Avec un show engagé et enragé, A Tribe Called Quest a retourné la scène des Grammy Awards

Avec un show engagé et enragé, A Tribe Called Quest a retourné la scène des Grammy Awards

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Par Sophie Laroche

Publié le

Le 12 février se déroulait la première cérémonie des Grammy Awards sous la présidence Trump. Une soirée qui fut l’occasion pour certains artistes d’afficher leur engagement politique sur scène. Au milieu des hommages et des mises en scènes grandiloquentes, A Tribe Called Quest en a profité pour livrer une performance politique mémorable.

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Le groupe originaire du Queens – grand absent des nominations en raison de la sortie trop tardive de son dernier album, We Got It From Here…Thank You For Your Service, en novembre dernier – n’est pas passé inaperçu lors de la 59e cérémonie des Grammy Awards, le 12 février. Le collectif n’a pas manqué de rendre hommage à Phiphe Dawg, disparu en mars 2016.

Commençant de manière classique (par l’interprétation de morceaux, comme “Movin Backwards”issus de leur dernier LP), la prestation des rappeurs a pris une tournure des plus engagées quand Anderson .Paak, nommé dans la catégorie “best urban contemporary album” pour Malibu, et Busta Rhymes les ont rejoints sur scène.

Rhymes a alors commencé une diatribe à l’encontre de celui qu’il nomme le “president agent orange”, qu’il remercie ironiquement pour le mal qu’il a causé aux États-Unis et pour la tentative ratée que constitue le muslim ban, avant d’enchaîner avec le morceau We the People issu, lui aussi, du dernier album du groupe. Les membres du crew ont profité des premières notes pour détruire un faux mur, accompagnés d’une femme voilée, dans une mise en scène riche en symboles.

Un morceau politique et révolté

We the people apparaît, sous l’ère Trump, comme un appel à la résistance. Le titre du morceau fait d’ailleurs référence au préambule de la constitution américaine. Le temps d’une interprétation, le groupe balaye toutes les problématiques sociales de l’Amérique actuelle qu’on croirait pourtant sorties d’un autre temps : brutalité policière, discrimination raciale et religieuse, inégalité des sexes… Toutes les minorités sont représentées puisque le groupe dénonce le traitement des Noirs, des Mexicains, des pauvres, des musulmans, des gays ou des femmes, à travers des paroles comme “Dreaming of a world that’s equal for women with no division” (“Rêver d’un monde qui serait égal pour les femmes, sans divisions”), ou encore le puissant couplet de Q-Tip dénonçant le discours des conservateurs :

“All you Black folks, you must go

All you Mexicans, you must go

And all you poor folks, you must go

Muslims and gays, boy, we hate your ways.”

Des paroles dont l’écho est particulièrement puissant à l’époque du muslim ban et de la Marche des femmes, et dont la pertinence fut renforcée par une mise en scène réfléchie, mêlant références historiques et éléments visuels marquants. Ainsi, le groupe n’a pas hésité à reproduire le poing levé des Black Panthers et à inviter sur scène les représentants de ces communautés malmenées.

La performance s’est terminée par de puissants “Resist !” proclamés par Q-Tip, l’appel à la persévérance que l’on peut entendre dans les mobilisations anti-Trump.