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Hommage au charme magnétique de Michael Fassbender

Hommage au charme magnétique de Michael Fassbender

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Par Thomas Andrei

Publié le

Michael Fassbender est le roi Macbeth dans l’adaptation de Justin Kurzel. L’occasion de revenir sur la carrière de l’acteur en images.  

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Michael Fassbender fait partie de ces acteurs qui ont fait leur entrée dans votre vie soudainement, sans prévenir. Rien à voir avec Leonardo DiCaprio, que vous avez vu évoluer à l’écran, de Titanic à The Revenant.

Aussi charismatique qu’il puisse vous sembler à présent, Michael Fassbender a dû se battre pour figurer sur le “Mont Rushmore des acteurs d’aujourd’hui”, comme l’a joliment tourné Jason Reitman.

Avant la trentaine, l’Irlando-Allemand n’était qu’un acteur pour la télévision. Pour lancer sa carrière, il a dû réaliser deux exploits que la plupart d’entre vous n’auraient jamais eu le courage d’essayer : faire une grève de la faim et jouer un nazi.

Alors que Macbeth est sorti le mercredi 18 novembre sur les écrans français, nous avons voulu en profiter pour porter un regard attendri sur sa prolifique carrière.

Les débuts

Michael est né le 2 avril 1977 à Heidelberg, dans le Bade-Würtemberg, en Allemagne de l’Ouest d’un père allemand et d’une mère irlandaise du Nord, liée au leader révolutionnaire irlandais Michael Collins. Deux ans plus tard, la famille déménage en Irlande. Si c’est à l’âge de 17 ans que Michael décide de devenir acteur, il a attendu jusqu’à ses 24 ans pour essayer de trouver la gloire dans Band of Brothers, la mini-série épique sur la guerre réalisée par Tom Hanks.

Sur le tournage, il fait la rencontre d’excellents acteurs dont beaucoup allaient devenir célèbres comme Damian Lewis, Simon Pegg, Tom Hardy et son futur ennemi dans X-Men, James McAvoy. Son personnage de Sergent “Pat” Christenson était plutôt discret et il doit attendre encore 7 ans avant de percer sur grand écran.

Il fait ses débuts au cinéma dans 300 et dans Angel, un film de François Ozon sur l’écrivaine Elizabeth Taylor. N’ayant pas réussi sa transition vers Hollywood, Michael semblait alors condamné à une gloire éphémère et il se retrouva à jouer dans des films d’horreur comme Eden Lake ou Blood Creek de Joel Schumacher.

Le premier était une sorte de film d’horreur indépendant, à l’esthétique aussi élégante qu’effrayante. On y retrouvait Kelly Reilly de True Detective et Thomas Turgoose de This Is England dans un rôle tortionnaire d’adolescent détraqué.

Michael et Steve

Finalement, le cinéma indépendant l’emporte contre le cinéma commercial. En 2009, avant d’être à l’affiche de Fish Tank, acclamé par la critique, Michael Fassbender avait accepté le rôle de Bobby Sand, héros de l’IRA et gréviste de la faim. L’interprétation de l’irlandais Fassbender dans ce film – sa première collaboration avec le cinéaste Steve McQueen — aurait pu lui valoir un Oscar, s’il avait été plus connu. Et si le thème du film était moins polémique…

Pour jouer dans Hunger, Fassbender a dû perdre 14kg, jusqu’à ce qu’il ne pèse plus que 58 kg, le poids que pesait Bobby Sands à sa mort. À l’époque, l’acteur raconte au Irish Times :

J’avais l’impression d’être anorexique. J’étais obsédé par la nourriture et les calories. Perdre ce poids, c’était important pour moi, pour rendre justice au rôle.

J’étais surveillé par une équipe médicale. Mais en arrivant aux deux derniers jours de tournage, je me suis sérieusement demandé si je pouvais finir. J’ai failli craquer.

Si ce rôle a lancé la carrière de Fassbender, il a aussi été le point de départ d’une histoire d’amour professionnelle avec le réalisateur Steve McQueen. Après un tel dévouement, le réalisateur londonien ne pouvait que refaire appel aux services du charmeur roux. En 2011, il l’appela pour lui demander de montrer son sexe dans Shame.

Dans ce film, Michael Fassbender incarne un homme méchamment accro au sexe, qui se masturbe au bureau et tripote des femmes dans des pubs pendant que leurs copains jouent au billard juste à côté. Son interprétation est si puissante qu’on se sent d’abord proche de lui, puis dégouté, avant d’éprouver une étrange empathie à son égard à la fin du film.

Deux ans plus tard, les choses avaient changé, même si chaque fois qu’on voit Fassbender à l’écran c’est comme retrouver son oncle préféré ou le copain sexy de sa mère. Dans 12 Years A Slave, son rôle de méchant était aussi difficile que le film. Il y joue Epps, un horrible propriétaire d’esclaves. Mais, même s’il violente Patsey, le personnage joué par Lupita Nyong’o, Fassbender n’est pas un méchant dans la vraie vie. Il dit même que le film “l’a fait pleurer”.

