Les musiciens sont trois fois plus enclins à la dépression et l’anxiété, selon une étude

Les musiciens sont trois fois plus enclins à la dépression et l’anxiété, selon une étude

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Par Rachid Majdoub

Publié le

À ce jour, il s’agit de la plus grande étude sur le sujet au Royaume-Uni. Menée par l’université de Westminster pour l’association Help Musicians UK, elle tire la sonnette d’alarme sur ces professionnels de la musique surexposés à la dépression et l’anxiété. 

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“Travailler dans l’industrie de la musique pourrait en effet rendre les musiciens malades” : si la musique est souvent associée à des troubles mentaux chez ceux qui en ont fait leur vie, il manquait une preuve chiffrée qui démontre et explique cette relation.

Une étude conduite par l’université de Westminster pour Help Musicians UK, une association d’aide et d’assistance aux musiciens britanniques, montre que les musiciens et autres acteurs de l’industrie du disque sont trois fois plus enclins à la dépression et à l’anxiété que la moyenne. Titrée “La musique peut-elle vous rendre malade ?”, elle est introduite ainsi, par Sally Anne Gross et George Musgrave, en charge des recherches :

“La rhétorique romantique du musicien torturé est enracinée dans l’histoire occidentale de la musique populaire, des compositeurs classiques comme Schumann, Mahler et Rachmaninov jusqu’au mythe persistant des rock stars tragiques telles que Janis Joplin, Kurt Cobain et Hendrix.”

On peut ajouter à cette liste d’artistes, Adele, qui vient de faire part de son caractère dépressif, ou Kid Cudi, qui s’est récemment exprimé, dans une lettre ouverte, sur la dépression et les troubles suicidaires qui le rongent, avant d’aller en centre de désintoxication.

À lire -> Kid Cudi : “Je suis entré en centre de désintoxication pour dépression et pulsions suicidaires…”

65 % des sondés sont ou ont été dépressifs

Via un questionnaire à remplir en ligne en mai et juin 2016, l’étude s’est portée sur 2 211 musiciens et professionnels de la musique britanniques (auteurs, producteurs, membres de groupe, rappeurs, DJ’s, managers…). Il s’agit de la plus grande enquête à ce jour sur le sujet, au Royaume-Uni.

Parmi les interrogés, 71 % ont déclaré avoir souffert d’anxiété et de crises de panique, 65 % ont confié être ou avoir été touchés par la dépression. À titre comparatif, 19 % de la population du Royaume-Uni, âgée de plus de 16 ans souffre d’anxiété, de dépression, ou des deux, selon les dernières données officielles du pays, citées par l’étude.

“Ce n’est pas la musique qui me rend malade”

Conditions de travail modestes, charge de travail importante, fatigue, problèmes physiques et avenir incertain sont les principales causes de ces troubles mentaux chez les professionnels de la musique. S’ajoute à ça la part de femmes concernées, souffrant du regard familial ou du sexisme qui touche le milieu.

Deux déclarations de personnes ayant répondu au questionnaire : 

“Ma dépression s’est aggravée en essayant d’exister en tant que musicien. Rarement, la musique jouée a été préjudiciable à ma santé, bien au contraire… mais l’industrie et les pressions socioéconomiques… en font une industrie de merde où il faut essayer de gagner sa vie.”

“Ce n’est pas la musique qui me rend malade. C’est le manque de support auquel on est confronté lorsque l’on fait quelque chose qui n’est pas considéré comme du ‘vrai travail’.”

L’objectif de l’étude est de poursuivre et mieux mener l’accompagnement des professionnels de la musique avec la mise en place à partir de 2017 d’un service d’accompagnement psychologique.

Kurt Cobain qui chante la déprime.