la franchise Killzone, déjà unanimement acclamée pour ses graphismes et son gameplay, le studio hollandais vient de rendre une copie quasi parfaite.

Et les joueurs du monde entier ne s’y trompent pas puisque Horizon : Zero Dawn est aujourd’hui le meilleur lancement d’une nouvelle franchise sur PS4 (détrônant le très décevant No Man’s Sky). Mieux, il est aussi le meilleur lancement tout court sur cette console, devant Uncharted 4. Un succès amplement mérité.

C’est bien simple, tout y est : un monde fascinant et varié à souhait, des graphismes à faire pâlir la concurrence, une héroïne charismatique et surtout, ô grand surtout, des machines grosses comme des maisons, nerveuses et brutales, à mettre à terre à coups de salves de flèches bien senties. On revient avec vous sur ce qui fait la force de cette nouvelle franchise à succès.

Un monde incroyable, et l’héroïne qui va avec

Avant toutes choses, la question à un million : “Elle est grosse la carte ?” Énorme. D’où le petit cri de plaisir-surprise lors du premier dézoom sur la map après l’intro. C’est tout simplement immense : il vous faudra environ une trentaine de minutes pour la traverser à pied de part en part, voyage au cours duquel vous passerez par plusieurs phases d’ébahissement devant la variété des paysages et la perfection des détails qu’offre Horizon : Zero Dawn.

Immense désert type “Ouest américain”, forêt tempérée, montagnes enneigées, jungle étouffante, cités tout droit sorties de Game Of Thrones : c’est tellement beau qu’on se surprend à lâcher un instant les joysticks de la manette pour prendre les claques visuelles comme il se doit, ou à zoomer béatement sur le moindre détail, comme cette couche de neige dont chaque flocon brille sous la Lune. Cerise sur le gâteau, la météo – qui tour à tour vous fait tomber sur la gueule une pluie battante, puis vous jette sans ménagement dans une énorme tempête de sable. Bref, un monde à part entière dont on n’a toujours pas découvert la moitié après 15 heures de jeu.

Pour explorer ces vastes étendues, on incarne Aloy, paria isolée de sa tribu depuis sa plus tendre enfance et transformée en véritable machine à tuer par son père adoptif. Maligne, drôle et foncièrement badass, elle fera fermer leur bouche une bonne fois pour toute à ceux qui se plaignent d’avoir trop de personnages féminins dans les jeux. Sur une Terre peuplée de machines toutes plus brutales les unes que les autres, Aloy cherchera à lever le voile sur son passé et, du même coup, sur celui d’une humanité terrassée par ces mêmes machines 1 000 ans plus tôt. Une quête initiatique aussi riche qu’intéressante, qui propose au joueur un audacieux mélange préhistoire/futur en partie souligné par le Focus (petit dispositif accroché à la tempe d’Aloy et qui permet de passer en réalité augmentée, en gros).

Un monde aussi riche que beau

Comme dans tout open world qui se respecte, la quête principale est loin d’être la seule chose à faire dans le vaste monde proposé par Horizon : Zero Dawn. Si les quêtes annexes ne vous emmènent pas au bout du kif vidéoludique comme dans un Skyrim ou un Fallout, elles ont l’intérêt de vous faire explorer toutes les facettes du gameplay et de donner une épaisseur sociale et scénaristique au jeu.

Religion, tribus, familles, économie : la map est sillonnée d’intérêts divergents et d’histoires personnelles intéressantes dans lesquelles on prend plaisir à “perdre son temps” pendant des heures, quitte à acquérir de l’expérience un peu trop rapidement. Dans la même veine, des camps infestés de bandits aux sessions de chasse en environnement hostile, les multiples défis vous permettront de pousser au maximum la maîtrise de l’arc (votre nouveau meilleur ami), tout en débloquant de nouvelles zones (coucou le Pavillon des chasseurs).

On regrettera peut-être la légère timidité du système de craft et d’équipement, pas vraiment à la hauteur des autres aspects très poussés du gameplay. S’il est possible d’améliorer ses armes et son armure en remplissant les emplacements de l’inventaire avec des bonus trouvés en chemin, se retrouver avec un équipement hyper poussé au bout de quelques heures de jeu est relativement simple. Un peu timide donc, mais pas dégueu pour autant.

Tyrannosaures en métal

“On va faire à la fois préhistoire et futur ! Du coup ça donne quoi ? Des dinosaures robots ! Yeaaah !” Voilà à quoi devait ressembler le premier brainstorming des équipes de Guerrilla Games. Et le résultat est assez ouf, pour ne pas dire carrément incroyable : si l’environnement du jeu est plus que réussi, c’est bien sa faune métallique qui le transporte dans une toute autre dimension. Dès l’intro, celle-ci s’impose au joueur : après avoir fracassé quelques vélociraptors du turfu, le jeu vous met face à face avec un tigre à dents de sabre gros comme un bus. Un petit avant goût brutal de ce qui vous attend au cours des quelque 60 heures de jeu nécessaire pour finir le jeu.

La variété des créatures, leurs secrets, leur réalisme et leur intelligence artificielle poussée les fait passer du simple stade de monstres de métal à celui d’adversaires redoutables. La plupart d’entre elles sont ainsi dotées d’un arsenal spécifique (dont on peut les priver à coups de flèches, afin de les retourner contre elles) et s’en servent à merveille pour vous découper en morceaux.

Courez dans une seule direction pour éviter ses tirs et la créature anticipera votre course pour vous envoyer une salve de rayons plasma à l’endroit où elle pense que vous vous trouverez la seconde d’après. Il faut se montrer malin, imprévisible, tout en visant les failles dans leur armure. Un système qui peut paraître un peu compliqué à prendre en main, mais qui se laisse assez rapidement maîtriser, en partie grâce aux subtilités de gameplay, comme la possibilité de ralentir le temps au moment de tirer.

Aloy est une chasseuse. Et comme pour tout chasseur qui se respecte, il va falloir éviter de foncer bêtement sur sa proie. Étudier les géants de métal, repérer leurs points faibles grâce au Focusles approcher discrètement dans les hautes herbes, pirater leur système pour les amener à se battre pour vous ou pour monter dessus… Mille manières de les aborder qui rendent chaque combat unique et procure une satisfaction viscérale lorsque le carnage prend fin – avec vous au milieu de carcasses fumantes.

La seule critique que l’on peut faire au système de combat concerne les ennemis humains : on regrette un peu que la redoutable IA des créatures ne leur ait pas été appliquée et qu’ils en soient réduits au rôle de simples pions déambulants et cons comme leurs pieds. Ça et le système de craft, mais c’est vraiment pour chipoter, tant le titre délivre toutes ses promesses et prend de nouvelles dimensions toujours plus jouissives, à mesure que le joueur se familiarise avec ses mécanismes. À choper d’urgence.