Michael voyage dans le temps

Avant de visiter les plantations de coton de la Louisiane de 1850, Fassbender avait déjà beaucoup voyagé. Ses origines irlando-européennes, sa barbe rousse et ses rides séduisantes lui donnent cet air intemporel de voyageur européen. Ce qui l’amènera d’ailleurs à jouer le Roi d’Écosse.

Il a même visité des époques encore plus lointaines, à ses débuts, en incarnant un impitoyable soldat Spartiate à la coupe de cheveux un peu gênante dans 300 de Zack Snyder. Là aussi, Fassbender aurait pu se laisser enfermer dans un registre historique, puisque 3 ans plus tard, il jouait dans Centurion, un film dont l’action se déroulait en 117 apr. J.-C.

Heureusement que Michael a un bon agent qui s’est mis à poursuivre Quentin Tarantino quand il a entendu que celui-ci préparait un film sur la Seconde Guerre mondiale. Après avoir joué un obsédé des nazis dans Blood Creek, Fassbender était parti pour “jouer le colonel nazi Hans Landa”, a-t-il déclaré à AskMen.

Mais Tarantino a vu une correspondance entre son profil irlando-allemand et le rôle d’agent double du Lieutenant Archie Cox, un rôle par lequel a peut-être commencé votre histoire d’amour avec l’acteur. Vous n’êtes pas sans savoir que Michael et Diane Kruger jouent ensemble dans la meilleure scène du film — sûrement l’une des meilleures de Tarantino depuis longtemps.

Il rebroussa ensuite chemin d’un siècle pour jouer dans l’adaptation de Jane Eyre, le classique de Charlotte Brontë, par Cary Fukanaga, ce qui lui a ouvert les portes du casting de A Dangerous Method de David Cronenberg. Dans ce film de 2011, largement sous-estimé, Michael incarne Carl Gustav Jung, fondateur de la psychologie analytique.

Le film est si lent que la plupart des gens ne l’ont pas aimé. Mais on y trouve de belles confrontations avec Freud, joué par l’impeccable Viggo Mortensen, mais aussi, ce qui n’est pas sans importance, des scènes de bondage avec Keira Knightley. Le personnage de Shame pointait le bout de son nez.

 Michael est-il devenu mainstream ?

Bien loin des digressions psychanalytiques de Cronenberg, Fassbender est désormais une superstar. On pourrait même se demander s’il n’est pas devenu mainstream, bien qu’il n’ait pas joué dans tant de blockbusters que ça.

Depuis 2011, Michael est devenu Magneto dans X-Men de Matthew Vaughn. Après deux premiers volets, X-Men : Apocalypse sortira en 2016. Le meilleur de la saga est celui où Magneto est un chasseur de nazi qui boit de la bière et élimine ses anciens tortionnaires réfugiés en Amérique du Sud. Encore une fois, les origines germaniques de Fassbender ne sont pas sans incidence sur son succès.

Personne n’oserait discuter son côté robotique dans Prometheus. Si le sequel d’Alien par Ridley Scott n’a pas conquis le cœur de ses fans, l’interprétation de David par Fassbender — un androïde qui rappelle le caractère humain de Hal dans 2001, l’Odyssée de l’espace – vaut le détour. Avant de revenir dans le prochain Prometheus, dans lequel il ressemblera encore à un membre de Kraftwerk, Michael va jouer dans son deuxième plus gros blockbuster : Assassin’s Creed.

L’adaptation du jeu vidéo d’action et d’aventure est réalisée par Justin Kurzel, le réalisateur de Macbeth et on y retrouve Marion Cotillard, ce qui pourrait lui donner une touche indie et élégante.

Michael sera également à l’affiche du prochain film de Terrence Malick, ce qui devrait dissiper l’aura mainstream qui l’entoure. Finalement, Michael Fassbender a la classe, quel que soit le budget du film dans lequel il joue. C’est peut-être à ça qu’on reconnaît les grands acteurs. C’est d’ailleurs ce qu’a dit Steve McQueen de lui dans une interview au Guardian de 2012 : 

Il n’y a aucun acteur comme Michael en ce moment. Et il n’y en a pas eu depuis Marlon Brando. Il a une fragilité et une féminité, mais aussi une masculinité qui touchent les gens.

Vous n’êtes pas en admiration devant lui, vous êtes avec lui. Il vous amène dans son rôle. Et c’est que l’on attend d’un acteur. On veut que les gens le regardent, et qu’ils se voient dans son image.

San-Goku style in 'X-Men: First Class.' (Photo: Marvel Entertainment)
En mode Goku dans X-Men: First Class. (Photo : Marvel Entertainment)