AccueilArchive

Seydoux, Cotillard, Laurent : le mépris de la France à l’égard de ses actrices

Seydoux, Cotillard, Laurent : le mépris de la France à l’égard de ses actrices

Image :

(Capture d’écran de Juste la fin du monde, dernier film de Xavier Dolan)

avatar

Par Louis Lepron

Publié le

Seydoux : une critique des origines à sens unique

“Quand j’étais enfant, on m’identifiait d’abord comme ‘le fils du monsieur qui fait du cinéma’. Ça implique plus de problèmes pour trouver sa propre identité. Du coup, j’ai toujours été contre : je ne voulais pas travailler avec les mecs de sa génération, je chiais sur la Nouvelle Vague…”.

À voir aussi sur Konbini

Mais voilà une critique qu’on ne lui a pas éternellement fait subir. Les rôles ont passé et Vincent Cassel a construit sa propre identité, son terrain d’acteur. Personne ne lui a jamais reproché d’être dans La Haine, de jouer au fou dans Dobermann, d’incarner “le renard de la nuit”‘ dans Ocean’s Twelve, un professeur de danse autoritaire dans Black Swan et de se taper une jeunette dans Un moment d’égarement.
Léa Seydoux traîne cette “casserole sociale” depuis ses débuts, en 2006 : à chaque film, surtout lorsqu’il est américain, elle en prend pour son grade. Paradoxalement, le focus sur son jeu (qu’elle soit talentueuse ou non, là n’est pas la question) est mis de côté, qu’elle soit choisie par Christophe Honoré (La Belle Personne), Bertrand Bonnello (De la guerre), Tarantino (Inglourious Basterds), Ridley Scott (Robin des Bois), Brad Bird (Mission Impossible : Protocole fantôme), Abdellatif Kechiche (La Vie d’Adèle), Wes Anderson (The Grand Budapest Hotel) ou encore Sam Mendes (Spectre).
Comme disait François Truffaut, “tous les Français ont deux métiers : le leur et critique de cinéma.” Pour une actrice comme Léa Seydoux, pas besoin : généalogiste suffit.

Cotillard : une réussite résumée par une scène

Pour Marion Cotillard, c’est le cas : la mal-aimée du cinéma français, pourtant conduite par Jacques Audiard, Xavier Dolan ou encore Michael Mann, est toujours injustement réduite à une seule et unique scène : celle de sa mort dans The Dark Knight Rises, de Christopher Nolan.

D’une, il est illogique de résumer une carrière entière à un souffle de cinq secondes joué avant de quitter (fictivement) ce monde. De deux, peu ne viennent remettre en cause le travail déplorable de Christopher Nolan dans le cadre du tournage de cette scène : n’est-ce pas lui, grand réalisateur à qui l’ont doit autant Inception que Memento, de maîtriser son film, de refaire des prises jusqu’à ce que la perfection soit atteinte ? Mais non, c’est plus simple : lorsqu’il s’agit de médire sur tel ou tel élément d’un film, c’est le souvent le jeu des actrices qui est décrié.
Paradoxalement (bis), Marion Cotillard est assurément l’actrice française qui a eu la plus belle carrière à Hollywood. Oubliez Carole Bouquet, Sophie Marceau : elles ont toutes séché aux portes de Los Angeles. Avec Big Fish (Tim Burton), Public Enemy (Michael Mann), The Dark Knight Rises (Christopher Nolan), The Immigrant (James Gray), Contagion (Steven Soderbergh), Minuit à Paris (Woody Allen) et bientôt Allied de Robert Zemeckis, Marion Cotillard représente le succès et une certaine idée de la France, distinguée, charmeuse, talentueuse, découverte par les Américains depuis son rôle et son Oscar reçu pour La Môme.
Mais en France, être prophète en son pays est sacrément difficile, surtout quand on est une femme qui a du succès à l’international. On va préférer analyser sa façon de parler, son “arrogance”, ses déclarations ou sa vie privée. Son jeu d’acteur ? Non, bien sûr que non.
Interrogé sur la bourde de Léa Seydoux dans l’émission de Laurent Ruquier On n’est pas couché, ce samedi 22 mai, Xavier Dolan a répliqué :

“Les gens ont un mépris systématique pour Léa [Seydoux, ndlr] et Marion [Cotillard, nldr] parce qu’elles ont du succès, parce qu’elles voyagent, qu’elles tournent avec des metteurs en scène connus.”